Le film s'inspire de l'affaire du fils de Carlos Larrain (un avocat et politicien chilien) qui, alors qu'il était ivre au volant de sa voiture, renversa et tua quelqu'un. Il quitta les lieux avec ses amis alors que la victime aurait pu être sauvée... Par la suite, un rapport d'autopsie a été falsifié en faveur des accusés et le père Lorrain proposa même d’acheter le silence de la famille de la victime pour 20 000 dollars. Après l'enquête, le fils fut blanchi, ce qui a eu pour conséquence (avec d'autres exemples du même type) de dresser la population chilienne contre la justice du pays.
Alejandro Fernández Almendras a voulu concevoir un film engagé dénonçant l’impunité liée au pouvoir, mais sans prendre le parti pris facile de mépriser les puissants. Le cinéaste confie : "Je crois que c’est un film qui nous invite à nous mettre à la place de celui qui a le pouvoir, ce qui est, logiquement, beaucoup plus inconfortable - et pour moi beaucoup plus intéressant - que de pendre le riche sur la place publique pour la satisfaction de twitter."
Tout va bien a pour cadre spatial les villes côtières voisines de Zapellar, Cachagua, Maitencillo et La Ligua, comprenant de magnifiques paysages, plages et réserves naturelles autour de grandes collines forestières. Il s'agit d'une région où les familles fortunées de la capitale aiment se rendre. "C'est une région dont les adolescents ou les jeunes adultes encore dépendants de leurs parents fortunés sont friands. Durant l'été, ces jeunes se débrouillent souvent par eux-mêmes, sous la surveillance de domestiques. Ils se sentent libres, puissants et sans doute un peu hors de contrôle. Et aiment braver les interdits", indique Alejandro Fernández Almendras.
Le précédent film de Alejandro Fernández Almendras, Tuer un homme, se penchait sur la difficulté des populations pauvres à accéder à la justice. Le metteur en scène a toujours été intéressé par la thématique de la justice : "Je suis retourné au Chili en 2007 et les profondes inégalités que j’ai y trouvées m’ont beaucoup heurté."
Tout va bien fut en partie financé par des campagnes de financement participatif, en 45 jours. "Il suscita l’engagement d'acteurs de renom, dont Paulina García et Luis Gnecco, d’équipes de techniciens, designers, artistes, producteurs et compositeurs. L’annonce de la sortie de ce film au Chili fit la une de beaucoup de journaux dans ce pays", se souvient Alejandro Fernández Almendras.
Si ses précédents films traitaient de personnages simples confrontés au quotidien, avec Tout va bien, Alejandro Fernández Almendras s'attache à représenter un autre monde, celui des privilèges. Il explique :
"Comme la grand-mère qui vend des fromages dans Huacho et qui comprend comment fonctionne l’économie à petite échelle, Vicente comprend que, finalement, c’est mieux de respecter les codes de son groupe social et d’accepter un mensonge que de chercher la vérité ou la justice. Mes personnages sont toujours assez faibles moralement, très peu conséquents et justes. Les personnages de Huacho, par exemple, appartiennent au groupe des opprimés et pour ce motif notre sympathie envers eux est plus forte. Mais je doute que, dans une situation identique à celle de Vicente, ils feraient différemment. Je ne sais pas si cela suscite de l’émotion ou du trouble… mais pour moi c’est la nature humaine."