Ramzy Bedia met en scène son premier long-métrage avec Hibou : "Je savais que j’allais y aller un jour, faire un film à moi. Il fallait que je trouve le bon projet. (...) Il me fallait une histoire qui me prenne aux tripes. Assez en tout cas pour que je puisse m’immerger dedans, de l’écriture à la réalisation jusqu’au montage. Il fallait que ça me tienne assez à coeur pour que je me lève chaque matin en ayant envie de le faire. Il fallait ce projet-là", confie le cinéaste.
L'idée du hibou est venue à Ramzy par hasard, alors qu'il racontait une histoire à sa fille pour l'endormir. Le comédien a inventé une histoire à partir d'une publicité sur les fromages "Panda" mettant en scène un homme très énervé dans un costume de plantigrade : "Disons qu’on a commencé par essayer de comprendre pourquoi il est énervé. Et c’est parce qu’il a un costume de panda et que pourtant, personne ne le voit. Le switch absolument génial c’est de se dire “et s’il rencontrait une fille, costumée elle aussi” ? Et puis d’idée en idée, de question en réponse, on est arrivé à Hibou… Et le panda est devenu la fille", explique le metteur en scène.
Hibou a été intégralement tourné au Québec à l'automne 2015 avec plusieurs locaux au casting comme Lucie Laurier et Mahée Paiement : "J’ai cherché ce sentiment hors du temps et de l’espace, un peu déstabilisant. (...) Le Canada c’est parfait parce que ça parle français, tout est écrit en français, et pourtant les rues sont américaines. Donc au final, on ne sait pas où c’est. Dans tous mes décors américains, il y a toujours un détail français, une feuille d’impôts, un PV… C’est bizarre ? Je fais ce que je veux, c’est mon film (rires)", s'amuse Ramzy.
Ramzy a jeté son dévolu sur la pétillante Elodie Bouchez pour camper son panda : "Je l’adore, je trouve qu’elle a quelque chose dans le regard qu’aucune autre n’a. Je trouve que c’est une actrice de ouf, de plus en comédie, ce n’est pas un exercice évident d’être drôle. (...) Élodie est belle, en plus, c’est une fille qui a du chien et il fallait bien une actrice animale pour jouer dans un film animal ! Elle est belle, bonne actrice et rare. C’était parfait", s'enthousiasme le cinéaste.
"C’est d’abord Ramzy qui m’en a parlé. Il m’a décrit l’idée, parlé du concept et de la singularité de ce projet… Je savais à quoi m’attendre en commençant ma lecture. Quand je l’ai lu, j’ai découvert une histoire et un film qui étaient en accord avec ce que j’imaginais. C’était décalé, poétique, surréaliste même, absurde… Ca m’a beaucoup plu. (...) Ce que j’aime aussi c’est ce travail du corps qu’on fait parfois de manière assez inconsciente. En général, au cinéma et au théâtre, j’aime aller vers des choses finalement assez physiques. Ce dont on s’est rendu compte avec Ramzy, et qui nous a quand même un peu étonné, c’est de voir à quel point ces costumes rendaient toutes les choses plus visibles. La moindre respiration se voit, se sent, le moindre battement de cil devient important, quand on est sous le costume. Il a fallu adapter notre jeu à ça aussi, plus qu’on ne l’imaginait", raconte Elodie Bouchez.
Hibou est une co-production franco-québecoise financée par Gaumont, Les films du cap (France) et Caramel Films (Québec).
Ramzy revendique des influences très variées pour Hibou, de Charlie Kaufman à Quentin Dupieux en passant par Michel Gondry, Tim Burton, Spike Jonze et Jacques Tati : "J’aime les films et les réalisateurs qui ont des univers forts. Parce que tout de même, en tant que spectateur… C’est 10 euros la place !", s'exclame l'humoriste/cinéaste.
Eric Judor, le complice de toujours de Ramzy Bedia, fait une apparition dans Hibou. Le cinéaste a également fait appel à Philippe Katerine pour une scène. Les deux artistes avaient déjà collaboré pour La Tour 2 contrôle infernale dans lequel Katherine incarnait le grand méchant, chef des Moustachious.
Si Ramzy est avant tout un comédien, en tant que réalisateur, il préfère contre toute attente travailler l'image sur le plateau et ne pas trop s'occuper de la direction d'acteurs : "Quand on a des acteurs confirmés, à “action” ils font des choses que tu ne leur avais pas dit, ils te proposent, c’est mortel !", affirme le cinéaste. Sa partie préférée de la fabrication d'un long-métrage reste malgré tout le montage : "En fait, un film c’est un puzzle et le tournage c’est la fabrication des pièces du puzzle, dans le désordre. Tu ne fais vraiment ton film que quand tu fais ton puzzle, au montage. Et c’est vraiment ma partie favorite. D’abord, parce qu’on n’a pas à se lever à 6h du matin… (rires). Et puis on est dans la matière du film, on voit, revoit, on capte d’autres choses sur ce qu’est devenu le film. C’est là, en réalité, qu’on revient au scénario", relate le metteur en scène.