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mem94mem
119 abonnés
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2,0
Publiée le 5 juin 2016
Le maître mot de ce film c'est la molesse. Les acteurs sont d'une immense indolence, comme si la moiteur du climat influait sur leur jeu. La réalisation a beaucoup d'atouts, mais le scénario est limité et la fin du film ultra prévisible. C'est très lent, sans raison apparente ce n'est même pas contemplatif ou beau. Le début est prometteur mais la suite laisse singulièrement le spectateur sur sa faim. Le film choc de Cannes s'essouffle très rapidement.
Film qui aborde le sujet de la peine de mort du côté du bourreau et la façon d'amener l'histoire est bien trouvée. La relation ambiguë entre le bourreau et son élève est intéressante et le choix des acteurs est judicieux. Après le film ne pousse pas plus la réflexion sur ce métier, mais se laisse bien regarder.
Aiman travaille dans une prison de haute sécurité. Pour des motifs personnels qu'on découvrira (trop) vite, il se rapproche du bourreau pour en devenir l'apprenti.
"Apprentice" nous vient de Singapour et est, je crois, le premier film singapourien que j'ai jamais vu. Premier motif - même s'il est loin d'être suffisant - de l'intérêt qu'on peut lui porter.
"Apprentice" est un film sur la famille. Dans une partie du monde où elle a plus de poids que dans nos sociétés occidentales individualistes. C'est la deuxième raison de s'y intéresser. Aiman poursuit le souvenir perdu de son père autant qu'il s'en cherche un de substitution. Pendant ce temps, sa sœur aînée, elle, choisit l'exil pour se libérer de ce lourd atavisme.
"Apprentice" est enfin un film sur la peine de mort. Je n'avais jamais vu décrite avec un luxe quasi documentaire l'organisation d'une exécution capitale, la préparation du condamné, sa pesée, son ultime repas, ses derniers pas dans le couloir de la mort. La peine de mort est ici dénoncée avec une subtilité absente des grosses productions hollywoodiennes manichéennes et lacrymales : "La dernière marche" de Tim Robbins, "La vie de David Gale" d'Alan Parker, "À l'ombre de la haine" de Marc Forster... Ce refus du manichéisme est entretenu jusqu'à l'ultime image qui laisse le spectateur dans une incertitude diablement (trop ?) maline.
Un film sur le couloir de la mort n’est en soit pas une exception mais plutôt une rareté. On l’a déjà vu traité sur la mode du thriller (« La vie de David Gale »), du drame (« La dernière marche ») ou même du conte fantastique (« La Ligne verte »). Voilà donc un sujet qui peut être cinématographique. Mais le traiter de façon directe, sans pour autant verser dans l’aspect documentaire, est beaucoup moins courant. « Apprentice » nous plonge donc dans la vie d’un surveillant pénitentiaire à Singapour amené à devenir l’assistant du bourreau, celui qui prépare et déclenche la mort des condamnés.
On apprend peu de choses que l’on ne sait déjà et le film tourne vite en rond. Il n’y pas vraiment de suspense, on est plutôt spectateurs du cheminement moral du personnage principal, lui-même fils d’un ancien condamné à mort jadis exécuté par son nouveau supérieur. C’est un peu lent et le scénario est plus contemplatif que véritablement tourné vers l’émotion ou la réflexion. Heureusement durant la première partie du film, une intrigue secondaire dénoue les rapports qu’entretient Aiman avec sa sœur dans leur habitation commune. Une relation particulière et originale faite de tendresse mêlée à des reproches.
Sinon, sans pour autant être totalement déplaisant, pas grand-chose à se mettre sous la dent pour ce film venu d’une cinématographie rare : Singapour. Tout juste remarque-t-on les qualités de mise en scène du réalisateur Boo Junfeng. Sa caméra se pose toujours au bon endroit et ses plan-séquences sont savamment orchestrés et judicieux en plus d’être esthétiques. On découvre également en biais un pays peu connu pour nous autres occidentaux. Les acteurs sont également bons mais rien n’y fait pour que l’on puisse clairement dire que « Apprentice » est un bon film. Il fait juste passer le temps sur un sujet qu’il ne transcende jamais véritablement. Et ce n’est pas forcément un compliment.
Boo Junfeng est un réalisateur d'à peine 33 ans, et pourtant il fait montre d'une maturité remarquable dans son film "Apprentice". Nous voilà plongés dans l'univers carcéral mais cette fois, pas du côté des assassins ou des voleurs comme "Le Prophète", mais des gardiens. Aiman vient de l'armée, et on lui propose d'intégrer ce centre pénitentiaire de haute sécurité, où certains prisonniers attendent d'être pendus. Aiman, qui vit avec sa sœur ne rêvant que de quitter l'Indonésie pour rejoindre un mari d'opportunité en Australie, s'applique tant et si bien qu'il est approché par le bourreau lui-même du centre, qui le choisit comme apprenti. Ou du moins, c'est Aiman qui fait en sorte d'être approché par le bourreau. Car très vite, le spectateur sait qu'un secret terrible pèse sur les épaules de ce jeune-homme et que son arrivée au centre pénitentiaire ne relève pas du hasard. Il faut d'abord saluer la pudeur de la caméra à aborder un sujet aussi sensible que la mise à mort des condamnés. On pense évidemment à l'œuvre de Victor Hugo ou au Lars Van Trier "Dancer in the dark" qui traitaient du même sujet, sinon que cette fois, le réalisateur évite toute forme de démonstration ou de dénonciation affirmée. Il laisse au contraire le récit verser dans une sorte de thriller où la psychologie des protagonistes prend intelligemment le pas sur le risque du plaidoyer contre la peine de mort. Pour autant, le film montre avec subtilité la violence que peuvent imprimer jour près jour les exécutions pourtant professionnelles des condamnés, dans la tête des gardiens. Le film constitue un sujet de philosophie à lui tout seul où sont abordées les questions de légitimité, d'éthique, et de justice. "Apprentice" constitue un brillant réquisitoire contre une société et des hommes, qui cèdent par facilité à la démagogie populiste. Portés par des acteurs convaincus et convaincants, dont notamment Fir Rahman absolument époustouflant de sincérité, de dureté et d'émotion tout à la fois, le film constitue la belle surprise de ce début d'été.
Un film qui fait froid dans le dos mais ouvre nécessairement un débat. Le rôle de bourreau n'est pas neutre et ne laisse pas l'homme indifférent. Une oeuvre qui pourrait vite être détournée vers l'extrême professionnalisme dont font preuve les deux principaux personnages. PLV : un éclairage sur une réalité
Le scénario est sans cesse alourdi d’un sous-texte psychologique pesant qui lèse le film plus qu’il n’éclaire le personnage. (...) C’est d’autant plus dommage que Boo Junfeng fait par ailleurs preuve de vraies qualités de mise en scène.
Avec un peu moins de 6 millions d’habitants, il est normal que la ville-état de Singapour n’ait qu’une production cinématographique assez limitée. Cela n’a pas empêché ce pays d’obtenir une récompense majeure du Festival de Cannes : la Caméra d’or attribuée en 2013 à Anthony Chen pour son film "Ilo Ilo". Une récompense à laquelle Boo Jungfeng ne pouvait plus prétendre, puisque "Apprentice", présenté cette année dans la sélection Un Certain Regard, est son deuxième long métrage. Le premier, "Sandcastle", était déjà présent sur la Croisette, faisant partie en 2010 de la sélection de la Semaine de la Critique. Un film qui n’avait pas eu droit à une sortie en salles dans notre pays. A 32 ans, Boo Junfeng est de toute évidence un réalisateur dont la carrière s’avère prometteuse. Sur le sujet de la peine de mort, "Apprentice" est un film d’une grande force, un film grave sans être pesant. Il arrive à faire germer deux regrets chez le spectateur : celui de ne pas avoir vu "Sandcastle" distribué en salles dans notre pays ; celui de trouver ce film dans la sélection Un Certain Regard alors qu’il avait toute sa place dans la compétition officielle.
Jusqu'alors, l'application physique de la peine de mort par pendaison ne trouvait son incarnation cinématographique que dans le sublime Tu ne tueras pas, de Kieslowski.
Il faudra - aussi - compter à partir d'aujourd'hui avec ce film en provenance de Singapour, qui nous présente l'intinéraire d'un "apprenti" bourreau.
Le point de vue est assez original : que signifie être un bon bourreau ? Doit-on être en empathie avec l'exécuté ? Le meilleur résultat est-il d'obtenir une mort rapide ?
Le film de Boo Junfeng est une étude psychologique sur le deuil et la culpabilité. La mise en scène du jeune réalisateur est élégante et percutante : on aurait peut-être aimé que le scénario soit un poil plus étoffé et plus retors. Les motivations du héros sont à mon sens dévoilées un peu rapidement, et la ficelle de l'accident de voiture est franchement épaisse.
Si le film présente donc beaucoup de faiblesses scénaristiques (la soeur et son mari australien comme remplissage), il emporte quand même l'adhésion par son efficacité toute américaine : on est scotché par la minutie des préparatifs macabres et on ne peut s'empêcher d'éprouver une fascination morbide pour cet assassinat légal.
Si le film est un plaidoyer contre la peine de mort, il ne l'est qu'incidemment, et c'est là sa grande qualité.
Ce film repose sur trois scènes essentielles qui en font pratiquement tout le propos, le reste n'étant que du liant : l'explication technique, scientifique presque, d'une exécution par pendaison avec comparatif sordide de la variante "inhumaine" (sic) parfois pratiquée dans certaines contrées. Et la mise en application, avec deux exécutions reconstituées. Evidemment, cela donne froid dans le dos. Aucune leçon de morale, aucun plaidoyer. Les faits, le sort. Les spectateurs sortent de la salle silencieux. Sans doute, comme le sont les témoins officiels d'une exécution capitale dans les pays qui la pratiquent. C'est du cinéma de témoignage, pour faire réfléchir mais sans donner de leçon morale. A chacun de trouver son cheminement.
**Saiman, un jeune singapourien qui sort de l'armée, a obtenu un poste dans une prison de condamnés à de lourdes peines. Il vit avec sa soeur qui finit par accepter la demande en mariage de son amant australien et qui se décide à partir pour l' Australie. Saiman parvient à intégrer le service des exécutions capitales pour travailler avec le bourreau, Rahim, qui fait office depuis plus de trente ans. Personne ne sait qu'en fait, Saiman est le fils d'un condamné à mort qui a été exécuté par pendaison il y a des années par ce même bourreau.**
"The appentice" est un bon film psychologique réalisé par Boo Junfeng. Il aborde les thématiques de la réhabilitation, de la vengeance et de la peine de mort. Saiman est il fondé à travailler un jour comme bourreau dans la prison où son père a lui même été exécuté des années plus tôt? Le film, s'il est lent, fait le point sur ces thématiques de façon intelligente. J'ai personnellement trouvé que le film, à sa façon, constitue un prudent plaidoyer contre la peine capitale (la compassion de Rahim pour "ses" condamnés, Rahim expliquant la technicité de la pendaison dont l'objectif est de rompre le cou rapidement et sans souffrances...). Pour ne pas "spoiler", je préciserai juste que le film devient plus intense et incertain dans sa deuxième partie jusqu'à une conclusion immersive soulignée par un thème musical intense.
Les interprètes sont très bons (notamment Fir Rahman -Saiman- et Wan Hanafi Su -Rahim-) dans un registre vraiment réaliste.
Présenté dans la catégorie Un Certain Regard à Cannes, Apprentice montre un officier de prison qui se voit intéressé pour travailler aux côtés du bourreau ; la peine de mort étend encore présente au Singapour. Sujet très sensible, le film a cependant été tourné en Australie. Ce jeune homme est pourtant sensible et on se demande ce qui le pousse à donner la mort dans cette prison haute sécurité. En réalité, le bourreau le fascine, car spoiler: c’est à cause de lui qu’il n’a jamais connu son père . Aiman est partagé, car son chef travaille depuis trente ans à ce poste et le fait avec un professionnalisme et une habitude sidérante. Le calme de la mise en scène est pesante, presque troublante. Si bien que, les pendaisons sont alors d’une irascibilité et d’une spontanéité décapante. Sous les yeux de ce nouveau bourreau, on découvre alors un milieu enfermé dans le tabou, mais attention, pas dans la honte. Apprentice est présentée comme une œuvre psychologique. Pourtant, nous restons spectateurs face à la banalisation des gestes quotidiens. Boo Junfeng laisse trop de distance entre sa mise en scène et son histoire, ce qui crée une entrave dans les émotions que nous pourrions connaître. Ce côté objectif a quelque chose de stimulant, mais cette froideur empêche tout sentiment d’empathie. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Ce n'est pas un plaidoyer, mais plutôt une confrontation avec la peine de mort dont on évite communément d'imaginer les réalités les plus dérangeantes. Sans sensationnalisme ni pathos, le réalisateur montre ce qu'il convient de ne pas montrer, troublant le spectateur comme le personnage de l'apprenti bourreau. Un beau drame cornélien.
Apprentice, film singapourien de Boo Jungfen qui s’essouffle scénaristiquement, donne néanmoins lieu à un vrai film d'ambiance dans le couloir de la mort. On retiendra une réalisation maîtrisée, et particulièrement un plan-séquence final assez prenant.