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    Le Fils de Joseph
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    Rocla
    Rocla

    1 abonné 48 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 6 mai 2016
    Certes, ce n'est pas tout à fait un chef d'oeuvre au sens où peut l'être le splendide "Pont des arts" du même auteur. Mais tout de même, ce film est troublant car il bouscule les habitudes cinématographiques, et a le courage d'afficher des valeurs morales et esthétiques qui n'ont plus vraiment cours. Cette démarche courageuse et très personnelle de l'auteur (que l'on retrouve aussi chez Wim Wenders ou De Oliviera par exemple), fait songer aux prémices d'une nouvelle vague artistique, une sorte de post-modernisme sans complexe, capable d'explorer des sentiments humains devenus quasiment tabous : le don de soi, la foi, la recherche d'une beauté véridique et universelle, le culte de l'Art savant... Plus étonnante encore est la dimension donnée par la diction perfectionniste imposée aux acteurs : elle fonctionne comme une emphase, elle force à redécouvrir le sens plein des mots et des expressions, elle rafraîchit la fonction du langage. Tout cela est très intéressant !
    isakkk
    isakkk

    14 abonnés 193 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 10 mai 2016
    Quel drôle de film ! Je n'avais pas vu les précédents et j'ai failli partir après le premier quart d'heure et puis finalement on se laisse embarquer dans cette histoire, touchante et drôle... Les acteurs sont étonnants avec leur diction d'un autre siècle !
    velocio
    velocio

    1 305 abonnés 3 138 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 17 avril 2016
    Né à New-York en 1947, Eugène Green est venu s’établir en France à la fin des années 60, les Etats-Unis, son pays d’origine, étant pour lui le pays de la « Barbarie » (On notera quand même que les pommes très US qu’on peut voir sur certains ordinateurs sont particulièrement bien mises en valeur dans son dernier film, "Le Fils de Joseph" !). Après s’être consacré au théâtre pendant plus de 20 ans, il s’est tourné vers le cinéma à 54 ans. "Le Fils de Joseph", présenté il y a 2 mois dans le cadre du Forum de la Berlinale 2016, est son 6ème long métrage. On y retrouve tout ce qui fait la particularité de son cinéma : son amour de la langue française, le jeu antinaturaliste qu’il impose à ses comédiens, le fait de leur faire prononcer toutes les liaisons possibles et (in)imaginables, son amour de l’art en général et plus particulièrement de ce qui ressort de la période baroque, son sens de l’humour très particulier et très efficace. La première vision d’un film d’Eugène Green ne peut que surprendre le spectateur. Beaucoup se laissent gagner par ce côté décalé et en redemandent. La colonne vertébrale de "Le Fils de Joseph", c’est le ressenti des enfants qui ont été élevés par leur seule mère, des enfants qui, pour quelque raison que ce soit, ne connaissent pas leur père. Pour traiter ce sujet, Eugène Green est allé l’immerger dans un contexte biblique, allant même jusqu’à découper l’histoire en 5 chapitres intitulés « Le sacrifice d’Abraham », « Le veau d’or », « Le sacrifice d’Isaac », « Le charpentier » et « La fuite en Egypte ». Chacun est libre de voir dans ce choix la volonté du réalisateur de s’inscrire dans une démarche totalement religieuse ou de refuser de le faire. Par contre, il est certain que ce choix permet au réalisateur d’utiliser, dans le cadre de ce sujet contemporain, ce qu’il connaît le mieux, ce qu’il apprécie le plus, l’art de la fin de la renaissance et celui de la période baroque : le tableau du Caravage intitulé « Le sacrifice d’Isaac », des tableaux de Georges de La Tour et de Philippe de Champaigne, les musiques d’Adam Michna z Otradovic, d’Emilio de Cavalieri et de Domenico Mazzocchi. Des musiques pour lesquelles, comme d’habitude, Eugène Green refuse de se comporter en « barbare » : elles n’accompagnent pas des scènes, fût-ce pour le meilleur, elles ne sont présentes que sur le générique de début du film, sur celui de fin du film et en répétition d’un concert dans une église. Beaucoup plus actuelles sont les moqueries très drôles sur le monde des bobos et sur le milieu germanopratin : de jeunes adultes qui se télescopent sur les trottoirs, concentrés qu’ils sont dans la lecture de leurs textos ; un jeune père de famille, casque d’écoute musicale sur les oreilles, qui porte, en même temps que son enfant un sac de provisions sur lequel est marqué « au bobo bio » ; un Prix Littéraire portant l’appellation « Prix Conlong » ; Violette, une critique littéraire, tout à fait à côté de la plaque. Quant à la représentation que fait Eugène Green d’un acte charnel, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne manque pas de ressorts ! Très naturellement, tout spectateur qui a déjà été conquis par la facture très particulière des films d’Eugène Green trouvera forcément son compte dans Le Fils de Joseph. Pour celles et ceux qui n’ont vu aucun de ses films, "Le Fils de Joseph" est probablement le plus facile d’accès parmi ses six réalisations : n’est-ce pas un excellent motif pour aller voir ce film ? Quant à celles et ceux qui ont déjà fait une ou plusieurs tentatives et qui n’ont pas encore accroché, on ajoutera que "Le Fils de Joseph" est très souvent fort drôle, ce qui ne gâte rien.
    colombe P.
    colombe P.

    130 abonnés 695 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 avril 2016
    Voici un film magnifique parlant du lien familial, de la culture le tout enrobé d'un style suranné et humoristique.
    Cela m'a beaucoup plu.
    Cet excellent film sort de l'ordinaire en effet.
    nadège P.
    nadège P.

    132 abonnés 538 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 avril 2016
    Film très particulier mais très intéressant.
    J'ai apprécié le style élégant.
    Ce film sort de l'ordinaire et c'est tout à son avantage.
    Kinopoivre
    Kinopoivre

    29 abonnés 200 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 22 avril 2016
    Joie ! Nous sommes au 22 avril, et on a enfin trouvé le film le plus bête de l’année. Des snobs vous diront que c’est un film « conceptuel », mais je ne conserverai de l’adjectif que la première syllabe. Et les véritables cinéphiles admettront qu’un concept, même intelligent, n’a jamais donné un bon film ; à plus forte raison, un concept absurde !

    Ici, le concept, c’est d’illustrer la Bible à travers deux épisodes : Abraham s’apprêtant à égorger son fils Isaac parce que Dieu le lui a ordonné, puis la fuite en Égypte de Marie, Joseph et Jésus, qui fuient Hérode le Grand. Mais le réalisateur commet deux imbécillités : obliger ses interprètes à faire toutes les liaisons de leur texte, y compris les plus ridicules (à l’hôpital, une petite fille demande « Où on est-t-ici ? », ou une mère dit à son mari que leur fils « Laurent-t-est malade », mais il fait dire à un jeune homme « C’est de quoi que tu voulais me parler ? »), et inventer des péripéties ridicules, comme de faire pourchasser par un peloton de gendarmes et un hélicoptère un jeune homme qui s’était introduit chez un éditeur qu’il avait précédemment agressé. Sans compter que ledit jeune homme, dont on nous dit qu’il n’a pas d’argent, vit dans une chambre immense, avec des tableaux accrochés aux murs, et dispose d’un MacBook et d’un iPhone.

    Inutile de préciser que tous les acteurs jouent mal, disant leur texte sur un ton monocorde, comme chez Robert Bresson. Et passons sur les blagues de garçon de bain, du type « Qu’est-ce qu’un naturiste révolutionnaire ? Réponse : un sans culotte ! »
    axelle J.
    axelle J.

    118 abonnés 501 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 avril 2016
    On peut dire de ce film que c'est un petit conte initiatique avec des dialogues mettant en avant la langue française (les acteurs parlent exprès lentement, articulent et font toutes les liaisons).
    C'est surprenant mais on s'y fait très bien et puis l'histoire est un petit bijou d'humour amusant.
    vidalger
    vidalger

    322 abonnés 1 251 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 27 avril 2016
    Et voilà, on peut dire sans risque de beaucoup se tromper que l'on vient de voir le film le plus stupide et le plus bêtement prétentieux de l'année ! Les dialogues très écrits mais non dépourvus d'imbécillités pompeuses, sont énoncés sur un ton emphatique et artificiel, alourdis par la prononciation systématique de toutes les liaisons, même les plus improbables. On se croirait revenus aux expérimentations des années 70 d'une Duras ou d'un Robe-Grillet au petit pied. Les messages sont assénés au spectateur, sans doute supposé mal-comprenant, avec une insistance lourdingue, y-compris en ce qui concerne les placements-produits ( merci Apple !) et un humour potache dont l'effet est sans doute inverse à celui recherché, encore que nous n'en soyons pas si sûr...
    Bref, vous avez sans doute mieux à faire.
    dominique P.
    dominique P.

    838 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 25 avril 2016
    Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est vraiment un film très spécial... spécial dans le jeu des acteurs, spécial au niveau de l'histoire, du rendu global...
    Tout cela est voulu mais ce n'est vraiment pas facile d'y adhérer pleinement et c'est dommage.
    Je n'ai pas détesté mais je n'ai pas bien aimé non plus.
    Certains scènes sont franchement pénibles et d'autres plus agréables.
    En tout cas, j'ai beaucoup aimé spoiler: la dernière partie, le 5ème chapitre.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 20 avril 2016
    Un excellent film de Green, appuyé sur un casting cinq étoiles. L'histoire revisitée du Christ qui porte pour croix le fait de ne pas connaître son père. Chapeau à Victor Ezenfis, qui porte le films sur ses épaules du début à la fin ! Acteur à suivre.
    poet75
    poet75

    272 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 avril 2016
    Le temps de se réhabituer au style unique d'Eugène Green, à une langue qui emprunte autant à l'ancien qu'au moderne, à une diction qui respecte scrupuleusement toutes les liaisons, et nous voilà à nouveau emporté, dès les premières scènes, dans une aventure si riche de contenu, si pleine de pistes qu'on ne peut l'appréhender totalement en se contentant d'une seule séance. Autant dire que l'on a déjà hâte de voir paraître ce film en DVD afin de le voir et le revoir à loisir.
    Au cœur du récit ou plutôt de la parabole proposée par le réalisateur (américain d'origine, mais amoureux de la France et de l'Europe bien plus que de sa patrie d'origine), se trouve un jeune homme prénommé Vincent (Victor Ezenfis), jeune homme dont trois scènes soulignent à la fois l'étrangeté de caractère et la profondeur des désirs secrets qui l'habitent : un jeune homme sensible (il ne supporte pas qu'on maltraite un animal nuisible pris au piège), un jeune homme facétieux (s'il vole un objet dans un magasin, c'est pour le remettre à sa place aussitôt après), un jeune homme droit (à un camarade qui lui propose un marché rentable mais douteux, il oppose une fin de non-recevoir). Mais s'il donne une impression d'étrangeté, c'est peut-être aussi et surtout parce que Vincent a le cœur tiraillé de souffrance, celle d'être privé de père.
    A sa mère Marie (Natacha Régnier) qui s'inquiète de lui, il répond brutalement qu'il lui manque l'amour. Il ne sait pas aimer et il n'est aimé par personne, ose-t-il affirmer à celle qui précisément l'aime plus que tout. Mais quant à révéler l'identité du père, elle s'y refuse obstinément, ce qui oblige Vincent à mener sa propre quête. C'est sans doute ce mot-là qui résume le mieux le sujet central du film. En se mettant en quête d'un père, que cherche Vincent si ce n'est d'apprendre à aimer ?
    Non sans humour, Eugène Green conduit son personnage de jeune homme aventureux et avide de vraie connaissance sur des chemins d'excentricité tout en posant la question de la paternité (et, du même coup, bien sûr, celle de la filiation). Le chemin conduit à Oscar Pormenor (Mathieu Amalric), un grand éditeur parisien entouré de ses fidèles (secrétaire, écrivains, critiques) dont le réalisateur se fait un malin plaisir de souligner tous les ridicules. Si ce microcosme grotesque n'a bien évidemment rien à donner d'autre que sa vanité, il faut cependant en passer par lui pour atteindre un père et le sacrifier (ou, en tout cas, tenter de le sacrifier).
    Comme dans « Le sacrifice d'Isaac » de Caravage dont le jeune homme contemple une reproduction affichée dans sa chambre, mais en inversant les rôles, le fils tend le couteau vers le père mais ne va pas au bout de son acte. Et c'est en Joseph (Fabrizio Rongione), son oncle dont il ignorait jusque là l'existence et qui survient à point nommé, que Vincent trouve un père. En visite au musée du Louvre, c'est encore dans la contemplation d'un tableau, en l'occurrence « Saint Joseph charpentier » de Georges de La Tour, que se révèle l'intimité des êtres : à Vincent qui affirme que saint Joseph n'était pas le vrai père de Jésus, l'oncle Joseph répond que si, c'était son vrai père, car la paternité lui a été donnée par le Fils.
    Comme dans « La Sapienza », le film précédent du réalisateur, tout est affaire de transmission, mais pas à sens unique. Entre Vincent et Joseph, c'est comme un va-et-vient de connaissances qui circule : tous deux se réalisent et se découvrent autant dans la joie du don que dans celle de la réception. Quant à la teneur du don, elle ne peut être mieux désignée que par le verbe aimer, d'autant plus que le don ne tarde pas à prendre le visage et l'aspect de Marie, la mère. Quant à Pormenor, le père biologique, qui sait s'il n'y a pas pour lui aussi une voie de salut, tout éditeur égoïste qu'il est ?
    Magnifiquement écrit et judicieusement divisé en cinq chapitres qui se réfèrent à des scènes bibliques (Le Sacrifice d'Abraham, Le Veau d'Or, Le Sacrifice d'Isaac, Le Charpentier, La Fuite en Egypte), ce film émerveille, amuse et séduit irrésistiblement. Eugène Green ne bâcle rien, il invite à la contemplation et à l'ouverture du cœur. Et quand il donne place à la musique, lors d'une des scènes les plus belles du film, il laisse entendre la pièce musicale choisie dans son intégralité (une pièce de Domenico Mazzocchi interprété par le Poème Harmonique de Vincent Dumestre). Pur moment de grâce au sein d'un film qui entreprend précisément de chercher la grâce oeuvrant au plus secret des cœurs. 8,5/10
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 5 mai 2016
    J'aime les films d'Eugène Green.

    Pour leur lenteur, leurs plans fixes et leur langue. Une langue non pas châtiée mais tout simplement respectueuse de la syntaxe; ce qui est devenu si rare. Certes, ces dialogues non relâchés sont facétieux puisqu'on y prononce toutes les liaisons et qu'on y chasse l'anglicisme. Mais reproche-t-on à un artiste les marques de son style ?

    Je ne résumerai pas la trame narrative du film. Il est facile de s'en informer. De surcroît, je ne connais pas le nom des acteurs, ni les techniques cinématographiques. Je m'en tiendrai à deux ou trois choses simples pour le recommander à son public : l'honnête homme. Car ce film n'est pas fait pour les demi-habiles (les cyniques, ceux à qui on ne la fait pas, les "malins" !). Ils le jugeront mièvre ou ennuyeux. Mais sont-ce des hommes disposés à la grâce ?

    D'abord ce film est beau. Comme dans tous les films de Green, le Grand Siècle est omniprésent par ses arts. On peut penser légitimement que le XVIIème siècle est l'apogée de l'art français. On peut aussi ne rien y connaître. Mais on ne pourra pas ne pas être saisi par la parole, le chant et la musique baroque, par la vue des clairs-obscurs d'une scène ou d'un tableau.

    Ensuite ce film est drôle. La moquerie des petits milieux (ici surtout les lettreux germanopratins) fait rire de bon coeur.

    Enfin ce film est profond. Si la part consacrée à la satire est moindre que dans les précédents, c'est qu'il déploie davantage une grande méditation. Une méditation biblique à travers une réappropriation des grands scènes les plus connues mais rejouées aujourd'hui : le sacrifice d'Abraham, le veau d'or, la fuite en Egypte… Green parvient à nous montrer comme pour la première fois le bien connu. C'est surtout un film néotestamentaire car on peut y discerner d'un seul coup la naissance du Christ, l'abandon par le Père, son arrestation... Non pas sa mort à la fin mais des quasi-résurrections pour les quatre personnages principaux.

    Bref, Le Fils de Joseph est une apologie de la religion chrétienne. Non qu'il convertisse; Dieu seul le peut. Mais il rend la religion aimable. C'est beaucoup pour un film.

    Jean d'Azurapal pour parisvox
    cyclo86
    cyclo86

    15 abonnés 129 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 21 avril 2016
    Vincent (16 ans à peu près) n'a jamais connu son père. Sa mère le surprotège un peu, elle n'a jamais refait sa vie... Mais il souffre intérieurement : en farfouillant dans le secrétaire de sa mère, il découvre la vérité et qui est son père...
    Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue. Il y a une certaine irréalité (les acteurs disent le texte plus qu'ils ne le jouent, et font toutes les liaisons, ça fait curieux, mais j'ai bien aimé), et le film brasse beaucoup de thèmes : la solitude de l'adolescence, le milieu de l'édition (j'étais mort de rire devant ces cocktails mondains et la chroniqueuse littéraire jouée par Maria de Medeiros qui croit Nathalie Sarraute encore vivante), la solitude des adultes aussi, le besoin de paternité...
    Acteurs prodigieux, mention spéciale au fils (Victor Ezenfis), à la mère (Natacha Régnier, lumineuse) et au père que se choisit Vincent (Fabrizio Rongione, que je venais de voir dans "Le coeur régulier" il y a deux semaines, autre film très attachant, à des années-lumières des films d'action made in USA que je ne supporte plus). Discussion à la sortie, tout le monde trouvait le film superbe !
    Attention quand même, il est un peu spécial ! Après le "Quand on a 17 ans" de Téchiné, le "Keeper" de Guillaume Senez, un autre film sur les ados d'aujourd'hui.
    pierre72
    pierre72

    138 abonnés 367 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 22 avril 2016
    Visionner " Le fils de Joseph" est une expérience qui mérite d'être tentée. C'est un cinéma que l'on pourrait qualifier d'excentrique et, rien que pour cela, dans une industrie qui formate beaucoup, il est agréable que quelques uns tentent la marginalité.
    Le film démarre par une scène située dans une cave où trois ados s'amusent à torturer un rat. L'un d'eux, trouvant le jeu débile, préfère s'en aller. Déjà, en tant que spectateur, on commence à trouver que les deux jeunes acteurs qui jouent de l'aiguille à tricoter sont moyennement crédibles. Mais quand la caméra suit le fuyard et que celui-ci s'arrête pour converser avec un copain, le fou-rire m'a pris en même temps qu'une certaine inquiétude. Les acteurs, piqués plantés face à face, débitent sans l'ombre d'une intonation, comme une récitation apprise par coeur sans rien comprendre, un dialogue du genre :
    -Salut, ça va ?
    -Oui, et toi ?
    -Ca va! Tu vas z où ? (oui, toutes les liaisons, même celles qui ne se prononcent pas seront faites durant tout le film !)
    -Je rentre chez moi. Et toi ?

    Tout le film sera de cet acabit, filmé dans des décors épurés et peu crédibles et enchaînant des situations tout aussi improbables. Bien sûr, il y a une histoire de fils qui cherche à retrouver son père, le tout mêlé à un prêchi-prêcha biblique autour de Marie et Joseph et le sacrifice d'Abraham. Elle arrive à tenir la route mais uniquement parce qu'il faut bien se raccrocher à quelque chose. Ici, on se contente de peu, surtout qu'en toile de fond on trouve une satyre du milieu de la littérature et des bobos, qui se veut virulente mais qui n'accumule que les clichés les plus lourdingues. On oscille entre l'incrédulité et le rire moqueur. On est consterné par des blagues genre almanach Vermot que débite, toujours sans l'ombre d'une intonation, le jeune héros ( - Qu'est-ce qu'un naturiste révolutionnaire ? Réponse : un sans culotte ! On est prié de rire s'il vous plaît !). Les oreilles sont constamment sollicitées par des phrases énoncées ainsi :
    " - C'est le seul endroit t où j'ai été heureux.
    - Mon enfant t est né.
    - C'est t où ici ?
    - Laurent t a été malade. "
    Et pourtant, au fil des minutes, je ne sais ce qu'il s'est passé, mais cette volonté farouche d'être décalé finit par faire son effet...
    La fin sur le blog
    Laurent C.
    Laurent C.

    257 abonnés 1 133 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 30 avril 2016
    Eugène Green est un réalisateur inspiré. Son film "Le fils de Joseph" multiplie les références, allant de Wilde avec ses nombreux aphorismes, les Tragiques grecs, ou Proust. Le début grave s'annonce avec une musique religieuse triste, qui fait craindre une œuvre sinistre, réaliste dans la lignée d'un Truffaut. En fait, d'inspiration certes bibliques et évangélique, "Le fils de Joseph" constitue une sorte d'allégorie moqueuse sinon des bobos parisiens, en tous les cas des films d'auteur français, résolus à se prendre au sérieux. C'est l'histoire d'un jeune Vincent, qui s'invente un père à travers le frère de son propre père. Les personnages récitent le texte comme ils le feraient sur une scène de théâtre, faisant craindre a priori un style emphatique. En réalité, Eugène Green réalise bien une œuvre de cinéma ; il joue avec les champs, les hors-champs, les figures de caméra, tout en empruntant à sa narration un rythme théâtral. Le comique du film vient du fait que le réalisateur présente des personnages dans des situations totalement invraisemblables comme une infirmière qui habite un appartement magnifique dans le 3ème arrondissement de Paris, un éditeur qui a installé son bureau dans la suite sublime d'un hôtel de luxe. Bref, Green en rajoute dans le grotesque des situations. Néanmoins, si le point de vue est éminemment intéressant, on aurait préféré un film plus court, moins pédant parfois et plus léger.
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