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traversay1
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4,0
Publiée le 7 mai 2018
Happy Hour est sorti au Japon en décembre 2015. Et le film de Rysuke Hamaguchi a fait un tour du monde des festivals dans les mois suivants. Comment donc le proposer aux spectateurs français s'est demandé son distributeur ? Non content de changer son titre initial pour celui de Senses (pourquoi pas ?), l'idée a été de le diffuser en 3 vagues successives en inventant un concept de "ciné-série" spécifiquement hexagonal. Qu'importe. Et s'il vaut mieux le voir en une voire deux fois, le fait est que l'on est en présence d'un long-métrage de plus de 5 heures qui mérite d'être apprécié à sa juste valeur, qui est grande. De là à en faire un immense chef d'oeuvre, il y a tout de même de la marge. Aux influences déjà repérées par certains (Cassavetes, Hong Sangsoo, Rohmer), on pourrait aussi ajouter Antonioni et Naruse. Et, sans doute, d'autres également sans que cela ne retire quoique ce soit à l'originalité narrative de Senses. Le film prend son temps pour nous présenter un quatuor de femmes japonaises, ni jeunes, ni âgées, ni belles, ni laides, extraordinairement ordinaires, dans un certain sens, ce qui les rend d'autant plus touchantes et universelles dans leurs questionnements et leur identité propre. Ensemble ou séparément, Senses réussit parfaitement à mélanger leurs vies professionnelle et privée, dotant chacune de ses héroïnes d'un caractère bien particulier. C'est un film sur la place des femmes dans la société japonaise d'aujourd'hui, y compris les divorcées, encore réprouvées. Ce qui est étonnant est la façon dont Hamaguchi s'éloigne parfois de ce qui semble sa trame principale en consacrant de très longues minutes à un atelier "d'interconnexions corporelles et sensorielles" (dans la première partie du film) et à une rencontre littéraire avec lecture intégrale d'une nouvelle (dans la dernière partie). Des moments un peu languissants qui paraissent digressifs mais qui ne sont pas moins reliés au reste du film, dans un approfondissement extrême des sentiments et des relations humaines. Senses est à la fois terriblement ambitieux et excessivement humble dans son traitement. Le genre de film qui n'enthousiasme pas nécessairement sur toute sa durée mais qui trace sa route avec sérénité et laisse une véritable trace dans les souvenirs des spectateurs.
Ce film étant encensé par une critique quasiment unanime, j'en attendais beaucoup. Un film, ou plutôt une partie de film puisqu'il s'agit là des 2 premiers volets, consacrés au toucher et à l'ouïe, de l'œuvre complète, avec ses 5 volets consacrés aux 5 sens. Vous devez savoir que ce film d'une durée totale de 5 h 17 va sortir en 3 morceaux, "Senses 1&2" étant le plus long (2 h 19). Franchement, je ne sais pas si j'irai voir la suite tellement "Senses 1&2" m'a déçu. Certes, le volet sociologique présente un certain intérêt, même si quiconque fréquente régulièrement le cinéma japonais est forcément déjà au courant de la place de la femme dans ce pays. Sinon, d'un point de vue purement cinématographique, la comparaison avec les films de Naomi Kawase n'est vraiment pas à l'avantage de Hamaguchi. Espérons que "Asako", en compétition à Cannes dans quelques jours, soit d'un niveau supérieur. En résumé : "Senses 1&2" n'est pas exempt de qualités, mais c'est loin d'être le chef d'œuvre qu'essayent de nous vendre la plupart des critiques.
A travers la belle amitié de quatre femmes de Kobé à l’orée de la quarantaine, deux premiers sens sont explorés : le toucher et l’écoute. Nous vérifions une fois encore que le cinéma japonais excelle à décrire les relations familiales ou amicales, finement, délicatement, franchement. Sous une apparence de trajectoires bien tenues, des perspectives intimes se mettent à jour avec une authenticité permise par le réalisateur qui prend son temps. Les personnalités changent, les vérités sont contradictoires et évolutives, les relations polies et parfois violentes. Quelques réactions peuvent nous sembler étranges et d’autres d’autant plus familières, avec des moments de maîtrise, courbettes exotiques et des élans de sincérité stupéfiants. Tant d’humanité dynamique redonne foi en la nature humaine. Les dialogues efficaces alternent avec des moments de silence et de calme, nous reposant de tant de productions didactiques et tonitruantes, tout en portant un regard critique envers les rapports installés dans la société nipponne entre garçons et filles, sans manichéisme. Nous ne pouvons que nous attacher à ces belles femmes pudiques, fragiles, subtiles, et attendre impatiemment de les retrouver dans les épisodes prochains.
C'est une expérience unique que propose le film fleuve Senses, qui sort en France découpé en trois parties ; 1&2 (sortie le 2 mai), 3&4 (sortie le 9 mai), et 5 (sortie le 16 mai).
Senses propose une exploration de la psyché féminine japonaise contemporaine, à travers le portrait de quatre femmes soumises aux (ô combien) pénibles oppressions patriarcales de la société nippone.
Autant le dire d'entrée, le film est remarquable de nombreux points de vue, mais celui qui frappe d'entrée est le suivant : on aura rarement dans le cinéma japonais contemporain aussi bien montré combien la femme japonaise est soumise à la fois aux volontés de son mari (elle ne peut divorcer si le mari ne le souhaite pas) et aux conventions sociales.
Au-delà de la condition féminine, le film de Ryusuke Hamaguchi expose avec une férocité placide toute la pesanteur des rapports sociaux qui existent dans son pays : politesse excessive, obséquiosité hypocrite. On aura rarement montré avec une telle force à quel point les émotions telluriques de l'âme humaine sont dans l'archipel japonais recouvertes d'une croute de conventions aliénantes.
Senses est donc si l'on veut une sorte de Desperates housewives revisitées par un cinéaste qui emprunte à la fois à Cassavetes (pour sa façon d'étirer les scènes au-delà du convenable) et à Ozu (pour la sage sobriété de sa mise en scène).
Si l'ensemble n'est pas constant dans l'excellence (comment pourrait-il l'être pendant cinq heures ?), il faut souligner l'extraordinaire prestations des quatre actrices, justement récompensées au Festival de Locarno. Les acteurs masculins sont par contrastes assez monolithiques.
La mise en scène de Hamaguchi brille par un mélange de classicisme qui rappelle Bresson ou Rivette, alliée à de brusques fulgurances qui saisissent le spectateur : je pense notamment à cette façon inimitable de proposer des plans face caméra au détour d'une conversation.
La finesse dans l'approche psychologique des personnages et les variations subtiles qui émaillent les longues de scènes de discussions collectives montrent à quel point le réalisateur est habile : j'ai hâte de découvrir son nouveau film en compétition, au Festival de Cannes.
Le charme de cette série japonaise vient de son côté faussement improvisé-comme souvent dans les séries- se conjuguant habilement avec la conception du temps et du mode de vie des japonais. Société de la soumission, du polissage, et de l’attachement à la forme, les japonais travaillent beaucoup et profitent pleinement de leur temps libre. C’est ce que font ces quatre femmes de milieux et de statuts différents dont la vie, à l’image de l’épais brouillard de la première séquence semble obstruée. Elles se retrouvent le temps d’un week-end ou lors d’un atelier sensoriel ( le toucher) pour échanger. Il s’agit bien, par les sens de renaître avec le langage, c’est l’atelier qui va permettre de libérer la parole, et finalement de se connaître. Le talent de ce réalisateur c’est surtout, de superposer deux niveaux : dans de longs plans séquences, les langues progressivement se délient, et si la charge émotionnelle reste parfaitement maîtrisée, elle n’en laisse pas moins paraître une violence inouïe qui vient sèchement balayer tous les fondements de la société nippone.
Une magnifique étude de mœurs décryptée à travers les sens ... cette première partie livre une analyse à la fois contemplative et subtile des rapports humains particulièrement portée sur l’altruisme et la conscience de l’autre ... hâte de voir la suite !
C'est un film de 2h20 qui en paraissent deux fois moins. Et pourtant (qu'on n'en soit pas effrayé !) on peut dire qu'il ne s'y passe pas grand-chose : quatre femmes et leur amitié forte, mais ordinaire, dont les rapports vont être légèrement meurtris par des questions d'ordre conjugal. Les scènes s'étirent parfois, quoique sans lassitude pour le spectateur, observateur sans cesse tenu en éveil par la découverte progressive de ces âmes sensibles (les quatre héroïnes, leurs conjoints, et tous ceux qui gravitent autour). Tout dans ce film a l'air précieux (au meilleur sens du terme) , fragile, spontané. Autant dire que pour parvenir à un tel résultat, les acteurs doivent donner beaucoup d'eux-mêmes. Ce spectacle est fascinant.
de très beau moments, profonds et délicats, mais aussi des longueurs ennuyeuses, une demi heure en moins aurait valu plus d'enthousiasme à ce premier volet...
J'ai eu la chance de découvrir SENSES dans son intégralité lors d'une avant-première. Etant sensible à la culture japonaise, je dois dire que j'étais très impatiente de découvrir ce film-fleuve en 5 épisodes. Chaque sens (toucher, ouïe, vue, odorat, goûter) étant associé à un épisode. SENSES nous permet d'être au plus près de ses personnages, avec autant de plaisir que de fascination, nous nous attachons à chacune d'entre elles, au fur et à mesure de leurs états d'âmes, remises en question et évolutions au fil du récit. Un film de femmes, d'amitié, d'amour, de questionnements intimes et évidemment une analyse très fine des rapports humains dans la société japonaise. La justesse des comédiennes, la finesse de la mise en scène et la richesse des thèmes abordés en font pour moi un des meilleurs films de 2018.
Il est bien entendu compliqué de juger ce film qui n'est en réalité qu'une partie d'une oeuvre plus vaste qui se dévoilera semaine après semaine dans les salles françaises mais je dois dire que cette première partie de "Senses" m'a convaincu. Plastiquement réussi, Ryusuke Hamaguchi propose un long-métrage d'une grande douceur et empli de poésie. Le cinéaste japonais porte un regard très tendre sur ses actrices qu'il sublime par le biais de sa caméra, imposant ainsi à l'écran des portraits de femmes fortes et attachantes. Le long-métrage vaut également le détour pour le regard très juste et complet qu'il porte sur la société japonais actuelle, Hamaguchi proposant une fresque sociétale saisissante de réalisme qui met en évidence par le quotidien de ses personnages les particularités et les dysfonctionnements du Japon moderne. Le film prend son temps, parfois trop, si bien que je suis tout de même ressorti de "Senses" avec l'impression d'avoir assisté à une scène d'exposition étirée sur deux heures 20. Le long-métrage s'arrêtant au moment où l'action semble enfin décoller, je suis ressorti un peu frustré de cette séance mais également séduis par le travail d'Hamaguchi et impatient de découvrir la suite de cette oeuvre foisonnante qui semble loin d'avoir dévoilé tous ses secrets.
Ce film est simplement SPLENDIDE. Il est rare de se sentir aussi proche des personnages, en totale immersion... Les quatre actrices, merveilleuses par leur finesse et leur grâce émotionnelle, sont de véritables révélations... Hâte de voir la suite.... Et le prochain film de Ryûsuke Hamaguchi, en compétition officielle de Cannes 2018 ! Senses 1&2 est officiellement le plus beau film que j'ai vu en 2018. Le plus audacieux et le plus original aussi... A voir, à vivre, à savourer. Du grand cinéma!