Le réalisateur décrit son film comme "une protestation contre les vies qui ressemblent à la mort. C’est une protestation contre l’ignorance, contre les lois qui empêchent les femmes de vivre librement, contre les traditions qui nous collent à la peau. Si ce film peut laisser un goût amer, il est selon moi profondément optimiste. Il met l’accent sur le chemin parcouru".
Suite à la Révolution iranienne de 1979, l’adoption de la loi islamique (la chari’a) modifie profondément la législation notamment en matière de droits de la famille. Le modèle matrimonial repose sur la domination de l'homme sur la femme : l'homme est le chef de famille à qui la femme doit se soumettre. La loi favorise l'homme en matière de divorce, de procréation et d'éducation. Depuis 1980, la femme peut initier le divorce si son mari lui en donne procuration. Cet accord doit être validé et renseigné sur le livret de famille. Il peut arriver que le divorce soit consenti si l'épouse est maltraitée ou si sa vie est en danger. En cas de séparation, la pension alimentaire n'existe pas et seules les femmes qui ont un certain niveau de revenu peuvent obtenir la garde de leurs enfants. Celle-ci est par défaut accordée au père.
Le réalisateur affirme que son cinéma est "nourri d’observations, de ressentis". Il s'inspire de ce qui l'entoure et plus particulièrement de l'histoire de sa petite soeur pour Les Rives du destin. Mariée à un homme sans emploi, elle a dû subvenir aux besoins de sa famille. Une situation qui a conduit à une dégradation de sa relation de couple, son mari se sentant humilié. Une fois divorcée, sa soeur s'est installée à Téhéran, causant la colère non seulement de son mari mais du reste de sa famille : "Elle venait de briser un tabou. Elle essuyait toutes les insultes. Comme dans le film, il la suivait partout. Cette histoire m’a marqué profondément. Sa vie misérable ne me quittait pas. J’ai fait ce film pour me libérer de ces pensées. J’ai juste changé les noms et les lieux".
Reza Attaran et Farideh Faramarzi, qui interprètent les personnages de Davoud et Rezvan, sont mariés dans la vraie vie. Ce choix n'est pas anodin de la part du réalisateur : il s'agit en effet d'une manoeuvre pour contourner la censure. De nombreuses autorisations sont nécessaires en Iran pour tourner un film. Le résumé de l’intrigue, le scénario, la liste complète de l’équipe de tournage doivent obtenir l’aval du Ministère. Les plateaux de tournage peuvent être surveillés afin que les autorités puissent s’assurer du bon respect des comportements islamiques. Une fois le tournage terminé, le film dans son intégralité, sa bande-annonce ainsi que son affiche sont examinés pour être approuvés. À chacune de ces étapes, le film peut être arrêté, coupé ou interdit.
La représentation du corps féminin est particulièrement contrôlée. En utilisant un couple marié dans son film, Abdolreza Kahani peut mettre en scène quelques contacts physiques acceptés par la censure qui lui impose toutefois de mettre un avertissement au début de son film pour expliquer les liens familiaux des acteurs.