Beaucoup de remous pour une histoire figée. Si tout le film se forge sur cette fameuse corniche et ses plongeurs imprudents, le scénario se met rapidement à décrire des cercles dans l’eau. On se perd et on se noie dans la profondeur des cœurs adolescents que la réalisatrice tente de décrire. Trop de paroles en l’air, pas assez de paroles sincères.
Il y a deux histoires dans ce "Corniche Kennedy" : celle d'un petit groupe de jeunes gens, issus de l'immigration, qui s'aiment, rient, s'amusent, et surtout frissonnent en s'élançant du haut des Calanques dans la mer bleue argentée de Marseille ; celle d'une équipe de policiers qui enquêtent sur un trafiquant de drogues. Au milieu des deux, la belle et grande ville de Marseille. C'est sans doute ce qui a le plus réussi dans ce nouveau film de Dominique Cabrera. Elle filme une Marseille somptueuse et solaire, où la mer domine, jouant ainsi avec la sensibilité à fleur de peau des personnages juvéniles, dans un échange subtil de tendresse et de désirs qui, de ce point de vue, rappelle l'ambiguïté sexuelle de "Douche froide". Les jeunes gens se jettent dans le vide sidéral et le spectateur tremble à chaque fois avec eux. Le récit policier, lui, souffre, sinon parfois d'exagérations, de maladresses et donne le sentiment de ne pas être totalement abouti. Il y a quelque chose qui cloche dans ce long métrage, qui avait pourtant toutes les qualités pour emporter les spectateurs dans un récit sensible et sensuel. C'est dommage car la photographie est très belle, la musique est soignée et surtout "Corniche Kennedy" donne une place de taille à la diversité culturelle, ce qui est très rare dans le cinéma français.
Il est étonnant qu'après Réparer les vivants, une nouvelle adaptation d'un roman de Maylis de Kerangal, plus styliste que créatrice d'intrigue, soit à nouveau sur les écrans. C'est encore une réalisatrice, Dominique Cabrera, qui s'y attelle, peut-être plus sensible qu'un homme à l'écriture sensible et sensuelle de la romancière. Corniche Kennedy donne d'abord à voir une bande de jeunes qui s'amusent à défier la mort, et leur avenir, en plongeant le plus haut possible dans la méditerranée. De la hauteur pour chroniquer sans clichés Marseille, dans une version bien plus réaliste, tendre et charnelle que Plus belle la vie. Le jeu des jeunes acteurs amateurs est rugueux et donne de la matière authentique au côté d'une Lola Créton qui confirme tout le bien que l'on pensait d'elle après notamment Un amour de jeunesse. Le film se serait contenté de ces échanges sur la corniche qu'il aurait été on ne peut plus séduisant bien que manquant légèrement d'intensité dramatique. La mauvaise idée a été d'y intégrer une enquête policière aussi confuse que totalement banale faisant perdre au récit son ordonnancement poétique et revisitant à l'envi quelques poncifs attristants sur la cité phocéenne. Peuchère, le bas ne vaut vraiment pas le haut.
De Dominique Cabrera, cinéaste discrète, je n’avais vu que Le lait de la tendresse humaine (2001) que j’avais beaucoup aimé. Je ne comptais pas voir celui-ci, sorti il est vrai en toute discrétion. Mais il a suffit de l’avis d’un ami blogueur pour me donner finalement très envie. Je ne le regrette pas, j’ai trouvé le film formidable. Le scénario, adapté comme Réparer les vivants d’un roman de Maylis de Kerangal, est une petite merveille de tension et de romanesque au sein d’un groupe d’adolescents, une certaine urgence pour une belle énergie. La mise en scène est serrée, solide, précise. Les personnages sont attachants et ne sont jamais jugés. La direction d’acteurs suit le mouvement. Les jeune sont formidables, même si ce n’est parfois pas très justes pour les débutants (Kamel Kadri, qui a écrit en partie la formidable bande-son, et Alain Demaria, trouvés sur place en préparant le film, première apparition au cinéma donc). A leurs côtés quelques comédiens chevronnés comme Lola Creton, Aïssa Maïga ou Moussa Maaskri, tous très biens. Un film attachant et sensuel aussi sombre que solaire. En tout cas, une bien belle surprise que, malheureusement, peu de monde verra...
un Trio magnifique sur le fil en bord du vide . Une bande de minots qui se mesurent avec le danger de vivre . Une jeunesse aussi puissante que fragile, enfantine , tendre, finalement débordée par le réel . La partie policière est moins réussie par manque de tension élevée ,de suspens face à cette bande sans limite. Ce film lumineux est superbe capture de cette incroyable fureur de vivre universelle qui n'appartient qu'a eux. Spécial bravo à Alain De Maria et Lola Créton félins
(...) Corniche Kennedy restaure à ces jeunes marginalisés une dignité à mille lieues du sensationnel médiatique et de l'alarmisme politique, en phase avec leur énergie, dans leur façon de cultiver leur différence et leur appropriation des lieux.(...)
SOLAIRE. Etant originaire de Marseille, j'ai été très émue de retrouver ce lieu où je vais nager tous les jours de l'été, à même les rochers du Passedat.. Chaleur, soleil et bleu d'azur. Les acteurs sont des jeunes repérés dans la rue, et ont presque tous été repérés sur la corniche, dans leur élément, en train de plonger entre copains. Un film magnifique...
Très très belle histoire d'un trio d'adolescents amoureux. Un film à voir avec nos ados, en famille... c'est juste, c'est lumineux, émouvant, filmé avec une grande délicatesse et beaucoup d'amour pour la jeunesse.
Je vois dans ce film comment l'amour peut vouloir donner des ailes, donner un but à sa vie et dans un milieu où les jeunes ont fait des bêtises et atteignent maintenant l'âge où il est temps de faire un choix et celui où la vie leur appartient. La corniche est justement l'endroit d'où l'on peut tomber et se faire mal mais si le plongeon est réussi alors la balle est dans leur camp. La réalisatrice filme avec tendresse ce passage à l'âge adulte.
un joli film dans ma ville avec de jeunes acteurs qui donnent le meilleur d'eux mêmes et sont naturels. l'histoire est fréquente ici et on peut admirer notre patrimoine marin. les plongeons de Mehdi sont extraordinaires.
Corniche Kennedy raconte l'histoire d'un groupe d'adolescents qui défient la loi de la gravité en sautant du haut de ladite corniche dans les calanques de Marseille. Avec ce film, Dominique Cabrera livre un portrait plein de justesse d'une jeunesse indocile irradiée de soleil. Avec Corniche Kennedy, Dominique Cabrera prouve une fois de plus son habileté à traiter de sujets de société fortement contemporains en s’attachant à des personnages complexes. La grande force de ses portraits, c’est qu’ils ne sont ni misérabilistes ni complaisants mais plein de nuances, métissés, à l’image de Mehdi, interprété par Alain Demaria, cheveux blonds et lèvres charnues qui refuse qu’on le catégorise, sans doute le plus beau personnage du film.
Un film vibrant, généreux et minéral sur une jeunesse marseillaise qu'on ne va pour une fois pas débusquer dans les quartiers. De jeunes comédiens magnifiques dans leur jaillissement, leur grâce et leur fougue.