Sans conteste, le dernier né de Blue Sky Studios (et premier à sortir sous le giron de The Walt Disney Company) a été incroyablement mal vendu. Pas juste parce qu'il ne présentait rien de plus qu'un énième produit formaté, mais parce qu'il a commis l'erreur de ne mettre en avant que la partie loufoque de son histoire (en tout et pour tout, un tiers du film) alors qu'il révèle dès sa scène d'introduction faire preuve de suffisamment de sérieux et de sincérité pour être classé avec surprise parmi les meilleures réalisations du studio. On lui accordera que cela lui aura permis de fonctionner sur le plan commercial, car les parents n'auraient probablement pas emmené leurs enfants voir un film qui explicite à ce point les enjeux humains (deux meurtres assez violemment suggérés, rappel constant des dommages collatéraux inhérents au travail d'espion), car c'est bien sur sa gravité que Spies in Disguise se démarque. La dangerosité de la menace n'est jamais atténuée et la mentalité joviale de nos deux protagonistes dissimulent une part de peine subtile qui leur confèrent une personnalité très attachante qui va au-delà de leurs interprètes. Quant au fameux pigeon, Les réalisateurs ont eu suffisamment de jugeotes pour comprendre qu'ils pouvaient en tirer autre chose que des blagues, juste une bizarrerie comme tant d'autres dont le petit scientifique a le secret, faisant partie intégrante de sa personne et d'une très sage leçon de morale s’insérant dans des thématiques plus globales (et même d'actualités). Cela amène tout de même à un troisième acte qui tranche avec le fond sérieux des deux premiers (même si c'est voulu), cochant toute les cases qui rappellent que le film ne sort pas des clous de ce à quoi est habitué le studio de L'Âge de Glace, mais qui est néanmoins un joli rappel à l'ordre sur ce qui est la bonne chose à faire (un message très bon à prendre dans un milieu aussi ambigu que l'espionnage). Cela ne veut rien dire au sein d'un studio qui ne touche jamais à la grandeur, mais le dernier film d'animation des années 2010 a la qualité d'être assez correct et sympathique pour encourager à ne pas perdre Blue Sky Studios de vue.