The Last of Us est un film peu commun dans le paysage cinématographique tunisien. Il s'agit du premier long métrage de fiction de son auteur ainsi que du premier long métrage de fiction produit par les quatre sociétés de production. C'est aussi une oeuvre autofinancée (faute de trouver des financements tunisiens extérieurs), sans dialogues, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire. Reposant sur une part d'improvisation et une équipe réduite (12 personnes), le tournage de The Last of Us d'une durée de 28 jours a été complexe.
The Last of Us s'inscrit dans la continuité de la filmographie d'Ala Eddine Slim. Dans son segment réalisé pour le documentaire Babylon, il était déjà question de "la problématique des frontières, les territoires imaginaires, la solitude contemporaine, l’errance, la traversée, la nature humaine sous toutes ses facettes, le réalisme magique, l’éphémère, la disparition, la mutation, etc.", explique-t-il.
Au centre de The Last of Us se trouve le phénomène des traversées maritimes illégales vers la rive nord de la Méditerranée. Si certains réussissent à survivre à la traversée, d'autres périssent tandis que certains sont portés disparus. C'est le cas du personnage principal du film : "N est présent par sa forme fantomatique, il est déjà voué à une mutation. Les frontières n’existent pas, il n’y a qu’un territoire à partager, celui de l’imaginaire. Effectuant un long voyage, N se retrouvera dans un pays dont il ignore la langue et les gens. Ce pays n’est qu’une sorte de pont de transition qui s’avérera plus compliqué que ça [...]", développe le réalisateur.
La deuxième partie du film se déroule à Tunis. Le réalisateur décrit cette ville comme "une petite « capitale », assez sombre la nuit et où la vie nocturne se passe dans des ruelles ou dans des endroits clos. Une froideur singulière caractérise la ville, les rencontres sont très spéciales, la bulle de la consommation sauvage gagne le terrain et à plusieurs endroits il y a des écrans, des enseignes, des vitrines pour faire éloigner et projeter les gens dans un monde d’ailleurs, dans un univers assez plastique et sans âme".
La deuxième partie du film met en scène le retour du personnage principal vers sa nature primaire, "une équation entre le visage humain et le paysage sauvage" selon le réalisateur. Il s'agit pour le héros de retrouver son corps disparu et de fusionner avec les formes de la vie première.
The Last of Us est le premier film de Jawher Soudani qui évolue dans le milieu du street art et possède même sa propre marque de vêtements. Face à lui se trouve l'expérimenté Fathi Akkari, metteur en scène de théâtre, acteur et formateur d’acteurs. Il a été l’un des fondateurs du groupe du théâtre organique dans les années 80 et a participé à plusieurs pièces de théâtre cultes.