Ce film est consternant. Les dialogues sont aussi plats que pleins de banalités tellement parisiano-compatibles ("Je me suis faite avoir." "Dis pas ça, tu étais amoureuse c'est tout!" "Non, je me suis pas faite avoir par lui! Je me suis faite avoir par l'amour..." - "J'ai été marié." "Et la fidélité t'y es arrivé?" "Bof... J'vais pisser."), la réalisation se contente de plans fixes paresseux censés montrer le monde dans sa véracité mais qui font surtout très théatre filmé, l'histoire n'a aucun intérêt, la prononciation ou la prise de son font que l'on doit parfois tendre l'oreille pour saisir le propos, le casting fait la part belle à la famille ou aux amis de la famille, etc...
Mais bien plus que la faiblesse de la forme, c'est le fond qui me gêne: nous voici face à l'archétype du film de mâle à la française, où une demoiselle forcément chaudasse de 23 ans court après son professeur distingué de 51 ans, le drague pendant tout un trimestre mais se heurte à la vaillante résistance du grand homme qui ne mange pas de ce pain-là avant de finir par céder presque par bonté de coeur et de donner à la demoiselle en pâmoison sa dignité de femme, lui offrant enfin une raison d'exister en ce monde, conjuguant paternalisme de bon aloi et leçons de vie savamment distillées. On reconnaîtra ici le grand fantasme d'une bonne partie de la gente masculine française passé un certain âge: une fille jeune, docile, sexuelle avant tout, en admiration devant son statut de mâle dominant, rentre-dedans et aguicheuse, qui le supplie presque de la laisser le combler... Comme le dirait une philosophe du niveau de Garrel: non mais allô quoi?? Un tel film phallocrate (l'homme pense et domine, la femme court après l'homme, se couche et s'offre) trahit sans doute les fantasmes du réalisateur lui-même mais semble pour le moins déplacé à l'époque du scandale Weinstein.
Bien sûr, les filles n'en sortent pas grandies non plus: elles sont passablement décérébrées ("C'est dans le Tyrol." "Le quoi? Ah, le Tyrol, c'est une région? Je croyais que c'était un comme un gâteau!"), facilement impressionnables devant les hommes ("Ouais-anh, j'étais aux US pour un reportage sur l'environnement." (non, c'est pas du tout cliché mdr) "Ouah, (pâmoison) cette photo le cadre c'est complètement dingue, t'as vraiment un regard!...), ne vivent que pour la baise (j'aime tes photos donc tu me prends sur le mur dans les toilettes 5 minutes après) et couchent avec à peu près n'importe qui quelques minutes après l'avoir rencontré et à peu près n'importe où. Une vision très parisienne donc, et véritablement consternante. Au secours!