Au cours de l’été seront sortis deux films aux scénarios assez proches, dans Irréprochable, Marina Foïs s’infiltre dans l’intimité d’une jeune et innocente rivale dont elle faisait son amie pour mieux l’anéantir…Dans Moka Diane ( Emmanuelle Devos) est une mère fracassée par la mort de son fils, renversé et tué par un chauffard qui ne s’est pas arrêté…on la voit au début dans une maison de repos où elle se remet de cette tragédie…elle est longuement filmée en plan rapproché, tout est dans le regard, un regard absent, perdu…puis elle se reprend et entreprend de devenir chasseresse…comme la police ne fait rien, d’après elle, elle fait appel à un détective, qui lui indique qu’un conducteur de bus, présent sur les lieux, a vu une voiture de forte cylindrée, de couleur marron clair, d’où le titre Moka, conduite par une femme bonde accompagnée d’un homme…il lui confie une liste de quatre voitures qui pourraient correspondre à ce signalement…on assiste alors à la chasse de Diane, silencieuse, observant une à une les véhicules possibles pour s’arrêter sur le coupé 300SL de la blonde Marlène, esthéticienne à Evian et vivant avec son compagnon, coach au centre thermal…Diane va alors entrer dans l’intimité de Marlène, jouant la cliente, puis essayant d’en faire son amie….comme dans Irréprochable, elle s’introduit dans la maison de Marlène en son absence, l’entraine dans une randonnée en montagne, comme Constance entrainait Audrey dans d’interminables joggings. Emmanuelle Devos est remarquable dans ce jeu ambigu entre une justicière hésitante et une coupable présumée…une atmosphère à la Hitchcock où elle est présente dans tous les plans, où tout passe par le regard, de la dureté au doute, de l’entêtement à l’empathie et une Nathalie Baye , amère et émouvante, en fausse blonde, lucide sur les ravages de l’âge, soupçonneuse sur la fidélité de son compagnon plus jeune qu’elle… Un face à face captivant entre deux grandes actrices , jusque dans les contrastes vestimentaires, Emmanuelle Devos , à peine maquillée, en basket et en parka verte informe, et Nathalie Bayle toujours impeccable, en chemisier léopard, perchée sur des talons aiguilles. Elles nous offrent un moment de pure émotion…Que dire du cadre, de Lausanne à Evian, entre lac et montagnes ce qui nous donne des images magnifiques…la fin est irracontable et le suspense dure …même si aux deux tiers du film j’ai eu quelques idées sur le dénouement… J’ai beaucoup aimé…