L'Affranchie est le premier long-métrage réalisé par Marco Danieli.
Le réalisateur Marco Danieli et son scénariste Antonio Manca ont choisi d'ancer leur intrigue chez les témoins de Jéhovah, une communauté rarement évoquée au cinéma :
"J’ai essayé d’être rigoureux dans la représentation des Témoins de Jéhovah en mettant en scène un monde qui soit le plus réaliste possible. Pour y parvenir, le scénariste Antonio Manca et moi-même avons fait un important travail de recherche, nous avons rencontré des Témoins de Jéhovah et des exclus de cette communauté, et nous avons également fait des repérages dans les « salles du Royaume » pour nous assurer que notre scénario correspondait bien à la réalité", indique le réalisateur.
Le titre original italien de L'Affranchie est La Ragazza del mondo (La fille du monde). Ce terme est utilisé par les témoins de Jéhovah pour désigner ceux qui ne sont pas de leur communauté. Dans le film, Giulia, interprétée par Sara Serraiocco, en fait partie et souhaite s'en défaire à travers sa relation avec Libero, un "garçon du monde."
L’identité, la construction de la personnalité, le rapport entre les individus et la collectivité sont des thèmes qui ont toujours intéressé le réalisateur Marco Danieli. L’orthodoxie religieuse était un contexte idéal pour les approfondir, selon le cinéaste, car la manifestation de la volonté individuelle ne peut que s’opposer, inévitablement, aux superstructures éthiques et à la pensée de toute communauté :
"L’amour que la protagoniste, Giulia, éprouve pour Libero, un jeune homme au passé difficile, va la pousser à rechercher sa propre personnalité, mais ce ne sera pas là le point d’arrivée de son parcours, ce ne sera que le catalyseur du changement qui va s’opérer en elle. Giulia ne parviendra à une véritable émancipation qu’au moment où elle apprendra à compter sur ses propres forces. Ce film parle en effet d’une jeune fille qui devient une femme", explique le metteur en scène.
Marco Danieli évoque sa manière d'appréhender la mise en scène dans L'Affranchie :
"Si d’une manière générale, le jeu des acteurs et la photographie sont réalistes – les plans tournés caméra à l’épaule contribuent à renforcer ce sentiment -, dans de nombreux cas, j’ai fait des choix de mise en scène plus tranchés et explicites non pas dans une optique maniériste, mais afin d’ajouter plus de lyrisme à certaines scènes, d’en doser les émotions, d’en augmenter le suspens ou le caractère dramatique. Voilà pourquoi il arrive parfois qu’un travelling vienne se substituer à la caméra à l’épaule, ou que la musique diégétique se transforme en musique extra-diégétique, le son étant shunté et le montage se faisant plus expressif."