Comédie de mœurs respectable, louée par la critique dès son passage cannois, Victoria, de Justine Triet, est bien avant toute chose une véritable consécration pour Virginie Efira. Qu’il est donc loin le temps ou la comédienne belge arpentait les plateaux de télévision dans la peau d’une animatrice lambda. La voici métamorphosée en actrice investie, solide, bien d’avantage naturelle que bien des ses consœurs. La reconnaissance quasi unanime de Victoria par le presse spécialisée permettra, sans doute, à la belle de parfaire sa carrière, prometteuse, à n’en pas douter. Pour autant, qu’en est-il réellement du film de Justine Triet, comédie au sens large du terme, portrait psychologique et social assez fin d’une femme active?
Avocate du barreau à ses heures, Victoria devient mère au foyer la nuit. Elle devient aussi patiente d’un psychanalyste et d’une voyante peu bavarde, ex-femme malmenée par son ex, bavard sur le net, hôte d’un curieux personnage, ancien dealer, et finalement celle sur qui s’appuie la défense devant la justice d’un bon ami embringuer dans une sale histoire de tentative d’homicide. A ce rythme-là, Victoria ne pourra résister à la dépression, qui guette tapie dans la l’ombre. L’histoire, le tracé d’une vie, d’une apogée à une autre, en passant par le fond du fond. Une histoire d’amour, discrète mais présente tout du long, une histoire d’activités professionnelles, pour ma part la meilleure part du film, et l’histoire d’une femme active, trop active, dans un monde qui ne pardonne rien et qui exige toujours d’avantage des âmes errantes qui le peuplent. On peut donc, résolument, dire de Victoria qu’il est un film pertinent.
Réussi certes, le film n’en demeure pas moins quelque peu vague, par instants, dans sa manière d’aborder une panoplie de sujet dont certains sont sous-exploités. Victoria, à la manière d’un certain cinéma indépendant américain, dépeint une tranche de vie de manière appliquée mais ne raconte, in fine, que bien peu de choses. Le type de film, en somme, qui s’appuie sur la prestation des comédiens, ici impeccables, et sur une manière dirons-nous artistique de dépeindre le quotidien, une forme de banalité. A ce titre, pour ce qui est de qualifier le film de comédie irrésistible, voir l’affiche, je n’irais pas jusque-là. Sans doute une manière maladroite d’amadouer un plus large public.
En définitive, voici un film relativement solide dans son genre, surtout du fait des prestations remarquées et remarquables de Virginie Efira, et dans une moindre mesure, de Vincent Lacoste et Melvil Poupaud. Les amateurs apprécieront sûrement. Pour les autres, trompés, certainement, par une affiche aux slogans un tantinet surfaits, la pilule risque d’être moins facile à avaler. Cela étant dit, Victoria incarne sans doute une certaine frange du cinéma français la plus respectable. 14/20