À l'origine, Alex Anwandter est une star de la chanson au Chili et dans toute l'Amérique latine. Un jeune homme fan d'Anwandter, Daniel Zamudio, a été tué suite à une agression homophobe en 2012. Profondément choqué, Alex Anwandter a ainsi décidé d'écrire son premier film.
Bien qu'il ait vécu intimement le drame qui l'a inspiré pour écrire son film, Alex Anwandter tenait à rendre l'histoire universelle. Ainsi, les personnages n'ont pas de nom de famille et la ville de Santiago est elle-même réinventée : "L’aspect « abstrait » de l’histoire est important pour moi. Créer une fiction à partir d’un épisode réel permettait d’ouvrir la discussion… Il ne s’agit pas d’un quartier spécifique, mais plutôt d’un panel de quartiers différents de la classe moyenne", précise-t-il.
Plus jamais seul se divise en deux parties. Une première centrée sur la vie du jeune homme, puis une seconde consacrée à son père, après l'agression. Une manière pour Alex Anwandter de dépasser le drame et montrer l'après, tout en cherchant à sensibiliser le maximum de personnes : "Le film continue, il survit à cette violence. Le monde n’a pas changé après l’agression de cet adolescent. Il nous reste à voir ce qui a changé dans le monde du père après ce traumatisme", analyse le réalisateur. "Avoir un homme d’âge mûr, hétérosexuel, comme personnage principal a le mérite de faciliter l’identification du plus grand nombre et de mettre en lumière les préjudices de cette violence quotidienne".
Si Alex Anwandter est contre la violence au cinéma, il a choisi de mettre en scène l'agression homophobe dans toute sa brutalité et son horreur. "J’étais confronté au dilemme : faire face à la violence ou regarder ailleurs. Mais le film ne pouvait pas se permettre de détourner le regard, ça n’aurait pas été digne de ce jeune homme. J’ai appris que faire un film, c’est prendre des décisions « éthiques » à chaque stade de sa construction", affirme le cinéaste.
En tant que musicien, Alex Anwandter a accordé une grande importance au son et à la musique dans Plus jamais seul. "Certains disent que le son représente 60% d’un film. Cette idée me plaît. Le son enrichit pleinement un film, le complète. C’est un équilibre fragile : informer sans surligner l’aspect émotionnel du récit. Mais sans non plus s’interdire de se laisser aller à l’émotion…", affirme-t-il. Anwandter a ainsi soigné le choix chacun des morceaux de la bande-originale, de la pop à l'opéra. L'objectif : ne pas faire de son héros qu'une victime, mais montrer un jeune homme plein de vie.