C'est dans un hebdo féminin que Noémie Saglio a trouvé l'idée de scénario du film. Une lectrice y racontait que sa mère lui avait fait l’affront de tomber enceinte en même temps qu’elle... La cinéaste et la scénariste Agathe Pastorino ont alors fait des recherches et ont remarqué que ces cas de mères et filles enceintes en même temps étaient assez répandus, surtout en Grande-Bretagne, dans les milieux populaires.
C'est le côté "miroir de notre société" du film qui a surtout séduit Camille Cottin dans le projet. Cette dernière précise en effet que Telle mère telle fille est "en plein dans l'air du temps", les journaux étant remplis de témoignages de « quadrados » ou « quinquados », qui, ayant élevé leur progéniture, veulent profiter d’une nouvelle vie.
"Dégagées des responsabilités intenses qu’implique la parentalité, elles essaient de retrouver un peu de cette légèreté de l’être. Aujourd’hui, à cinquante ans, les femmes sont belles, fortes, libres et ont envie d’en profiter. C’est bien normal ! Et forcément, dans ce cas, ce sont les enfants qui « trinquent » ! Dans le film, les rôles sont tellement inversés qu’Avril, la fille de Mado, a du mal à trouver sa place de femme", confie la comédienne.
C'est presque le côté incongru de sa rencontre avec Noémie Saglio et Camille Cottin qui a poussé Juliette Binoche à accepter le rôle. "Je ne m’attendais pas à être invitée dans un film aussi français, une comédie sans pitié ! J’étais alors en train de tourner un film de science-fiction en Nouvelle-Zélande, qui était tout aussi loin de moi", raconte la comédienne, qui a également vu dans le rôle de Mado une occasion de jouer une adolescente, une période de la vie où elle était déjà focalisé sur sa passion, le théâtre. "J'ai été adulte rapidement dans mon esprit, car j’avais un sens des responsabilités, j’étais portée par la passion du théâtre, je n’avais aucun temps à perdre", se rappelle-t-elle.
Pour le rôle du père d'Avril, Noémie Saglio voulait un comédien à la Hugh Grant, à savoir grand, beau, sexy, classieux et fantasque, car il fallait qu’il ait pu plaire à la mère. C'est dans cette optique que le réalisatrice a pensé à Lambert Wilson. Ce dernier adorant la musique (il chante et danse), Saglio et Agathe Pastorino ont fait de ce personnage un chef d'orchestre. "Une profession qui lui va comme un gant, car si elle s’exerce avec sérieux, elle laisse le champ libre à l’excentricité", note la première.
Telle mère telle fille est à la fois un « buddy-movie » mère-fille et une comédie de remariage. "Je dirais que c’est une comédie « rigo-chiale », tressée d’humour et d’émotion, mais sans trop d’émotion quand même, car si on emmène les gens trop loin dans la tristesse, il est difficile de les en faire revenir", selon Noémie Saglio.
Dans le film, Avril exerce le métier de "nez" pour une marque de produits ménagers. Il s'agit d'une profession qui existe réellement. Noémie Saglio explique : "À la fois scientifique, sexy et intello, c’était un job idéal pour Avril, dont on voulait qu’elle ait un métier créatif, mais pas totalement épanouissant. Celui-là tombait d’autant mieux que, lorsqu’on est enceinte, l’odorat se modifie, et qu’évidemment, ces changements de perception peuvent générer des surprises, et même des catastrophes industrielles !"
C’est Mathieu Chédid, déjà à l'oeuvre sur Connasse, Princesse des coeurs, qui a composé la bande originale du film. "Nous sommes tombés d’accord pour une reprise de Boum, la chanson de Charles Trenet, et on a écrit ensemble Hey Hey (lui, musique et moi, paroles). C’est sa fille qui la chante", précise la cinéaste.
"Une fille complexe, à la fois amoureuse, sérieuse, responsable, consciencieuse, coincée de tous les côtés, et démesurément accro à sa mère. Avril a beau trouver Mado, insupportable, écervelée et intrusive, elle ne sait pas quoi faire sans elle. Elle râle mais lui cède tout, persuadée, dur comme fer, que Mado est une maman exceptionnelle. Sans s’apercevoir qu’en fait, ces rapports la confinent dans un statut de petite fille et l’empêchent de devenir une femme libre. Je trouve formidable l’idée du scénario : que cette mère et cette fille, si souvent « apocalyptiquement » fusionnelles, tombent enceintes en même temps. Pour corser leur relation, la rendre à la fois plus proche encore et plus conflictuelle, il n’y avait pas mieux !"