Alias Maria est né d'une série d'entretiens effectués avec des femmes qui avaient rejoint la guérilla enfants. La plupart d’entre elles sont tombées enceintes et ont subi un avortement, car la loi de la guérilla oblige à avorter. La majorité des jeunes de ces groupes armés ne sont pas enrôlés de force mais y entrent volontairement. Le problème provient donc surtout de la fascination qu'exerce la guerre et c'est pour contrer cela que l’association Más Niños Menos Alias, qui a pour but d’aider les jeunes susceptibles de s'engager dans toute forme de violence, est née. Comment procède-t-elle ? Par des méthodes pédagogiques scéniques invitant les jeunes à réfléchir sur leurs comportements. C'est durant ces ateliers que José Luis Rugeles a commencé à établir le casting d’Alias Maria.
"Au départ, il y a une réflexion sur le conflit armée en Colombie. Nous avons commencé à interviewer d’anciennes femmes-soldats, nous avons noté qu’elles avaient presque toutes été enrôlées enfants. Il y a différentes explications à cela : l’absence de l’Etat, la fascination pour les armes, la quête de pouvoir, le besoin d’échapper à la violence de leurs parents, et aussi parce que les familles préfèrent donner une fille plutôt qu’un garçon à la guérilla, lorsqu’elles doivent s’acquitter de leur tribu."
Le réalisateur colombien José Luis Rugeles est également cofondateur de la société de production Rhayuela Films avec le producteur Federivo Durán. Ensemble, ils continuent d’animer des ateliers d’art scénique, travaillant avec des enfants exfiltrés de la guérilla.
José Luis Rugeles a rencontré mille huit cent jeunes des plaines de l'est colombien, une zone fortement touchée par le conflit armé. À la suite de ces entrevues, quatre cent ont été sélectionnés pour suivre un atelier théâtral plus spécifique, et vingt ont été retenus pour le développement des personnages d’Alias Maria. Au final cinq sont dans le film, les trois rôles principaux, Karen Torres, Erik Ruiz, Anderson Gómez et deux personnages secondaires, Deivis Sánchez et Neiver Agudelo. Le cinéaste et son équipe se sont inspirés du récit de ces adolescent(es) ou jeunes adultes qui ont vécu au plus près la guerre, la vie dans la jungle et la loi de la guérilla.
Le film a été présenté à Un Certain Regard au Festival de Cannes 2015.
La caméra est au plus près des personnages pour que le spectateur puisse voir la guerre à travers leurs yeux. José Luis Rugeles a opté pour le système Movi, qui permet à la caméra de se mouvoir dans le décor sauvage : "Notre équipe était comme un commando, et comme dans la jungle il y avait peu de lumière. La direction artistique du film est réaliste, la jungle épaisse saturée d’un vert infini. Plus qu’un film d’action et de guerre. J’ai voulu la violence et ses traces, du point de vue d’une toute jeune fille, d’une future mère, qui lutte pour son avenir."