"Suburra" de Stefano Solima – La chronique qui parle avec les mains !
Viscéral, mordant, nihiliste, sans concession, « Suburra » est une petite perle noire tachée de sang.
Somptueusement filmé, ce film est un bijou de maîtrise. Stefano Solima, le réalisateur de « All Cops are Bastards », réalise un film de haute tenue. Les éclairages sont superbes, l’image étincelante et les plans sont monstrueux de virtuosité.
A travers cette Italie gangrénée, corrompue, c’est un monde en déliquescence qui s’effondre, vit ses derniers instants. Le sujet traité se passe en Italie mais il est surprenant de constater qu’il fonctionnerait dans n’importe lequel de nos pays occidentaux tant la situation décrite résonne de justesse. En effet, c’est une vision acérée du jeu politique qui est abordée. Un jeu qui consiste à se favoriser entre gens du monde, politiciens, financiers et hommes d’affaires.
Tout est si millimétré que le moindre grain de sable pourrait renvoyer à la poussière ce système de castes et de passe-droit. Et c’est ce qui va se passer. Un jeu de domino où une action va en déclencher d'autres de manière tragique et donner suite à une avalanche de violence.
Ce n’est évidemment pas qu’un film politique, c’est aussi un formidable film noir, un polar sans concession. Chantage, meurtres, sexe, extorsion, trahisons, drogues, prostituées, règlements de compte, combats de petits chefs. Pendant 2h15, l’histoire va nous montrer ce que la terre compte de pires racailles, quel que soit leur milieu social, et leurs turpitudes. Une étude humaine de haut vol.
Le film n’a peur de montrer ni la violence à l’état brut ni les corps dénudés en full frontal. Certaines scènes sont d’un érotisme sauvage et cru que l’on est peu habitué à voir sur grand écran. La caméra lèche les corps
La musique est magistrale, distille une ambiance de fin du monde. Elle hypnotise le spectateur tout le long du métrage.
Les acteurs sont puissants, le casting est monstrueux : Pierfrancesco Favino, Elio Germano, Claudio Amendola, Alessandro Borghi, Greta Scarano, Giulia Elettra Gorietti, Jean-Hugues Anglade, une brochette d’acteurs magnifiques. Quel bonheur de les voir évoluer, s’affronter, se jauger, se parler, s’aimer parfois. Le film nous fait passer par tous les registres, du drame intimiste à l’explosion des sens et des sentiments.
Quand arrive le générique de fin, une musique lancinante (du groupe M 83) nous emporte vers les cimes du plaisir accompagné de la sensation d'avoir passé un extraordinaire moment de cinéma !