Initié par une démarche artistique alliant atelier amateur d'improvisation, d'entretiens croisés, de séances d'écriture d'une durée de 6 mois, d'un tournage qui s'est déroulé sur 8 mois, on ne peut que louer la persévérance d'une expérience qui a été jusqu'au bout. A ma grande surprise, 5h17 c'est le temps de ce film qui ne parait jamais long contrairement à d'autres productions cinématographiques, chronique suivant 4 femmes aux abords de la quarantaine au Japon, bien loin des clichés et des stéréotypes du pays du soleil levant. Ni démonstratif, ni explicatif, ni contemplatif pour note plus grand bonheur, le récit est le reflet de nos vies. On finit par anticiper, par devenir les intentions des protagonistes, par sonder leurs pensées intérieures grâce à un mot suspendu, une inspiration, un geste, un regard... Surprenant. De belles séquences : un bateau naviguant sous un pont comme le passage d'une protagoniste pour une autre vie, séquences en contre jour, protagoniste traversant Kobe à la lueur du soleil crépusculaire de l'aube... autant de signes pour appréhender l'invisible à nos yeux, la vie intérieure de ces femmes. Comme la séquence de lecture des premières pages du prochain livre d'une jeune romancière, source d'une véritable révélation pour les protagonistes. Senses est au cinéma, ce qu'il devrait être toujours : une expérience. Un chef d'oeuvre ! Récompense amplement méritée pour les 4 comédiennes.