J’apprécie beaucoup les histoires qui manipulent le temps ainsi que les boucles temporelles. Cela fait très « Exercices de style » de Raymond Queneau, comment on peut refaire la même chose mais de façon différente ? Forcément ce nouveau film m’interpellait, même s’il est difficile à choper et qu’il fait très (trop ?) ado.
D’emblée, ce qui me dérange, ce sont les clichés des films ricains : la nana se réveille déjà fraiche, un groupe de filles avec une caractéristique propre à chacune (la sage vierge qui a son mec, la volage qui cartonne partout, la taciturne), la grande maison, la grosse voiture, l’avertissement au début qui trouvera son application ensuite (la réciproque du fusil de Tchekhov) comme le speech du début, le jeu de la popularité, la camarade de classe délaissée au look gothique ou dérangée (genre c’est pas à la mode, tu rentres pas dans les cases donc tu restes seule), les mythes habituels (1ère fois sacrée, les soirées, l’alcool mauvais)… Exaspérant, d’autant plus qu’on les retrouve dans de nombreux longs métrages US, pourtant de facture différente. Ensuite les actrices ont un actoring superficiel, trop typique de ce genre d’œuvres, la VF est pourrie avec des dialogues de teenagers, on a des longueurs faites de musique moderne très évitables, c’est très girly, le rythme se tient, le montage est clairet le côté repenti de l’ensemble est chiant.
Si la trame est connue depuis « un jour sans fin » les quelques modifications apportées à chaque reboot, les tentatives pour sortir de la boucle et la raison du recommencement sont intéressantes. On apprend pas mal de choses petit à petit, ça donne un côté enquête policière pas dégueu. On regrettera juste que l’héroïne soit trop molle parfois, qu’elle ne tente pas des choses folles ou qu’elle n’essaie pas tant de sortir vite de la boucle, après tout on ne sait pas si on reviendra encore en cas de nouvel échec. Le côté trop moralisateur est agaçant aussi : rejeter ses copines et leurs défauts méchants pour se rapprocher des vrais personnes, donc la lesbienne, le moche et la folle… De plus, la fin est un non sens et semble bâclée tant elle ne veut pas s’en sortir vraiment, puis elle est tellement convenue que ça finit de nous gaver.
Néanmoins, ça reste constructif, plaisant et pas mal fait. On en ressort pensif, plus optimiste, avec une envie de faire le bien, ça fait nunuche mais ça marche un peu. J’aurai juste préféré plus de risques et moins de mauvais choix, car là c’est juste trop prévisible et mièvre. Queneau partait dans des directions radicalement opposées, là j’ai pas une héroïne qui devient psychopathe pour voir ce que ça ferait. Du coup, si le sujet est sympa, le traitement est plus médiocre, trop ado comme je le redoutais, ce qui donne un ensemble plus insignifiant. De plus, revoir le film n’apporterait rien, contrairement à ses modèles, dommage.