Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Skipper Mike
90 abonnés
650 critiques
Suivre son activité
4,5
Publiée le 26 juin 2014
Jean-Luc Godard évoque la prostitution dans "2 ou 3 choses que je sais d'elle", mais il la banalise au point d'en faire un élément constitutif du Paris des années 60. On est ainsi loin du lyrisme de "Pierrot le Fou" : les scènes sont décousues et commentées par une voix off murmurée refusant toute manifestation d'émotion. On a droit à de nombreux témoignages de personnages face caméra, des scènes de la vie quotidienne ou des discussions banales sur la guerre du Vietnam, si bien que le portrait de la société semble objectif et fidèle, alors que le point de vue du cinéaste est omniprésent. Celui-ci se permet de nombreuses audaces, avec des intertitres ou un semblant de collage d’œuvres pop – tout de même moins présent que dans "Pierrot le Fou" –, mais aussi un décalage entre le commentaire et les images. On retiendra surtout la plongée vertigineuse dans une tasse de café ainsi que la mise en scène des prostituées par les clients. Refusant tout naturalisme, Godard effectue néanmoins une analyse très pertinente d'une société de consommation en pleine expansion. Le beau plan final est d'ailleurs représentatif de cette pensée, celle d'un réalisateur qui constate mais refuse de juger.
Ce qu'il y a de bien avec Godard, c'est qu'il ne laisse jamais indifférent. Il nous livre ici un film prout-prout, à base de phrases bien souvent sans queue ni tête. Blablabla. C'est chiant et cela n'apporte rien. La forme est en revanche plus intéressante, avec l'alternance de monologues, de scènes du quotidien, d'images sur lesquelles apparaissent les thèmes abordés, de chuchotements du narrateur. Le cadrage sort lui-aussi de l'ordinaire. Pourtant, le résultat est décousu et assez ennuyeux. On ne saisit pas pourquoi on passe d'une séquence à une autre. On ne comprend même pas parfois certains passages à cause de la qualité déplorable de la bande son. Bref, il s'agit pour moi d'un beau bordel qu'on veut nous vendre comme une brillante analyse sociologique.
Et Godard le cinéaste devint Godard le théoricien de l'image pour le meilleur et pour le pire surtout! Difficile d'être insensible aux fulgurances, aux commentaires souvent si justes sur le monde contemporain, de ne pas être ébloui par l'unité visuelle, mais......on n'est déjà plus dans la narration mais bien dans la démonstration d'où une pesanteur qui ne s'améliorera pas par la suite pour finir par lasser Godard lui-même. Dommage, d'autant qu'il faut bien l'avouer....on t'aime bien, Jean-Luc!
Avec ce film, Godard aborde un sujet récurrent dans son oeuvre : la prostitution. Mais plutôt que de faire le portrait d'une prostituée, il nous offre la journée d'une femme obligé de vendre son corps. Ce choix scénaristique s'impose par le contexte dans lequel le film à été fait et inspiré par un article sur la prostitution. JLG y retrouve Marina Vlady, ancien amour, qui campe l’héroïne du film. Néanmoins, Godard se perd parfois dans son sujet et, de ce fait, le film accuse parfois des lenteurs. Ce film reste cependant très bon si l'on passe outre ces choix.
Godard a, comme l'a très justement fait remarquer Truffaut, "pulvérisé le cinéma". Avec lui, pas de règles ni de limites sur quoique ce soit. Oublié l'enseignement traditionnel du septième art, place à la création pure et simple, allant bien au-delà encore du concept de "Nouvelle Vague". En fait, à la fin de la décennie 60, le cinéaste était en train de délaisser petit à petit le semblant de structure qui avait coordonné ses premières oeuvres pour se livrer à des essais mettant en avant ses idéaux politiques et entreprenant une série d'innovations toutes plus folles les unes que les autres, ayant un impact parfois très positif sur le spectateur mais de temps à autres un effet néfaste étant la conséquence d'idées superflues brassant quelque peu du vent. Dans "Deux ou trois choses que je sais d'elle", Godard a voulu montrer que la région Parisienne n'engendre que de la prostitution (à prendre dans un sens très large). Autour de ce thème, il orchestre une voix-off dictée bassement et faisant office de véritables discours revendicatifs. En parallèle, des scènes superflues et sans grande cohérence s'enchaînent, emboîtant des images abstraites et des dialogues absurdes, des situations surréalistes, des personnages qui ont des rôles à interpréter à divers degrés et philosophant sur tout et n'importe quoi avec une liberté certes jouissive mais souvent ennuyante du fait qu'il n'y a pas d'objectif réel semblant ressortir de cet étrange long-métrage bien évidemment loin d'être mauvais, qui ne m'a cependant tout simplement pas provoqué les frissons émotionnels équivalents à d'autres films signés Godard. Pour faire simple, il s'agit d'une oeuvre décousue à l'extrême, sans sens mais malheureusement sans grande poésie non plus (à part quelques trop rares instants isolés) qui donne un impression d'énorme pot-pourri regorgeant de bonnes et de mauvaises idées et n'ayant tout simplement pas de rythme, pas un minimum de consistance. Du coup, cela devient régulièrement pénible.
Facile pour un spectateur de 2010 de démolir un tel film, mais faut se remettre dans le contexte : époque politisée à l'extrême où la culture baignait dans une sociologie marxisante. ça se voit ici, Godard se dresse, intellectuellement, contre "le grand vilain méchant Kapital et son complice le pouvoir gaulliste". Mai 68 va bientôt arriver...Sur le fond, le discours, bouillie philosophique gauchiste est incroyablement daté et franchement lourdingue. D'ailleurs on décroche sans arrêt. Sur la forme maintenant : film complètement déstructuré, sans queue ni tête, touché parfois, on ne sait trop par quels miracles, par quelques instants de poésie et de grâce précieux : la voix susurrée de Godard, le regard de Marina Vlady (le plus beau du monde, sans doute !), un gros plan sur une tasse de café...
Sous couvert d’analyse sociologique de la banlieue parisienne (car le « elle » du titre n’est pas le personnage de Marina Vlady, qui ne sert que fil conducteur entre quelques morceaux du film, mais bien l’Ile de France), Jean-Luc Godard s’essaie à des méthodes de narrations expérimentales avec la prétention intellectualiste qui caractérise son œuvre. Mais, alors que le discours se prétend être politiquement engagé, l’insupportable voix-off chuchoté ne fait que déblatérer que des inepties et des lieux communs sur les grands débats des années 60 (explosion du consumérisme, guerre du Viêt-Nam, politique industrielle…) tandis qu’à l’écran défilent des scènes sans rapports les unes avec les autres. Le travail de patchwork scénaristique et de collage d’images de Godard était, avec Deux ou trois choses que je sais d’elle, est encore balbutiant et n’a abouti qu’à un objet cinématographique flou et vide de sens, mais qui marque les prémisses de ce style que le réalisateur ne lâchera plus, sans se soucier de perdre en chemin le soutien du public amateur de la façon qu’avait le cinéma de la Nouvelle Vague de raconter des histoires concrètes.
Difficile de résumer ce film car il n'y a pas vraiment d'histoire ; c'est plutôt un collage de scènes, à l'image du patchwork de l'affiche. Godard a dynamité la narration classique, se livrant ici à une sorte d'essai qui brasse - tous azimuts - des réflexions sur la société française des années 1960 (société de consommation qui aliène l'individu), la politique de la ville, la guerre au Vietnam, le langage et la sémiologie... Cette déconstruction du discours est très moderne, certes, mais aussi confuse, voire hermétique, et prétentieuse dans son peu de souci en matière de communication. Toute cette broderie intello est globalement agaçante, parfois ennuyeuse. Heureusement, la liberté de ton donne aussi quelques moments étonnants et drôles, notamment grâce à Christophe Bourseiller, alors tout jeune. L'entendre raconter un rêve sur le Vietnam du Nord et le Vietnam du Sud, ou disserter sur la camaraderie à l'école, est assez réjouissant.
50 ans plus tard, "2 ou 3 choses que je sais d'elle" sonne comme une tentative d'analyse ethnographique d'un monde qui se transforme : banlieue, moeurs, famille. La magie des couleurs, cadrages, décalages, dialogues abscons fonctionne toujours, tant ils restent rares. Sur le fond, le film sonne plus comme une oeuvre résignée, un passage à la maturité et au désenchantement où rien ne vient sublimer la démonstration.
C’est ce qui s’appelle « du pur Godard ». Avec toutes les qualités et tous les désagréments que ça implique… Déjà, réjouissons-nous : il aurait pu nous dire quatre ou cinq choses à son propos, et le spectateur aurait succombé, forcément. Qu’il ne se passe rien, qu’il n’y ait pas d’histoire linéaire ne devrait pas forcément empêcher le spectateur de s’intéresser au film. Le découpage un peu brouillon du film finit par porter un message confus. La volonté de distanciation marche un temps, puis lasse, vraiment. Marina Vlady n’est pas convaincante, c’est voulu. Mais, dans un film « social », avec un propos politique, si rien n’est convaincant, que faire, que penser ? N’empêche, certaines qualités sont indéniables. L’humour de God-Art, imprévisible, qui se pointe quand on n’attend plus rien du film. Et puis, la scène du café, bien sûr ! Magnifique, magique, intersidérale… elle compenserait presque l’heure d’ennui qui suit… Deux ou trois choses que je sais de lui, du film, c’est qu’il est bien quand on l’a vu, mais que le voir, ce n’est pas forcément évident.
Acerbe pamphlet contre la société de consommation (ou de prostitution pour reprendre la comparaison de Godard), «2 Ou 3 Choses Que Je Sais d'Elle» peut pourtant être appréhendé d'une multitude de façons, qu'elles soient sociologique, politique, philosophique, artistique, etc. S'il constitue l'un de ses premiers films « éclatés » (ou fumeux pour ses détracteurs), dans la droite lignée de «Masculin Féminin» il garde pourtant encore bien des éléments qui le rattachent à quelque chose de tangible, ne serait-ce qu'à son cinéma passé. Par où commencer? Peut-être d'abord par le point principal : la société, notre société (du moins celle qui fut la sienne dans les années 60, pas si éloignée de la nôtre, la preuve!). Godard s'interroge en effet sur ce qui lie les gens, sur leurs rapports, mais aussi sur ce qui les meut, sur leurs désirs, leurs aspirations... Et le constat est accablant : n'y a-t-il donc plus que le bien-être matériel et le statut social qui intéresse les hommes et les femmes? Le phénomène n'est pas nouveau, tout comme la prostitution. Seulement de plus en plus il évolue en dépit du bon sens et des réelles nécessités humaines. Il s'agit aussi d'un film sur le bonheur, et donc sur l'amour. L'amour faux et l'amour vrai, qu'est-ce donc? Et puis sur l'art, sur le cinéma qui se filme, sur l'artiste qui fait son autocritique en direct : que faire, que dire, que montrer, comment s'exprimer, comment faire pour dire? On pourra discuter de la réponse apportée par Godard dans son oeuvre, audacieuse mais déstabilisante, voire exaspérante (sans doute le corollaire). Dès «2 Ou 3 Choses..» l'on peut se demander en effet si toutes ces pensées, ces slogans, ces aphorismes, bref ce flot continu de paroles ont leur place au sein du 7e art. Mais l'interaction entre son et images est belle et bien là, dommage qu'elle se fasse parfois aux dépens du pouvoir suggestif des dernières, souvent « réduit » (c'est bien sûr relatif) à un contrepoint du langage parlé. Du pur Godard. [3/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Une partie du film me passe au-dessus, à cause du goût un peu pénible de Godard pour l’aphorisme et la citation. Une autre partie a mal vieilli, parce que le cinéma de Godard est un cinéma du présent, ce qui rend certaines de ses dénonciations difficiles à comprendre, à une époque où ce qui était nouveau pour lui est devenu banal ou obsolète pour nous (grands ensembles, télévision, stations essence, magasins, flipper, livres de poche, etc.). Le reste m’a paru d’une naïveté qui est parfois gênante (mettre toutes les formes de domination dans le grand sac indifférencié de l’anticapitalisme) et parfois très belle (la réflexion sur le langage, déjà présente dans Vivre sa vie, la nostalgie d’une vraie présence au monde). L’ensemble est plutôt réussi, mais je suis gêné par le simplisme consistant à faire du monde moderne une prostitution géante, tout en habillant ce propos d’effets inutilement compliqués.
Godard a perdu Karina et son cinéma a du coup perdu toute émotion. Portrait peu crédible d'une banlieusarde se prostituant, le pendant social de "Belle de jour" est loin d'être au niveau. Reste Marina Vlady dont le charme slave donne un peu d'âme à un film qui en manque terriblement. Par contre, l'inventivité de la mise en scène de Godard est indéniable.
Une chose est claire dans mon esprit après avoir visionné ce film, je préfère de loin Godard lorsqu'il s'interroge sur la société qui l'entoure, sur le concret, lorsqu'il réfléchit presque à voix haute comme ici. en effet, dans 2 ou 3 choses que je sais d'elle, j'ai la sensation qu'il pénètre beaucoup plus efficacement certaines vérités, qu'il évoque quelque chose, beaucoup plus en tout cas que dans l'abstraction de la théorie politique de La Chinoise de la même année en tout cas.
Lorsqu'il parle de la ville, Godard décrit avec la précision d'ethnologue qu'il revendique ce qui parait put être la pire monstruosité possible, c'est à dire ce parasitage permanent du langage. Par le bruit qui couvre les conversations le montage sonore souligne régulièrement la pensée du cinéaste. Et puis, peu à peu, on passe au questionnement sur les signes du monde, qui nous sollicitent, nous agressent ou nous attirent selon les cas, puis on en vient à l'image elle même et à sa vérité plus ou moins fuyante.
En définitive, ce film soulève plus de questions que de réponses et engage à l'action. "Si l'on me réduit à rien, je pourrais tout reprendre à zéro". C'est peut être là le véritable message de Godard. Tout le film, avec ses ruptures, ses longues conversations interrompues tout à coup, ses évocations pas conclues, ne montre au final que ça: la permanence du chaos même dans la banalité et la normalité étouffante des villes. Filmer et traduire en image la déambulation philosophique et pratique, c'est quelque chose de difficile et très beau quand c'est réussi. Pour moi, c'est le cas ici.