J’ai beau chercher, je ne trouve pas le moindre rapport, formel ou conceptuel, entre le nouveau film de Pablo Berger et le précédent, qui était une relecture de l’histoire de Blanche-Neige, en noir et blanc, dans l’univers de la corrida, presque une production arty et au minimum une oeuvre élégante. ‘Abracadabra’ est, lui, totalement protéiforme et contemporain, donc un peu vulgaire, est c’est sans doute intentionnel et propose un argument de départ assez sympathique. Une caricature de macho latin se transforme, après une séance d’hypnose, en mari idéal, à la grande inquiétude de sa femme : c’est donc une comédie. En fait, la séance d’hypnose a attiré l’esprit - c’est donc un film d’horreur - d’un tueur en série - c’est donc un thriller - des années 80 (c’est donc reparti pour les clins d’oeil nostalgiques à une période donnée, qui plus particulièrement faste dans le contexte espagnol). Bien entendu, une fois évacués ses aspects comiques et fantastiques, le film est une critique du machisme et une démonstration d’empowerment féminin, dans une veine étrangement “populaire� pour un “film d’auteur�, étant entendu que Berger peut effectivement être considéré comme un “auteur� sans qu’on doive se livrer à beaucoup de contorsions intellectuelles. Le casting est brillant à l’échelle espagnole et si le film me laisse l’impression d’être globalement bien écrit, bien monté et bien joué, il démontre une fois de plus que l’humour est décidément le concept le moins exportable du monde. Seul un Alex de la Iglesia, expert en (mauvais) genres bâtards, aurait pu apporter au film l’excès et la folie qui lui font manquent.