C'est du film d’Orson Welles Vérités et mensonges que Jean-Luc Leon a eu l'idée de faire un documentaire sur un faussaire. Le metteur en scène explique : "Comme son nom l’indique c’est un film qui joue sur la frontière ténue entre réalité et mensonge qui évoque des faussaires, en peinture mais aussi en littérature. A la fin du film, une question vient immédiatement à l’esprit : « Et si un faux avait plus ou autant de valeur qu’un vrai ? ». Pas financièrement bien sûr… Le film de Welles sème le doute sur cette question, et personnellement je préfère les films qui sèment le doute plutôt que ceux qui assènent des vérités. En 1994, j’ai réalisé un documentaire sur le marché de l’art (Le Marchand l’Artiste et le Collectionneur) et j’ai tenté, sans succès, de trouver un faussaire qui se laisse filmer. Il a fallu le procès de Guy Ribes en 2010 pour que cela devienne possible."
Jean-Luc Leon s'est précisément centré sur Guy Ribes parce qu'il s'agit d'un faussaire qui a été jugé en 2010 après 30 ans de clandestinité. Il ne risquait donc plus de se faire condamner à nouveau et était même content de sortir de l'anonymat pour raconter sa vie au public. S'il était toujours en activité, il aurait couru un risque énorme en acceptant de se laisser filmer...
Si certains spectateurs trouveront que Guy Ribes a un petit côté gangster, c'est normal puisque le faussaire vient d'une famille apparentée au célèbre Gang des Lyonnais ! "Guy Ribes a traîné lui aussi avec les Lyonnais. Et ses parents tenaient une maison close… Naître dans un bordel n’est pas anodin, ça crée un rapport aux femmes très particulier. Son enfance a été rude", nous renseigne Jean-Luc Leon.
Le documentaire Un vrai faussaire met en lumière le fait qu'il existe deux types de faussaires, les copistes qui reproduisent des tableaux à l’identique et les gens comme Guy Ribes qui peignent "à la manière de". Jean-Luc Leon nous en dit plus sur la différence qu'il existe entre les deux :
"Un copiste a le tableau devant lui et doit le recopier à l’identique, en respectant certaines proportions fixées par la loi, il y a des copistes en permanence au Musée du Louvre mais ils doivent modifier de 10% ou plus les dimensions d’une oeuvre pour ne pas tomber sous le coup de la loi et ils n’imitent pas la signature de l’artiste. Ribes, lui, regarde deux, trois tableaux et en fait une sorte de remix. Il dit : « Picasso faisait 30 tableaux par jour dont certains qu’il déchirait, moi j’en fais un autre, entre le 22 et le 23ème ...» Et puis surtout : pas parfaits. Là où il s’est trompé parfois, c’est quand il a peint certains tableaux trop parfaits, trop aboutis, trop lisses. Il faut arriver, dit-il, à comprendre les erreurs du peintre d’origine et faire les mêmes."
Guy Ribes a peint entre 1 000 et 1 500 faux tableaux durant ses 30 années de "carrière". Il a donc été très riche pendant une époque et a dépensé beaucoup d'argent dans les casinos, les vêtements de luxe, les voyages lointains… Aujourd'hui, à 65 ans, il vit avec très peu mais est devenu célèbre du fait qu'il ait été démasqué et peut donc profiter de cette notoriété pour vendre sa propre peinture.