Ce film a été présenté hors Compétition en Ouverture de la Quinzaine des réalisateurs 2016.
Le film est adapté de Fais de beaux rêves, mon enfant, un livre autobiographique écrit par Massimo Gramellini. Paru en 2013 en France, il a été un best-seller en Italie.
Marco Bellocchio a été fasciné par cette histoire vraie, en tous points différente de la sienne. S'il n'avait pas lu le livre, c'est le producteur Beppe Caschetto, qui en avait les droits, qui le lui a fait découvrir. "L’histoire de cet enfant et des vicissitudes de sa vie d’adulte m’a profondément intéressé, c’est clairement un contrepoint flagrant à ma propre biographie", analyse-t-il. "Ce type de lien, de rapport à la mère n’a jamais existé dans ma vie et j’avais beaucoup de curiosité pour cette relation d’amour absolu, qui prendra fin brutalement avec son décès. Je me crois assez vacciné contre un certain sentimentalisme, contre le pathos, mais je ne voulais pas pour autant aller contre le livre. Le film lui reste fidèle".
Si le réalisateur a été fidèle pour retracer l'enfance et l'adolescence du personnage principal, il s'est permis plus de libertés en ce qui concerne sa vie d'adulte. Comme dans le livre, Marco Bellocchio a toutefois introduit la série Belphégor avec Juliette Gréco, comme contrepoint aux tourments du héros : "Il y a cette analogie, assez importante, au niveau du récit, le suicide de Juliette Gréco. Nous avons fait apparaître cette scène comme une révélation partielle : si ce n’est la découverte de la vérité, c’est au moins une première intuition concernant la mort de la mère", explique-t-il.
Marco Bellocchio a choisi de condenser Fais de Beaux Rêves en trois temps distincts. Plus que la ressemblance entre les acteurs de chaque époque, le réalisateur recherchait avant tout la qualité des acteurs.
Au départ, Marco Bellocchio avait quelques doutes sur le choix de Valerio Mastandrea comme acteur principal. Bien qu'il soit un excellent comédien, le réalisateur redoutait en effet que son origine romaine, soit un handicap pour jouer un personnage turinois. Bellocchio s'est finalement laissé convaincre par le regard de l'acteur, empreint de tristesse malgré une force de caractère évidente ; un contraste qui sied selon lui finalement bien au film.
Fais de beaux rêves a été entièrement tourné à Turin, aussi bien les extérieurs que les intérieurs. "Même l’appartement a été reconstitué dans un petit studio de Turin, pas très loin des usines de FIAT. (...) On a bien sûr tourné dans les rues de Turin, la villa sur la colline, l’hôpital c’est Turin aussi. Cela paraissait logique puisque le récit se passe là", raconte Marco Bellocchio. Certains trucages numériques ont également été nécessaires, afin de donner vie aux extérieurs visibles depuis l'appartement. "On a même dû reconstituer le stade car celui d’aujourd’hui est très différent".
Fan de cinéma italien, Bérénice Bejo a particulièrement apprécié de tourner pour Marco Bellocchio. Pendant le Festival de Cannes 2016, l'actrice a notamment confié au micro d'AlloCiné : "Il adore les acteurs, il veut toujours les mettre en valeur, il est très généreux... C'est un homme qui est dans la recherche du plaisir. Ce n'est pas un film de plus, il a envie de raconter quelque chose et va défendre son sujet. C'est vraiment très agréable".