Ben Young voit Love Hunters comme un thriller psychologique anglé sur la dépendance amoureuse et les extrémités vers lesquelles elle peut conduire en privant l’autre de liberté. Le cinéaste développe : "Dans ce sens, mon film est une anti love story, parce qu’il explore la part sombre d’un rapport amoureux. Qui n’a pas fait – évidemment pas jusqu’au degré des personnages de Love Hunters - l’expérience d’une relation tellement fusionnelle, qu’on finit par s’y perdre, se nier ? J’ai voulu montrer le versant opposé au point de vue optimiste des comédies romantiques. Ça me paraît plus proche de la réalité…"
La mère de Ben Young est écrivaine de romans policiers et lui a souvent fait lire des livres parlant d'authentiques affaires dont elle s'inspirait pour les siens. C'est là que le réalisateur a développé un intérêt pour les femmes meurtrières, qui tuent pour des raisons plus complexes que les hommes. "Les hommes, c’est généralement lié au sexe ; elles, beaucoup plus rarement. En revanche, dans leur cas, c’est assez souvent par amour. C’est encore plus vrai quand il s’agit de tueuses en série, qui dans la plupart des cas assistent leurs maris ou amants", explique Ben Young.
Ben Young ne voulait pas faire un énième film sur des personnes horribles commettant des actes atroces, ni emmener Love Hunters sur le terrain de la morale ou de la rédemption. Il justifie ce choix : "Si j’étais parti d’un cas réel, je n’aurais pas eu la liberté de pouvoir entrer dans la tête des personnages comme je le voulais. Ni, sans doute, la possibilité – et c’était le pari du film - de faire d’Evelyn un personnage empathique, parfois vulnérable : aucune tueuse sur laquelle j’ai eu de la documentation ne l’était vraiment, toutes étaient décrites comme des monstres."
A l'origine, Ben Young voulait qu'Evelyn soit au centre du film dès le départ, mais les premières ébauches du scénario mettaient mal à l’aise les gens les ayant lues parce qu''ils n'arrivaient pas à sympathiser avec ce personnage. Le cinéaste a alors décidé de faire en sorte que la première partie du film se focalise sur Vicki et bascule ensuite sur Evelyn.
Comme de nombreux films australiens, Love Hunters se déroule dans une banlieue pavillonnaire. Ben Young a fait ce choix parce ces quartiers avaient une vraie vie de voisinage lorsqu'il les a connus dans les années 1980 - 1990 : "Les gens passaient leur temps les uns chez les autres, et comme il fait beau les trois quarts de l’année, tout ce monde se retrouvait dans les jardins et les cours des maisons. Du coup, on n’en sortait pas vraiment, la banlieue était un univers qui nous contentait et nous suffisait. Je crois que les cinéastes qui ont grandi dans ce contexte y sont restés particulièrement attachés", se rappelle-t-il.
Avec Love Hunters, Ben Young n'a pas voulu faire un film d'horreur mais un thriller psychologique. C'est pour cette raison qu'il n'a pas cherché à accentuer la violence graphique. Le metteur en scène précise : "Je ne voulais pas que les gens parlent de Love Hunters en disant "Oh mon dieu, tu as vu cette horrible scène de viol !" mais qu’ils restent concentrés sur les personnages. Evidemment, ça reste un film violent en soi, mais essentiellement sur le plan psychologique. Pour ce qui est de la tension, je suis allé à l’inverse de ce qui se fait actuellement, où les scènes sont de plus en plus rapides."
Ben Young a voulu dès le départ qu’Evelyn soit jouée par Emma Booth parce qu’elle lui semblait incarner à la perfection la métaphore de ce rôle : l'actrice étant un top modèle très connu en Australie, le cinéaste adorait l'idée que des spectateurs voient le film avec cette image en tête et se retrouvent face à un personnage aussi dérangé "à l’intérieur".
Une des raisons du choix de Stephen Curry dans le rôle de John réside dans le fait qu'il s'agisse d'une vedette très populaire en Australie pour ses rôles dans des comédies à la télévision. Ben Young confie : "Stephen m’enlevait une épine du pied : il m’aidait, au moins en Australie, à mieux faire accepter l’idée que Vicki puisse monter dans la voiture d’un total inconnu - c’était quelque chose de courant dans les années 80 mais beaucoup moins aujourd’hui. Avoir recours à quelqu’un de si célèbre et surtout de si apprécié par les australiens donnait une solution au problème."