Diplômés de la Fémis, Kostia Testut et Paul Calori ont réalisé ensemble en 2007 le court-métrage Le Silence des machines une commande dʼArte sur le thème «Vous êtes viré ! ». Explorant la voie ouverte par Stanley Donen dans Pique-nique en pyjama (1957) ou par Jacques Demy dans Une chambre en ville (1982), ce court-métrage se donnait déjà pour défi de traiter dʼun conflit social par le biais de la comédie musicale.
Pour Kostia Testut et Paul Calori, les chansons permettent idéalement de développer des personnages. Ils racontent : "Une chanson permet d’exprimer en trois minutes l’essence d’un personnage : ses sentiments, ses rêves, ses frustrations, ses fantasmes, ses ambitions, son passé. C’est comme se brancher directement sur le cerveau de celui-ci, en court-circuitant les règles habituelles de l’exposition et de la caractérisation. Le personnage devient expressif à la puissance dix".
Kostia Testut et Paul Calori ont fait appel à plusieurs auteurs et compositeurs différents afin de varier les styles des chansons, et ainsi offrir une plus grande palette de personnages sans tomber dans la répétition : Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal, Albin de la Simone ou encore Olivier Daviaud ont ainsi participé au long-métrage. Ce dernier, compositeur des bandes originales de Gainsbourg vie héroïque (2010) et Le Chat du Rabbin (2011) de Joann Sfar, est aussi le directeur musical du film.
Kostia Testut et Paul Calori ont choisi de situer l'intrigue de leur film dans une usine de chaussures de luxe, pour plusieurs raisons : "C’est un marqueur social qui caractérise immédiatement un personnage (...). Il est la métaphore de l’avancée d’un personnage, de sa droiture, de sa dignité, de son endurance. C’est un symbole ancestral aux niveaux de lecture sans fin : symbole sexuel, qui fait l’objet de fétichisme et de fascination ; fil rouge de nombreux récits traditionnels, comme Cendrillon", expliquent-ils. "Et bien sûr, ça colle parfaitement avec la comédie musicale et la chorégraphie : le jeu autour du pied, de la danse". Le tournage a également eu lieu à Romans-sur-Isère, qui a connu une forte activité industrielle après-guerre grâce à la chaussure de luxe.
Pour interpréter les ouvrières de lʼusine de chaussures de luxe où se déroule lʼhistoire, les réalisateurs ont souhaité travailler avec des danseuses professionnelles, venant de la danse contemporaine, du hip-hop ou encore du cabaret. Pour lʼanecdote, ces danseuses ont réalisé en secret durant le tournage un authentique “calendrier de charme”, quʼelles ont imprimé pour lʼéquipe, et qui est devenu une pièce collector…
Lʼaffiche a été dessinée par Pascal Rabaté, célèbre auteur de bandes-dessinées (notamment Ibicus, 1998-2001) et lui-même réalisateur des films Les Petits Ruisseaux (2010), Ni à vendre ni à louer (2011) et Du goudron et des plumes (2014).