La thématique des enfants "âgés" vivant chez leurs parents a plusieurs fois inspiré le cinéma français, à l'image de Retour chez ma mère dans lequel Alexandra Lamy est contrainte de retourner vivre chez sa mère et Tanguy, où le couple André Dussollier / Sabine Azéma cherche à faire en sorte que leur fils de 28 ans quitte le domicile parental.
Le titre du film était, avant de devenir simplement Marie-Francine, "Marie-Francine, c'est à cet âge-là qu'tu rentres ?". Entre les deux, le film s'appelait aussi "Le Bol de Marie-Francine" (comme on peut le voir sur l'affiche), pour souligner le fait que le personnage principal a finalement de la chance.
Marie-Francine est le cinquième long métrage réalisé par Valérie Lemercier après 100% Cachemire (2013), Palais Royal ! (2005), Le Derrière (1998) et Quadrille (1996). La comédienne, cinéaste et scénariste ne s'est jamais éloignée du très cinématographique genre de la comédie dans ses réalisations.
Valérie Lemercier voit Marie-Francine comme sa première comédie romantique. Elle confie : "Personnellement, je n’aime pas tant que ça les comédies romantiques, mais quand le film a été fini je me suis dit : "Eh oui, c’est une comédie romantique", ce qui n’apparaissait pas si clairement à l’écriture. C’est seulement en l’ayant terminé que j’ai vu que c’en était une."
Il y a quelques années, une amie de Valérie Lemercier s'appelant Marie-Francine lui a parlé de sa femme de ménage vietnamienne qui vit dans le même immeuble qu'elle, dans le 16ème arrondissement, et qui venait d'avoir un bébé qu’elle avait appelé… Marie-Francine ! Cette anecdote a donné l'idée à Lemercier d'écrire un scénario de film centré sur une femme de 50 ans s'appelant Marie-Francine et contrainte de revenir habiter chez ses parents.
"Je regarde beaucoup la signification des prénoms dans des livres, sur internet, pour les spectacles comme pour les films, pour savoir à quelles époques on les donne, combien il y en a… J’ai donc découvert qu’il y a 14 Marie-Francine en France... dont deux qui vivent dans le même immeuble !", confie-t-elle.
Valérie Lemercier collabore à nouveau avec Catherine Leterrier, sa créatrice de costumes qu'elle connaît depuis Milou en mai (1990), le premier film dans lequel elle a joué. Pour Marie-Francine, cette dernière a assemblé des habits volontairement peu spectaculaires et peu à la mode. "On a raccourci beaucoup de choses, et on s’est dit que le personnage marcherait à plat, aussi parce que je ne voulais pas avoir deux têtes de plus que Patrick !", s'amuse la cinéaste.
Même s'il reste dans son genre habituel, la comédie, Patrick Timsit a opéré avec le personnage de Miguel un changement de registre puisqu'il s'agit de quelqu'un de souriant, solaire, très premier degré dans la sympathie par opposition aux individus rigolards, moqueurs, cyniques ou un peu névrosés qu'il a beaucoup incarnés dans sa carrière.
"C’est un personnage qui traverse une période difficile, mais sa façon de prendre les choses est calme, apaisée. Valérie m’a encouragé, orienté, dirigé, pour que Miguel soit surprenant, mais sans effet. C’est la première fois que j’ai un rôle qui est presque celui d’un clown blanc, et c’est extrêmement plaisant", explique le comédien.
Hélène Vincent a hésité à accepter le rôle de la mère de Valérie Lemercier parce qu'elle avait l'impression que ce personnage ressemblait trop à Madame Le Quesnoy qu'elle avait jouée dans La Vie est un long fleuve tranquille (1988). "C’était le même milieu, un peu les mêmes attitudes "bas du cul de la tête"... Je revendique tellement le film d’Etienne Chatiliez ! Je l’ai tourné alors que j’étais en train de quitter le métier, j’appartenais au théâtre subventionné pour lequel j’avais tourné avec les meilleurs metteurs en scène, j’avais très peu fait de cinéma, et soudain ce film m’a tellement apporté, il y a eu une telle reconnaissance !", confie la comédienne.
Avec Marie-Francine, Denis Podalydès joue pour la quatrième fois dans un film aux côtés de Valérie Lemercier. Les deux comédiens incarnent un couple qui s’est aimé, qui a fondé une jolie famille et qui aurait pu avoir un avenir si Emmanuel n’avait pas eu cette aventure. Podalydès explique :
"Mais il est de ces hommes à qui une liaison fait perdre la tête. Comme il n’avait sans doute jamais pensé qu’il pouvait aimer une autre femme que la sienne, il se met à croire à une nouvelle vie, un nouvel amour, alors que son conformisme l’aurait plutôt voué à la fidélité, même frustrante. Quitter sa femme, le lui annoncer, est pour lui un cauchemar, une sorte de chute. Pour elle, c’est une catastrophe et un déclic."
La loge des parents de Miguel était une vraie loge, devenue un local à vélos et retransformée en loge pour les besoins du film. La mère du personnage campé par Patrick Timsit est quant à elle une vraie gardienne d’immeuble et son mari a été remarqué par Valérie Lemercier rue de Longchamp, dans un bistro où se retrouvent beaucoup de Portugais le vendredi midi (à deux mètres du restaurant où les scènes dans la cuisine de Miguel ont été tournées).