Louis-Do de Lencquesaing est scénariste et réalisateur. Après Au Galop, présenté à la Semaine de la Critique en 2012, La Sainte Famille est son deuxième long-métrage. Mais Louis-Do est aussi connu pour ses nombreux rôles au cinéma, au théâtre et à la télévision. Très remarqué dans le rôle de Humbert Balsan pour Mia Hansen-Løve dans Le père de mes enfants, il est tout aussi bien apparu chez Godard, Sokourov et Assayas que chez Bonello, Giannoli ou plus récemment Bertrand Blier. Il est aussi l’avocat Eric Edelman dans Engrenages, la série à succès de Canal +. Il est également metteur en scène de théâtre.
Après Au galop, Louis-Do de Lencquesaing avait un premier scénario qui a eu l’avance sur recette sous la présidence de Paul Otchakovsky-Laurens qui a toujours soutenu son travail. "C’était un homme très fidèle. À cette époque, le film s’appelait Une année sabbatique. J’avais écrit seul et vite, avant de demander à Jérôme Beaujour de me rejoindre, et son apport a été essentiel. C’est toujours irrationnel la naissance d’un film. On croit qu’il va se faire et puis finalement non, puis finalement oui... Plusieurs acteurs ont été envisagés pour jouer Jean avant que je revienne à ma première idée, qui était de l’interpréter moi-même."
Selon Louis-Do de Lencquesaing, le tournage fut très heureux. "On allait vite, sans manquer de rien sinon d’un peu de temps parfois, et encore. Les contraintes nourrissent et appellent des solutions, des raccourcis. Tous les plans tournés sont dans le film d’ailleurs, sinon deux ou trois. Et toutes les séquences sont restées, presque dans l’ordre. Ce n’est pas si courant. Il faut dire que le scénario était ciselé, à l’os ! La musique, elle, vient pointer une émotion sans l’appuyer, juste un contrepoint qui enrichit, enfin j’espère. Romain Allender, accompagné par Alexandre Tanguy, a composé des thèmes qui tournoient autour d’eux-mêmes. Comme les anguilles peut-être."
Louis-Do de Lencquesaing choisit des gens avec qui il a envie de jouer et qui ont envie de jouer avec lui. Marthe Keller, qui joue sa mère, pour la deuxième fois, est un peu devenue sa mascotte. "Quand elle avait lu le scénario de Au galop, elle m’avait dit que le personnage était trop loin d’elle, qu’elle ne voyait pas comment elle pourrait le jouer. Mais quand il a découvert le film, son fils m’a dit que jamais il n’avait autant retrouvé sa mère à l’écran… Pour La Sainte Famille aussi Marthe a prétendu qu’elle était trop loin du personnage… Même son accent allemand « passe » très bien, sans qu’il soit nécessaire de le justifier, il renforce le côté chic de cette femme très à part. Pour la cousine, j’ai pensé à Laura Smet, que j’avais croisée très jeune dans le film de Xavier Giannoli, Les Corps impatients. J’adore son regard de loup !"
La Sainte Famille évoque avec une forme de distance, voire d’ironie, des questions très sérieuses. "Toutes ces questions de procréation, de PMA, de GPA… sont très sérieuses, mais elles se posent depuis que le monde est monde. Il y a toujours eu des couples, ou des personnes, qu’il fallait d’une manière ou d’une autre « aider » à faire un enfant. Même si alors il ne s’agissait pas de science ou de technique, comme c’est le cas aujourd’hui. Une femme qui donnait un de ses enfants à sa propre soeur qui ne pouvait pas en avoir, un enfant « adopté » par un père alors qu’il est le fruit d’un adultère reconnu ou pas… C’est ce que Jean exprime à sa manière : s’agit-il vraiment d’enjeux scientifiques ? Garder tout cela à l’esprit permet d’en parler avec une certaine distance, donc avec humour, fort de la certitude que plus c’est sérieux et plus il faut en rire. Alors, oui, La Sainte Famille est une comédie. Qui par moments se contorsionne pour raconter ce qu’elle entend raconter, comme pour échapper au piège du sérieux", explique Louis-Do de Lencquesaing.