N'étant pas un amateur de Fatih Akin je découvre cette œuvre un peu comme une initiation au réalisateur turc allemand. J'avais vu "Soul kitchen" il y a des années mais je n'en avais pas conservé un souvenir indélébile même si je ne peux pas dire qu'il était mauvais.
Ce qu'on remarque entre "Der goldene Handschuh" et "Soul kitchen" c'est l'importance des personnages chez Fatih Akin, même les personnages secondaires sont développés et ils ont leur importance dans le déroulement de l'intrigue et dans l'atmosphère générale du film. Ainsi dans ce long-métrage vous ferez la connaissance de Norbert le SS qu'on voit dans la bande-annonce. Il est aussi patibulaire qu'odieux mais c'est un personnage pour lequel on ne peut s'empêcher de ressentir une certaine sympathie. C'est aussi ça la force de Fatih Akin: la sympathie naturelle qu'il arrive à faire ressentir au spectateur envers les personnages.
L'autre point fort de cette œuvre violente c'est l'ambiance des années 70 dans l'Allemagne des bas-fonds qui est parfaitement retranscrite. Tout a été travaillé impeccablement pour immerger le spectateur, la musique, les décors, les vêtements, etc. L'ambiance du film est aussi parfaite, les éclairages du bar, le maquillage des acteurs qui les a rendu laids comme des poux, spécialement Jonas Dassler qu'on ne reconnaît plus du tout. Une ambiance crade, sombre, presque lugubre et angoissante. Il y a un côté un peu gênant aussi car on est au milieu d'un repère de cas sociaux, c'est la réunion des alcooliques pas anonymes et qui ne font rien pour se soigner. Ça sue l'alcool, ce dernier a une place centrale tout au long du film
puisque c'est à cause de son addiction que Fritz Honka pète les plombs et en arrive toujours au même résultat.
Les acteurs sont merveilleux, ils ont fait un gros travail. Jonas Dassler est méconnaissable, il est réellement Fritz Honka, il incarne parfaitement son personnage.
Le point négatif du film est la répétition, on suit simplement une série de meurtres. Il y a des moments assez crus qui n'apportent pas grand chose mais qui rendent le personnage de Fritz Honka encore plus mystique et poisseux.
Le moment où Honka arrête de boire pour trouver un nouveau travail a le mérite de relever le film et nous révèle une nouvelle facette du personnage, un personnage honnête, plein de bonne volonté et qui sait se tenir et prendre soin de son apparence quand il est sobre.
La fin du film m'a beaucoup plu, une sorte de pied de nez à la société, comme un rappel qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Et cette musique fabuleuse qui vient clore le film "Wir sind jung, wir sind frei" de Stein Ingebrigsten qui sent bon les années 70 et l'insouciance.
"Der goldene Handschuh" est à mi-chemin entre "Schizophrénia le tueur de l'ombre" et "Maniac" mais avec un côté plus populaire, sympathique qui marque la patte de Fatih Akin.