Je viens de regarder le film « The Babysitter » et je l'ai trouvé intéressant. Après en avoir discuté avec des potes, il apparaît que mon avis est minoritaire. Comme j'aime bien parler de ces choses (et que pour une fois j'ai apprécié le film), je propose ici ma petite opinion.
Ma lecture du film est allégorique : à mon sens, The Babysitter raconte le passage de l'enfance à l'âge adulte.
Au début du film, Cole (12 ans) vit avec des parents surprotecteurs et a encore une baby-sitter. Malgré son âge, c'est un garçon que l'amour trop envahissant de ses parents a empêché d'évoluer. Et il n'est pas heureux de cette situation : Cole est peureux (
notamment la phobie des aiguilles)
, sous-estimé
(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
et nourrit une piètre opinion de lui-même
(sa tirade à Bee dans un moment d'intimité, « Merci de me connaître et de quand même me traiter comme si j'étais normal », atteste de son mal-être).
Justement, Bee la baby-sitter cristallise les aspirations de Cole, à la fois dans le rapport du préadolescent avec lui-même (Bee est décidée, optimiste, belle, intelligente ; tout ce à quoi Cole aspire) et dans sa sexualité naissante (le rapport au corps).
Vient la fameuse soirée, qui marque le début de la quête allégorique de Cole. Lorsque Cole quitte son lit pour espionner sa baby-sitter, il n'est pas loin de minuit, une heure très symbolique : un enfant de 12 ans dort bien avant, seuls les « grands » ont le droit d'être encore debout aussi tard.
Cole se retrouve donc en « terrain inconnu », un peu comme Alice tombant dans le terrier du lapin.
Les nouveaux personnages sont introduits. Parmi ceux-là, on a Samuel, le mec qui ne fait pas partie de la bande.
Samuel incarne le double de Cole avec quelques années de plus : un geek timide, qui porte des lunettes (comme Cole le fait au début du film) et mal à l'aise dans les situations sociales, plus encore quand il doit embrasser une jolie fille devant les autres.
Et là, paf. Samuel reçoit deux couteaux dans la tête. La mort de Samuel représente la mort symbolique de Cole (tel qu'on le connaissait depuis le début du film. Le fait que ce soit Bee qui tue Samuel n'est à cet égard pas innocent.
A la mort de Samuel, le groupe s'ameute autour de son cadavre pour récupérer son sang, un symbole de vie, afin de s'en servir pour le rituel. Cette récupération du précieux liquide a quelque chose de vampirique.
Qu'en est-il du rituel, d'ailleurs ? Le film nous apprend qu'il s'agit d'une incantation satanique à laquelle on mêle le liquide vital d'un sacrifié (Samuel) et d'un innocent (Cole), afin d'obtenir tout ce qu'on veut. On peut aussi comprendre « obtenir tout ce qu'on veut » par « Devenir la personne que l'on souhaite », retrouvant là le rapport enfance/adulte.
D'ailleurs, la participation involontaire de Cole au rituel constitue sa première épreuve : il doit supporter stoïquement l'aiguille de la prise de sang (en opposition à sa réaction hystérique à l'école, au début du film).
Cette sémantique du rituel vampirisant et de l'axe enfance/adulte donne lieu d'interpréter le rituel comme une « Renaissance ». Samuel, le double du Cole actuel, est mort, et son cadavre va servir à nourrir les aspirations des autres personnages.
A cet égard, chaque membre du culte incarne un « futur possible » de Cole (un futur nourri du cadavre de Samuel/Ancien Cole), un archétype de ce que Cole pourrait devenir après sa « Renaissance ».
En somme, chacun de ces personnages est le miroir de ce que Cole peut devenir en grandissant. Chacun d'entre eux est une option de l'avenir de Cole que ce dernier va rejeter
: voyons-les dans l'ordre de leur mort.
1° John, l'archétype de la victime
John représente le futur Cole si ce dernier décide de s'accommoder de sa condition de victime plutôt que de lutter contre. De fait, on a un personnage influençable, un peu bouffon, qui ne fait que suivre le courant et connaît peu le succès
(il ne reçoit même pas un baiser de Bee).
Dans la culture hollywoodienne des films d'horreur et autres slashers, le personnage Afro-Américain est souvent l'une des premières victime. Cette image trouve en outre un écho sociétaire (et parodique) dans les paroles de John
(« Black Lives Matter » quand il est braqué par un policier).
Enfin, John est le premier à mourir, et Cole le tue même involontairement : jusque dans sa mort, John est une victime (des circonstances).
2° Sonya, l'archétype de la sadique
Sonya représente l'inverse de John. Pour éviter de rester à l'état de victime, elle a décidé de devenir une tortionnaire. Même si on peut voir ça comme un « progrès » par rapport au statut de victime, la position de tortionnaire ne brise pas du tout le cycle toxique dans lequel sa psyché est enfermée : si Sonya est tortionnaire, c'est simplement parce qu'elle a peur d'être une victime.
Sa douloureuse mort dans une cave, brûlée par le feu (consumant de la haine?), est une juste rétribution.
3° Max, l'archétype de la force sans contrôle
A l'inverse de John et Sonya, le personnage de Max a trouvé en lui la force nécessaire pour briser le cycle victime-tortionnaire. Il est suffisamment sûr de lui-même pour ne pas vivre sous la coupe des autres, non plus que ressentir le besoin de brimer autrui pour se rassurer.
Seulement, si la force bien utilisée est représentée par l'archétype du « roi sage » protégeant les siens, son mauvais usage fait de l 'individu un tyran. Max est ce dernier.
Vantard, fier de ses attributs physiques
(torse nu)
, Max ne raisonne que par la force et laisse libre court à ses pulsions de violence (là où quelqu'un de meilleur les maîtriserait)
(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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Bien qu'on devine en Max un soupçon de sagesse,
(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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, le poussant donc à s'émanciper du cycle victime-tortionnaire, Max propose au jeune garçon une alternative guère plus enviable : un monde de violence.
Ce choix d'avenir est disqualifié par Cole
(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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4° Allison, l'archétype des apparences
Cheerleader impeccablement belle, Allison ne se préoccupe que de l'image qu'elle renvoie. Comme tous ceux trop plongés dans le culte des apparences, c'est un esprit creux, vaniteux, éminemment égoïste et mesquin,
(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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5° Bee
(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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(ses parents le prennent parfois pour plus bête qu'il ne l'est), se fait chahuter par d'autres élèves (Jérémy et ses deux comparses)
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L'enfant est devenu un adulte.