Creep, réalisé par Patrick Brice et porté par un Mark Duplass glaçant, est un found footage minimaliste qui réussit le pari de faire monter la tension avec presque rien. Pas d’effets spéciaux, pas de scènes gores spectaculaires : tout repose sur l’ambiance, les non-dits, et le malaise grandissant que provoque la relation entre les deux personnages.
Le film suit Aaron, un vidéaste engagé pour filmer un homme isolé dans les montagnes. Ce dernier, Josef, se montre d’abord excentrique mais sympathique… jusqu’à ce que le malaise s’installe, lentement, sournoisement. Et c’est là que Creep brille : dans sa capacité à faire naître une tension palpable uniquement à travers des dialogues, des silences pesants, et des situations ambiguës. On se retrouve sans cesse sur le fil, à se demander si ce qu’on voit est absurde, inquiétant, ou les deux.
Mark Duplass est excellent dans le rôle du “bizarre pas dangereux” qui devient peu à peu franchement inquiétant. Le film joue avec les codes du thriller psychologique et les pousse à l’extrême, jusqu’à créer un malaise presque physique, comme si on assistait à quelque chose d’intime et de dérangeant qu’on ne devrait pas voir.
Cependant, le principal point faible du film reste la fin, ou plus précisément le choix final du personnage principal, Aaron. Sa décision de rester en contact avec Josef, malgré toutes les preuves qu’il est dangereux, semble totalement incohérente avec ce qu’il a vécu auparavant. Cela fragilise le réalisme psychologique jusque-là très bien installé, et fait un peu retomber la tension dans l’absurde. On comprend le besoin de choquer ou de surprendre, mais cela se fait au détriment de la crédibilité.