Le titre original, Desde Allá, peut être littéralement traduit par "De là-bas". Sa signification est double pour le metteur en scène Lorenzo Vigas Castes. Il fait référence dans un premier temps à la distance qui sépare le personnage d'Armando de ce qu'il désire (ces garçons qu'il attire chez lui mais qu'il refuse toujours de toucher). Dans un second temps, il témoigne de la distance qui sépare Armando de son obsession, incarnée par un vieil homme d'affaires.
Lorenzo Vigas Castes est fasciné par la thématique de la relation au père depuis son court-métrage "Les Elephants n'oublient jamais" où il était question du désir de vengeance d'un frère et une soeur contre leur père abusif. Il explique au sujet des Amants de Caracas qui explore le même sujet mais sous différents angles :
"Les liens qui unissent Armando et Elder, qui ont en commun de souffrir de l'absence de figure parentale, se resserrent progressivement, et on découvre également la relation compliquée qui unit Armando à un père absent. Toutes ces perspectives s'associent pour construire la psychologie des personnages du film."
L'histoire du film évoque également la crise sociale et économique au Venezuela qui a provoqué de nombreux bouleversements dans le pays. Ce dernier possède ainsi l'inflation la plus importante au monde, et l'écart de salaire entre les riches et les pauvres est incommensurable. Lorenzo Vigas Castes explique comment ce contexte est imbriqué dans l'histoire et les personnages du film :
"Elder est attiré par le monde confortable d'Armando, mais tandis que l'histoire se développe, cet attrait pour l'argent se transforme en relation affective. Les Amants de Caracas se déroule dans le Venezuela d'aujourd'hui, marqué par la lutte des classes, mais cette même histoire pourrait se dérouler dans n'importe quel autre pays. C'est ce besoin absolu d'affection qui lie les deux personnages – un besoin que tous les êtres ont en commun."
Lorenzo Vigas Castes a voulu filmer Caracas, la capitale et la plus grande ville du Venezuela, dans toute sa complexité sociale. Les Amants de Caracas montre ainsi toutes les strates de la société vénézuélienne, des quartiers pauvres de Caricuao aux quartiers riches. Et aussi les entre deux, « La Candelaria », le quartier dans lequel Armando habite. "C'est un quartier de classe moyenne qui a été transformé en zone d'habitations à loyers modérés. A cause de la crise économique lourde que le pays a traversé, Caracas et toutes les infrastructures vénézuéliennes ont subies de nombreuses transformations", précise le cinéaste.
Lorenzo Vigas Castes a voulu filmer la rue le plus naturellement possible, sans la mettre en scène, pour que la vie qui emplit les rues de Caracas se ressente au maximum dans le film. Le metteur en scène développe : "On y trouve une énergie que nous n'aurions jamais pu mettre en scène autrement. Je voulais tirer avantage de ce bouillonnement et filmer Armando comme un fantôme, presque invisible, comme noyé parmi les habitants de la ville. S'il est physiquement présent dans les rues, ses émotions, elles, sont prisonnières de son passé."