Alors que l'on pensait que le dernier volet de la saga "Le Labyrinthe" était l'ultime survivant de la vague des adaptations de la littérature teen-SF, voilà que "Darkest Minds : Rébellion" sort de nulle part au coeur de l'été pour relancer le mouvement avec une nouvelle franchise basée sur la série de romans "Les Insoumis" signée Alexandra Bracken -et non Jean-Luc Mélenchon, oui, on vous a vu venir !
Un beau jour, 90% des enfants meurent à cause d'une maladie incurable au nom supra-compliquée mais donnant l'acronyme "NIAA". Les survivants, eux, deviennent des simili-Xmen en développant des pouvoirs que l'on peut catégoriser de manière bien pratique grâce à la couleur de leurs pupilles (vert, bleu étant considérés comme gérable, jaune, vite fait tolérable et orange, rouge comme à ne surtout pas énerver). Pris de panique, les adultes, symbolisés par le gouvernement US, décident d'envoyer tous ces enfants surhumains dans des camps et d'éliminer purement et simplement les plus dangereux. Emprisonnée, Ruby, une jeune "orangée", parvient à camoufler sa condition pendant six ans jusqu'à ce qu'une organisation de résistants au système, "La Ligue des Enfants" (oui, rien que ça) rentre en contact avec elle pour la faire évader....
Déjà, une bonne nouvelle : malgré son arrivée tardive, ce premier film "Darkest Minds : Rébellion" est bien plus comestible que certains de ses aînés (au hasard, les effroyables derniers "Divergente" ou "La 5ème Vague"). Il se regarde en effet sans réel ennui et son groupe de héros, bien plus attachant (et donc moins agaçant) que la moyenne, est sans doute la pierre angulaire de notre sympathie à l'égard du long-métrage. L'héroïne Ruby doit composer avec un trauma émotionnel finalement peu commun, les garçons (le love interest Liam et le sidekick intello-rigolo Chubs) font parfaitement le rôle qui leur incombe, la mimi-toute-choupinette Zu est simplement...ben...mimi-toute-choupinette et même le grand vilain a un degré de méchanceté au-dessus de la moyenne avec des plans particulièrement belliqueux, c'est dire ! Bref, globalement, "Darkest Minds : Rébellion" fait le job de manière correcte aussi bien avec les quelques scènes d'action qu'il propose que sur un terrain plus dramatique mais toujours hélas dans les contraintes du sous-genre dans lequel il s'inscrit.
C'est d'ailleurs là tout le problème, malgré ses quelques qualités qui titillent notre indulgence, "Darkest Minds : Rébellion" est le prototype même du premier volet d'une énième histoire de teen-dystopie.
Même si, à la lumière des révélations finales, quelques corrections pourront être apportées, le postulat est expédié très rapidement pour éviter d'aborder de trop nombreuses questions sur le flou de l'affaire (quelles sont les limites d'âge de la contamination ? Pourquoi, au commencement de l'épidémie, les autorités n'utilisent pas autrement les enfants intellectuellement surdéveloppés ? Comment il ne peut plus y avoir de nouveaux enfants, tout le monde est stérile ou stérilisé de force ? À quoi peut ressembler la vie des adultes vivant dans un monde sans avenir ? Et bien d'autres...). On reste toujours dans des ambitions limitées qui se contentent de dresser de succincts fondements d'un cadre dystopique pour démarrer l'action le plus vite possible en espérant que le spectateur n'y réfléchira pas à deux fois et cela devient franchement agaçant (surtout que le roman doit sans doute mieux s'y prendre).
Ensuite... Eh bien, tout ce qu'on est droit d'attendre de la recette qui a fait le succès de ce sous-genre est là, bien trop présent à chaque instant pour créer la moindre surprise.
Malgré tout le bien qu'ils nous inspirent, les personnages n'en sont pas moins des caricatures sur pattes, l'amourette qui en découle est si prévisible qu'il est impossible qu'elle nous emporte (on flippe même à l'idée d'un triangle amoureux vomitif à un moment), les forces en présence, bien ou mal, ont comme d'habitude toutes des intérêts dissimulés pour tenter de camoufler le manichéisme de l'ensemble, les révélations finales ne nous font pas tomber à la renverse, la bataille finale -même si elle n'est pas désagréable- sent le passage obligé pour servir la dose minimale d'action possible et dessiner les camps en opposition en vue de futurs épisodes... On nage ainsi en terrain archi-connu jusqu'au terme du film même si ces derniers instants tentent de jouer une carte émotionnelle spécifique au contexte pour se différencier.
Pour conclure, "Darkest Minds : Rébellion" n'est pas le représentant le plus désagréable des dystopies adolescentes mais sa fâcheuse tendance à se contenter d'appliquer les poncifs d'une formule qui a fait ses preuves auprès d'un certain public n'en font qu'un divertissement très mineur. Peut-être que les épisodes futurs changeront la donne grâce au potentiel entretevu chez ce sympathique groupe d'adolescents mais encore faudrait-il qu'ils voient le jour, rien n'est moins sûr...