Gurvinder Singh définit La Quatrième Voie (Chauthi Koot) comme un thriller métaphysique : "C’est un film plein de suspense et de peur. On pourrait presque dire que c’est un thriller même si ça n’en est pas tout à fait un car il n’essaie pas de vous manipuler."
Gurvinder Singh a composé lui-même tous les plans du film et le chef opérateur Satya Nagpaul les a éclairés. Les deux hommes ont uniquement échangé sur l’ambiance des scènes. Ils voulaient une lumière qui n'est pas réaliste et qui ressemble davantage aux éclairages utilisés au théâtre. "La lumière crée elle-même sa propre portée dramatique. Je vois beaucoup de pièces de théâtre indiennes. C’est intéressant de voir comment le théâtre indien traditionnel a minutieusement classé et catégorisé les différents sentiments. L’inspiration principale de mon film vient de là", explique le réalisateur.
Cette « quatrième voie » du titre est d’abord le titre du livre que Gurvinder Singh a adapté. Le cinéaste n'a pas souhaité changer ce titre et n'a jamais demandé à l’auteur sa signification. Cependant, étant donné que la majorité des personnages ignorent quelle direction prendre et que plusieurs voies sont interdites, « quatrième voie » peut renvoyer à un chemin qu’on nous oblige à prendre.
Gurvinder Singh a commencé par faire des documentaires pour ensuite se diriger vers la fiction. Dans cette optique, il a voulu travailler avec des acteurs non-professionnels pour La Quatrième Voie (Chauthi Koot), avec pour objectif d'augmenter le réalisme du long métrage. "J’aime leur côté brut et je ne cherche pas du tout à les « dégrossir ». Je veux des acteurs qui se rapprochent des personnages mais pas nécessairement qui le deviennent. Si je leur demande de devenir quelqu’un d’autre, ils n’en seront pas capables parce que ce sont des non-professionnels. Et le film serait un échec total !", confie le cinéaste.
Gurvinder Singh a voulu tourner pendant la saison des moussons même s'il n'est pas fait mention des tempêtes dans La Quatrième Voie (Chauthi Koot) (la maison où il tournait en compagnie de son équipe a été inondée). L'enjeu de ce choix était d'utiliser ces éléments naturels dans l’histoire du film pour rendre le récit plus incarné.
Une grande partie du film a été tournée de nuit, rallongeant ainsi la durée du tournage des scènes étant donné qu'il n'y a pas de luminosité. Gurvinder Singh ajoute cependant que la nuit a permis aux acteurs de se concentrer davantage car tout est plus silencieux.
En matière de mise en scène, Gurvinder Singh a souvent eu recours à des travellings et à des panoramiques, associés à des plans de nature. Le metteur en scène justifie ces choix : "Dans mon film, la nature est témoin de tous les événements. Elle respecte ce que les hommes font, qu’ils s’aiment ou s’entretuent. Elle poursuit sa propre stase. Quand je décide de tourner, je pense toujours aux saisons. Les éléments climatiques sont importants pour moi."
La longue séquence d’ouverture repose sur un contraste fort : deux personnages en mouvement, bientôt figés dans la longue attente d’un train hypothétique. Gurvinder Singh développe : "Ce mélange d’énergies contraires, je le ressens au quotidien. Dans le film, deux personnages courent, ratent leur train puis attendent. Je voulais ouvrir mon film avec ce contraste extrême, le mouvement puis la stase. Quand on est réalisateur, on raisonne surtout en termes de rythme pur, lequel introduit un sentiment d’absurde à cette scène. Les spectateurs attendent quelque chose mais rien ne se produit. Tout le film est comme ça. On s’attend à ce que la violence fasse irruption, que quelque chose de fâcheux arrive aux personnages mais la tension est évacuée."