Pour son premier long métrage, Martin Makariev a choisi de s'attaquer à une réinterprétation d'un fait divers sordide survenu en 1985 à Roseville, une demeure isolée d’une montagne des Balkans. La police y avait découvert quatre corps. Sur le groupe d’amis identifiés, un jeune homme répondant au nom de Vassil n’a jamais été retrouvé. Le scénario du film s’inspire d’informations plus ou moins déformées issues de l’enquête policière, enquête entourée de légendes et effectuée de manière floue.
Pour tenter d'expliquer ce fait divers et la disparition de Vassil, une malédiction des lieux a été évoquée du fait d’une expédition militaire de 1979 qui avait mal tourné dans la forêt alentour surnommée "Le vieil homme blanc". Mais là encore, les choses sont floues puisqu'aucun document officiel n’existe sur cette mission. Au sujet de l'enquête sur les quatre meurtres, les archives policières sont restées confidentielles jusqu’en 2007. Le commandant Nikola Ivanov, ancien employé du Ministère de l’Intérieur Bulgare en charge de l’affaire jusqu’en 1991, reconnaît qu’elle reste le point noir de sa carrière.
Avant 1985, Roseville était considérée comme une villégiature idéale. La maison est inaccessible aujourd’hui et indissociable du fait divers de 1985.
Né en 1981, Martin Makariev a fondé la société de production « Forward Pictures Ltd. » en Bulgarie en 2007, après avoir longtemps séjourné en Suisse et en Allemagne. Il a travaillé sur de nombreux vidéoclips et publicités. Le metteur en scène a par ailleurs réalisé plusieurs épisodes de la série bulgare à succès Undercover.
Roseville a obtenu un excellent accueil critique et public en Bulgarie et s’est vu décerner trois trophées aux Bulgarian Film Awards : Meilleur Acteur (Plamen Manassiev), Meilleure Actrice (Lydia Indjova) et Meilleurs Décors (Liliana Dancheva). Il a également reçu le Prix du Meilleur Long Métrage Indépendant Dramatique à l’ECU – European Independant Film Festival de Paris 2015.
"Le vieil homme blanc est un site naturel forestier qui s’étend sur une douzaine d’hectares. Il est ainsi nommé en référence à son chêne pluricentenaire, le seul de la région. Le folklore relaie une légende célèbre au sujet de cet arbre : trois frères, vendeurs de fourrure en voyage, sont forcés de camper sur les lieux suite à une tempête de neige. La nuit, le plus jeune frère reçoit en rêve la visite d’un grand homme avec une tête d’un chien et un pendentif éclatant sur la poitrine. La créature lui demande deux peaux de loup pour se tenir chaud. Le jeune vendeur se satisfait de la bonne affaire et reçoit en paiement le médaillon étincelant. Au réveil, il trouve ses deux frères massacrés et dépecés, et ses propres mains couvertes de sang. Il réalise ensuite avec stupeur qu’il porte autour du cou la médaille du monstre apparu dans son sommeil. Dans le bois, le garçon se met en quête de la créature à qui il souhaite rendre le médaillon en échange de la résurrection de ses frères. Resté là sans jamais avoir retrouvé le démon de ses songes, il mourra très âgé. À l’endroit de son trépas, grandira un long et majestueux chêne, le seul parmi une grande étendue de pins. Selon la croyance, toutes les nuits, à trois heures précises, y retentissent les cris de désespoir du jeune homme qui continue d’implorer la créature."