Le grand mérite de ce film est de mettre en lumière, et au premier rang, les laissés pour compte de notre société. Pour se faire le réalisateur a choisi deux formidables acteurs Hayley Squires et Dave Johns, que je découvre, tous deux, dans ce film. Impossible de rester indifférents. Ils sont justes, touchants, aimants, généreux, magnifiques. Les seconds rôles sont également bien vus. En particulier les conseiller(e)s chargés de recevoir les demandeurs d'emploi, ou d'autres, devenus inaptes du fait même de la maladie, mais obligés malgré tout de chercher un travail, aussi précaire soit-il. On peut avoir envie de hurler en attendant certains propos tenus par les prétendus conseillers, ou devant l'absurdité de ce système qui enfonce, plus qu'il n'aide. Ken Loach a déclaré au sujet du fonctionnement de cette administration, "Elle a mis en place des agences Pôle Emploi, dont le but n’est pas d’aider les gens mais d’ériger des obstacles sur leur chemin. Il y a des conseillers, comme on les appelle, qui ne sont pas habilités à renseigner les gens sur les postes disponibles, alors qu’autrefois, ils les accompagnaient dans leur recherche d’emploi. On leur fixe des objectifs chiffrés de gens à pénaliser." Paul Laverty livre un scénario, parfaitement écrit, fouillé, incroyablement documenté, douloureux, aussi. Démonstration parfaite de l'obligation d'avoir un minimum de connaissances en informatique, internet en particulier pour vivre aujourd'hui. La réalisation s'appuie avec efficacité et discrétion sur le combat quotidien de ces personnes. La recherche de Paul Laverty sur les banques alimentaires permet au réalisateur de mettre en images certaines scènes particulièrement douloureuses.