Chose plutôt rare, le film a été réalisé par quatre personnes : Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas. Tous ont fait l'Ecole de la Cité de Luc Besson dans la première promotion, celle de 2012 et ont fait équipe pour la première fois en 2015 lorsqu'ils ont participé au "48 heures Film Festival" (où le but est de monter un film en 48 heures). C'est à la suite de cette expérience qu'ils ont décidé de tourner un long métrage.
Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas ne divisent pas les postes lorsqu'ils travaillent ensemble. Ils sont ainsi tous autant à la mise en scène, à la direction d'acteurs qu'au découpage. "A quatre, on a quatre fois plus d'idées ! Quand on écrit, on a chacun un point de vue différent qui nous permet d'aller plus loin. Si on n'est pas d'accord, on se confronte; on prend le temps de réfléchir à la meilleure chose à faire. Et ça marche assez bien comme ça", précise la troisième.
Les quatre cinéastes étaient à l'origine réunis par l'envie de faire un film sur Daniel Vannet, qu'il avaient déjà filmé par le passé. Ils l'ont d'ailleurs rencontré lorsqu'ils réalisaient Perrault, La Fontaine, mon cul ! centré sur un père qui veut apprendre à lire pour obtenir la garde de son fils. Willy 1er est ainsi un film de fiction fidèle à la réalité de Daniel. Ludovic Boukherma se souvient :
"On s'est documentés sur l’illettrisme , et on a découvert l’association Mots & Merveilles près de Maubeuge qui apprend à lire à des personnes illettrées. On y voyait notamment Daniel dans son apprentissage de la lecture. On a donc commencé à écrire en pensant à lui, et on s'est inspirés de lui pour créer un personnage, tout en se demandant quel acteur pourrait jouer son rôle. Et puis on en a conclu que ça devait être lui. On l'a donc contacté, on l'a fait venir à Annecy, deux jours avant le tournage de ce court - métrage, et on a travaillé. On a compris tout de suite qu’il se passait quelque chose avec lui devant une caméra. Alors on a enchaîné avec un autre court-métrage avec lui, Ich bin eine Tata !"
Selon les quatre metteurs en scène, Willy 1er est une sorte de biopic sur Daniel Vannet. Ils expliquent ainsi avoir gardé certaines anecdotes personnelles que le comédien leur avait racontées comme une base pour pouvoir les prolonger et les adapter. L'objectif n'était pas de donner forme à un documentaire comme ils l'expliquent : "Daniel a perdu son frère, mais ce n’était pas son jumeau. On lui en a inventé un dans le film. Avant tout parce que l’idée de faire jouer Daniel face à son double nous attirait. Egalement , l'histoire d'amitié avec l'autre Willy, elle, est totalement inventée. On s'inspire des choses de sa vie pour en faire des éléments de fiction. Ce qui nous plaît chez lui, c'est que c'est vraiment un personnage de cinéma. Il est très magnétique. D’où notre idée d'en faire un héros. Un héros de cinéma."
Dans Willy 1er, il y a de la musique qui a été composée par Hugo P. Thomas et Sofiane Kadi ainsi que des morceaux de variétés représentatives de l'univers des quatre réalisateurs. Au sujet de ces dernières, Ludovic Boukherma confie : "Dans ces chansons, il y a beaucoup de références à la culture populaire qui est la nôtre. Marielle vient d’Italie, Hugo de Savoie, Zoran et moi du Lot-et- Garonne. Serge Reggiani, Carole Arnaud, Michael Raitner, ce sont des chansons de variété française qui ne sont pas forcément de notre génération, avec un côté parfois suranné, mais elles sont, avant tout, authentiquement belles. Ce sont des chansons qu’on aime."
Plusieurs acteurs de Willy 1er, comme les parents de Daniel, sont des non-professionnels. Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas voulaient de cette manière renforcer le naturel des situations. Les quatre metteurs en scène ont, dans cette optique, donné aux comédiens peu d'indications pour favoriser leur improvisation. Ils notent : "On leur a surtout donné une trame pr écise du déroulement de la scène, sur ce qui doit s'y passer, en installant les éléments les uns après les autres. A partir de là, ils improvisent. L'improvisation, c'est aussi ce qui nous a paru le plus adapté pour des acteurs non - professionnels, pour rendre les situations de manière naturelle."
C'est l'un des producteurs du film qui a trouvé le titre Willy 1er. Si Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas étaient réfractaires à ce titre, ils l'ont finalement accepté parce qu'il met Willy à la place que lui donne le film, celle d'un roi. A l'origine, les quatre metteurs en scène avaient trouvé des titres qu'ils ont jugés par la suite trop "barrés", comme "Michel Prévaut aime la vie" ; "Michel Michel Michel Michel" ; "Le Fantôme de mon frère" ; "A Aulnoy j'irai et je vous emmerde" ; "La vie 100 fois perdue" ; "Caudebec City" ; "A la santé du con qui paye"...