Romance dramatique, écrite et réalisée par Woody Allen, Wonder Wheel est un très beau film. L'histoire se déroule à Coney Island, une station balnéaire, dans les années cinquante, et nous fait suivre Ginny, une ancienne actrice lunatique devenue serveuse ayant refait sa vie avec Humpty, veuf, qui exploite un manège. Le couple vit avec Richie, le fils fruit d'une ancienne relation de Ginny, aux fortes tendances pyromanes. Seulement, la famille va se voir ébranlée par le retour de Carolina, vingt-cinq ans, la fille de Humpty, recherchée par son mari gangster. Dans le même temps, Ginny fait la rencontre de Mickey, un jeune et séduisant maître-nageur rêvant de devenir dramaturge. Mais l'homme va également croiser Carolina pour qui il va s'éprendre de sentiments. Ce scénario s'avère très plaisant à visionner pendant toute sa durée d'un peu plus d'une heure et demie. On assiste pendant tout ce temps aux difficultés rencontrées par cette famille recomposée dysfonctionnelle, dont le quotidien fait de malheurs et de disputes donne lieu à beaucoup de scènes fortes en confrontations. Au milieu de cela s'immisce une romance compliquée venant d'avantage semer le trouble et faire plonger dans les addictions les membres de la famille. Le ton se veut dramatique mais comporte aussi des touches d'humour décrochant quelques sourires bienvenus afin d'alléger ce récit assez dur. À cela s'ajoute une ambiance de fête foraine sympathique. L'ensemble est porté par des personnages appréciables ayant de nombreuses failles, interprétés par une très bonne distribution comprenant James Belushi, Kate Winslet, Juno Temple, Justin Timberlake et Jack Gore pour les rôles principaux. Tous ces individus entretiennent des rapports difficiles fait de jalousie, d'altercations, d'humeurs ambivalentes passant des cris aux réconciliations, mais également de petits moments de bonheur. Ces relations procurent quelques petites émotions, même si on aurait aimé être d'avantage touché. Ces échanges sont soutenus par des dialogues tranchants d'une belle justesse. Si le fond reste assez convenu dans ce qu'il raconte, il est sublimé par la forme. En effet, la réalisation du cinéaste new-yorkais se veut qualitative. Sa mise en scène est sobre mais rudement efficace, nous gratifiant de cadres soignés à la colorimétrie aussi variée que charmante. Surtout, elle est magnifiée par une esthétique ravissante entre des jeux de lumières colorés des plus inspirés et la photographie lumineuse due à l'environnement estival et festif où se déroule l'action. Le travail de reconstitution est lui aussi minutieusement travaillé, nous plongeant ainsi dans cette période révolue. Ce visuel somptueux est en plus accompagné par une b.o. aux titres fortement appréciables de cette époque collant parfaitement au propos. Reste une fin à la hauteur du reste du récit venant mettre un terme à Wonder Wheel, qui, en conclusion, est un long-métrage méritant grandement d'être admiré tant c'est une œuvre formellement grandiose.