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ARGOL
35 abonnés
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5,0
Publiée le 1 juin 2016
La communauté malaise de Singapour est minoritaire dans la Cité-État. Elle l’est en particulier par rapport à l’écrasante majorité d’origine chinoise. Les rôles qui lui sont confiés, car il semble de l’extérieur que les choses soient ainsi organisées, sont subalternes. Entre autres tâches que l’on réserve à ces citoyens moins égaux que les autres, l’administration des prisons et de leur activité la plus sordide, heureusement sans actualité dans les années 2016, l’exécution des peines de mort par pendaison. « Apprentice » est un beau portrait, celui d’un jeune homme dont l’esprit et le cœur ne savent plus s’ils sont capables de regarder dans la même direction. La compassion qu’un être humain ressent naturellement à l’égard d’un homme qui perdra bientôt la vie malgré lui est-elle autorisée, est-elle permise au bourreau qui la ravira ? S’asseoir près de toi, te regarder et t’assurer de la douleur que je ressens avant de te tuer... Mais quel sens, quelle utilité peut bien avoir ce sentiment alors que bientôt tu ne seras plus là ? Je t’aime, cher condamné, mais il est préférable que tu n’en saches rien, pour toi, pour moi...
" Ton père a été pendu et tu veux être bourreau ? Quel genre de cinglé es-tu ?", demande le maître à son élève. " Et qu'est ce qui vous fait conduire comme un cinglé par moments? ", aurait pu rétorquer l'apprenti. Aucune de de ces 2 questions ne trouvera de réponse, le non-dit semblant la règle entre les personnages. Et si le film décrit de façon quasi documentaire la préparation puis l'exécution d'une pendaison, à aucun moment la question de la peine de mort n'est posée. Frilosité due à la peur de la censure, très sensible sur le sujet dans un pays ( Singapour ) où le taux d'exécutions capitales est un des plus élevés du monde ou approbation tacite du metteur en scène - à peine une timide remise en cause de l'application du châtiment suprême aux trafiquants de drogue quand ils n'ont "tué personne ".-, le spectateur n'en saura rien et ce n'est pas l'image finale qui apportera la réponse. Bref,, un film brillant par son formalisme mais frustrant sur le fond.
Le sujet traité est teintée de tragédie, que l’on soit pour ou contre, tel est le but du scénario, pour montrerait une démonstration de l’exécution tout en restant impartiale, c’est pas mal mais la pertinence est difficile à aborder.
Aiman travaille dans une prison. Il change de poste et va assister le bourreau, chargé d’exécuter les condamnés à mort. On assiste au quotidien d'Aiman dans son travail tout en observant ses relations avec sa sœur qui vit avec lui. Ce film traite principalement de ce qui constitue l'identité. Son rythme est lent, distillant progressivement les informations sur l'histoire et les motivations du protagoniste. Malgré certaines longueurs, ce récit intrigue et se laisse suivre.
Un film difficile dans lequel notre jeune gardien de prison va se voir proposer de devenir l'aide du bourreau.Et revient à la surface que son père à été exécuté dans cette même prison. Intéressant et très bien joué.
Si Apprentice n'était qu'un film sur la peine de mort, ce serait le plus dénué de pathos de l'histoire du cinéma. On est loin d'un Dead Man Walking. L'approche du châtiment capital y est froide, technique, clinique... Normal, c'est le point de vue d'un bourreau. Un bourreau doté d'humanité qui cherche avant tout à ne pas faire souffrir ses victimes. Un bourreau qui peut douter, se laisser attendrir, ou "péter un câble" au volant de sa voiture pour faire sortir la pression gigantesque qui repose sur sa tête.
Le film est centré sur le personnage d'Aiman, un jeune à l'enfance traumatisée spoiler: par les frasques de son père (criminel psychopathe lui-même condamné mort et exécuté) , qui après avoir été tenté par la délinquance, s'engage dans l'armée puis l'administration pénitentiaire où il cherche le chemin de sa rédemption. A ce propos, un parallèle intéressant est à faire avec le film "Elle" de Verhoeven, sur les écrans en ce moment, et le personnage joué par Isabelle Huppert qui, partant de conditions semblables dans l'enfance, suit une toute autre trajectoire.
Par une perversion de l'esprit qui (seul regret) ne sera jamais réellement expliquée ou commentée dans le film, Aiman choisit ce métier et cette prison pour se rapprocher de Rahim, le bourreau spoiler: qui a exécuté son propre père . Il en devient rapidement l'apprenti. Quels sont vraiment ses intentions ? Veut-il se venger ? La relation qui s'établit entre eux dépasse vite le cadre professionnel pour devenir quasi-filiale.
La fin du film est intelligente, sans complaisance pour un (anti-)héros déboussolé, tiraillé entre son goût pour la discipline et son sens moral, un homme qui a largement perdu la maîtrise du cours de sa vie, spoiler: et qui au clap final, voit définitivement s'envoler son innocence .
Sur un thème audacieux, puisqu'il s'agit de la mort donnée à des criminels condamnés à la peine capitale. Nous observons l'enfermement mental nécessaire pour être un bourreau capable d'exécuter la tâche à accomplir sans vaciller, sans flancher, sans faire souffrir inutilement le condamné dans les instants précédant sa mise à mort. Et s'il était innocent le coupable ? Le héros du film, Aiman, se fait adouber par son chef, qui lui transmet la "procédure". Il s'agit de savoir garder son sang froid, éventuellement de dire les bons mots au condamné avant de lui administrer la mort, ici par pendaison. Un film quasi chirurgical, qui nous donne du grain à moudre sur ladite "peine de mort". Lorsqu'on égorge un animal, il faut la même dextérité pour ne pas faire souffrir l'animal. Est-ce ce que nous voulons pour nos concitoyens déviants ?
La grandeur de l'apprentissage est la transmission par le maître artisan de son savoir-faire, de son perfectionnisme au service de la belle ouvrage. Evidemment, le concept prend une dimension particulière lorsque le maître est le bourreau des géoles singapouriennes. Le bourreau traditionnellement honni et cagoulé prend ici visage humain, comme le rouage artisan mandaté par l'administration froide, le législateur et le parti politique qui sont dans cette affaire les vrais coupables. La sobriété de la mise en scène au cordeau, une bande son épurée, juste ce qu'il faut d'intrigues secondaires font un film poignant.
Un film assez prenant qui montre l'humain à fleur de peau quelle que soit sa fonction, son métier. Socialement violent. Techniquement très réussi. Scénario pas mal mais c'est subjectif.
Un très bon film qui étudie avec subtilité l'évolution de la mentalité de son héros, et le combat intérieur qu'il semble se livrer jusqu'à la délivrance finale après laquelle rien ne sera plus comme avant...
Tout simplement bluffant. Vu à Cannes, ce film a été une véritable surprise, chef-d'oeuvre de cette édition. Le réalisateur singapourien prend à bras le corps ce sujet particulièrement sensible (les couloirs de la mort de ce pays prétendument "moderne") dans son pays d'origine avec un dispositif de mise en scène maîtrisé et fascinant. Au travers d'un traitement empreint de poésie se dégage un regard sans concession et dont on ne ressort pas indemne.
Glaçant et implacable - le film nous prend à la gorge dès les premières minutes et ne nous lâche pas avant la fin. Au travers d'une mise en scène précise, le réalisateur nous interpelle sur une question brulante et réussit à nous toucher profondément. A voir absolument.
Du grand cinéma sur le thème du masochisme dans la mort. Cette Passion de la mort qui a fait deux mille ans de Christianisme. Ce masochisme se confond avec la difficulté (œdipienne) d'intégrer l'identification au Père, cependant réussie par Ainam. Une grande mythologie!
A travers ce film, c'est notre humanité que nous voyons. Que nous observons. Que nous jugeons. Et que nous expions. Un film choc qui place la morale entre la VIE et la MORT...à voir absolument !