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Laurent C.
256 abonnés
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4,0
Publiée le 20 août 2016
Ce joli plan de fleurs, multicolores et fournies, qui ouvre le film est en fait un plan de table garni, autour de laquelle des valets s'affairent avant d'ouvrir la porte aux convives. Les invités ne sont pas moins que Stefan Sweig, le génial Stefan Sweig, et sa femme qui ont trouvé refuge dans une ambassade d'Amérique du Sud, à Rio de Janeiro exactement. La première scène de cette œuvre, jusque l'épilogue, annonce un film brillant, documenté et formidablement intelligent. Le spectateur a peine à croire que cet homme chauve, accusé de lâcheté parce qu'il a bénéficié de protections américaines à l'aube de la plus grande tuerie du peuple juif en Europe, et que lui-même refuse de protéger à son tour des compatriotes qui le réclament, le même qui s'émerveille pour un chien offert à son anniversaire, donc ce Stefan Sweig constitue l'un des plus grands écrivains de tous les temps. "Stefan Sweig : adieu l'Europe" est plus qu'une bibliographie très personnelle d'un artiste légendaire. C'est tout autant un film politique, brûlant d'actualité à l'heure où notre Europe se disloque et génère les plus graves réflexes populistes, qu'un film historique où l'on mesure la complexité d'une époque où il fallait se taire pour pouvoir donner vie à ses œuvres. La mise en scène est austère certes, elle laisse la suggestion, le non-dit faire l'essentiel mais non moins superbe, particulièrement un plan séquence de fin dont on laisse au spectateur la surprise de le découvrir. Le spectateur est totalement happé par ce conflit de loyauté qui ravage l'âme de Stefan Sweig, tout en lui permettant de trouver des espaces de paix et de joie dans cet exil forcé qui le conduit à New-York, Rio, Buenos Aires, et Petrópolis. On suit ainsi le voyage intérieur de cet homme, à travers des appartements ou des bouts de campagne, et qu'une profusion de dialogues occupent, comme pour remplir le vide qui étreint le cœur et l'intelligence de ce génie de la littérature. "Stefan Sweig : adieu l'Europe" est un long-métrage nécessaire, magnifiquement conçu, pour mieux penser voire panser nos humanités complexes.
Une des premières répliques de ce film le dit avec force, Stefan Zweig avait rêvé d'une Europe de fraternité, une Europe aux peuples unis malgré les différences, de culture ou de religion ou de quoi que ce soit d'autre. Ce beau rêve s'est fracassé avec l'arrivée au pouvoir de Hitler et des nazis. L'auteur de "La Confusion des Sentiments" et de tant d'autres chefs d'oeuvre a dû prendre la fuite et vivre en exil en Amérique. Ce sont quelques moments de cette vie d'exil, au Brésil, en Argentine et à New-York, que la réalisatrice a choisi de mettre en scène et elle l'a fait de manière remarquable. La reconstitution est on ne peut plus soignée. On y voit le grand écrivain accueilli avec les honneurs non seulement par les intellectuels mais aussi par le maire et les habitants d'une communauté d'exploitants de cannes à sucre. On y voit aussi et surtout comment, malgré la reconnaissance et les applaudissements qui lui sont généralement accordés, Zweig sombre de plus en plus dans la mélancolie et le doute qui le conduiront au suicide. Un film touchant sur l'un des plus grands romanciers du XXe siècle. 7,5/10
J'ai beaucoup aimé ce film car j'ai aimé lire les livres de Stefan Zweig. Ici, on le voit à la fin de sa vie au Brésil puis à New York, puis au Brésil. Il essaie de s'adapter à ces pays car il a du fuir l'Allemagne, étant juif. Écrivain déjà très connu quand il émigre, il essaie de s'adapter à d'autres cultures mais on sent chez lui, une nostalgie qui ne cesse de grandir. Quand la guerre est déclaré en Europe, on le sent perdu et amer. La dépression grandit avec les années malgré la présence de sa 2ème femme, très aimante. Le film est bien mis en scène ; il y a beaucoup d'humour dans l'adulation dont il est l'objet, en particulier l'interprétation du Beau Danube bleu par une fanfare locale. Toujours intelligent et fin, voici un film qui passionnera ceux qui ont lu et aimé Stefan Sweig.
Le film capte six moments de l’exil de Stefan Zweig en Amérique Latine (Essentiellement le Brésil) et à New York entre 1936 et 1942. Une conférence internationale d’écrivains, une visite dans une petite commune parmi les plantations de canne à sucre, un passage à New York chez son ex-femme, le jour de son anniversaire à Petropolis, la rencontre d’amis à Petropolis, et le double suicide de Stefan Zweig et de sa femme, Lotte.
Des dialogues riches , mais empreints d’une souffrance sourde ; une forme « bohème » avec une réalisation très belle lesquelles évoquent l’errance de l’homme de lettres ; la position de Stefan Zweig sur la question du rapport entre oeuvre et politique ; son épuisement dans l’aide qu’il apporte aux réfugiés européens ; une nostalgie irréductible de l’Europe, finement suggérée ; l’insoutenable spectacle vu de loin, d’un continent qui court à sa perte. Cette description du film n’est pas exhaustive, et la richesse qui s’y déploie, dans un Brésil au climat tropical prégnant, magnifiquement filmé, rend le film vraiment captivant. Avec une envie de se replonger dans les oeuvres du grand écrivain.
En 1936, Stefan Zweig fuit l'Europe et se réfugie au Brésil. Il s'y suicidera six ans plus tard, écrasé de désespoir.
Pourquoi un écrivain mondialement célèbre, en pleine force de l'âge, récemment remarié, accueilli chaleureusement dans un pays dont il tombe sous le charme, se donne-t-il la mort ? C'est cette énigme que Maria Schrader s'essaie à résoudre avec une infinie délicatesse. Elle ne le fait pas avec un "biopic" traditionnel mais en isolant six moments clés de ce séjour outre-Atlantique filmés comme autant de scènes de théâtre : l'accueil de Zweig par le ministre brésilien de la culture, sa participation à un congrès international d'écrivains où son refus de critiquer publiquement le régime nazi suscite l'incompréhension, sa visite d'une plantation de canne à sucre, ses retrouvailles avec sa première femme, son installation à Petropolis, la lecture enfin de la lettre écrite avant de se donner la mort...
Ces scènes revisitées avec méticulosité nous font revivre "le monde d'hier" : pas la Vienne d'avant 1914 évoquée dans la célèbre autobiographie de l'écrivain autrichien mais le Brésil des années 40 reconstitué pour les besoins du film en Afrique à Sao Tomé. On y parle toutes les langues : le français, langue de l'intelligentsia, l'allemand, parlé par l'importante diaspora juive, le portugais auquel s'initient non sans mal les Zweig mais aussi l'anglais et l'espagnol. Dans ces décors tropicaux, Stefan Zweig ne se départit jamais de son élégant costume trois pièces. Les causes de son suicide : moins le désespoir ou la solitude que la lassitude de vivre. "À soixante ans passés, écrit-il dans sa lettre d'adieu, il faudrait avoir des forces particulières pour recommencer sa vie de fond en comble et les miennes sont épuisées par les longues années d'errance."
"Stefan Zweig : adieu l'Europe" (calamiteuse traduction de "Vor der Morgenröte") est un peu trop académique pour provoquer l'enthousiasme mais suffisamment élégant pour susciter l'intérêt.
Paradoxalement, Stefan Zweig, adieu l'Europe ne va intéresser que les admirateurs de la prose ciselée de l'auteur viennois et hélas rien ne leur apprendre de nouveau au fil d'un récit qui raconte de façon morne l'exil et l'errance d'un écrivain qui a fui le nazisme et la guerre. La question de l'engagement des intellectuels face à la barbarie est bien abordée mais sans passion, comme s'il fallait coller à l'humeur de Zweig dans les 6 dernières années de son existence entre le Brésil et New York, en passant par Buenos Aires. Sa vie sentimentale occupe également une partie de son film, sans qu'on y voit un véritable intérêt mais rien ou presque sur son métier d'écrivain. Pourtant, la prestation de Josef Hader est des plus convaincantes et l'on se réjouit de revoir la grande Barbara Sukowa. Mais la mise en scène est tellement plate qu'elle ne suscite, la plupart du temps, qu'un profond ennui. Mieux vaut (re)lire les nouvelles et biographies de cet immense auteur du XXe siècle.
Formellement original, ce biopic évite les écueils habituels et se concentre sur le déracinement, l’épuisement et le détachement d’un homme qui voit le monde qu’il a connu se dérober sous ses yeux. (...) Un film passionnant et admirablement mis en scène.
Un film excellent et de grande qualité. Ce film nous montre son exil entre le Brésil et New York. La réalisation et l'interprétation sont de grande qualité. J'ai passé un excellent moment de cinéma.
Le sous-titre choisi pour la sortie française, "Adieu l'Europe", fait bien sûr référence, en creux, au "Le Monde d'hier, souvenirs d'un Européen", l'autobiographie que Zweig posta à son éditeur la veille du double suicide à Petrópolis, en février 1942 - et n'est donc pas infondé. Mais le titre original ("Vor der Morgenröte") est infiniment plus évocateur, sur le plan littéraire (et reprend certains termes de sa dernière lettre) ! Le film choisit de présenter le prolifique (et éclectique) écrivain, la cinquantaine bien entamée, au temps de tous les bouleversements, alors qu'il connaît le plus grand succès, par ailleurs : vie nomade en Amérique (latine, surtout), après un début d'exil en Angleterre dès 1934 (il pressent l'Anschluss) - qu'il quitte en 1940, juste avant les premiers bombardements allemands, et nouvelles attaches sentimentales avec son ex-secrétaire, "Lotte" (de santé fragile), qu'il épouse alors, après plus de 20 ans d'union avec Friderike Maria von Winternitz (qui débuta comme liaison adultère avec cette mère de deux filles). Le projet est ambitieux : montrer en 6 tableaux (séparés sèchement au montage - volontairement), et un épilogue (ce qu'il y a, de loin, de plus réussi, sur le plan cinématographique - en plan-séquence) comment SZ est inexorablement entraîné par une mélancolie et un désenchantement mortifères vers la tragédie personnelle. Le résultat, impeccable formellement, et en dépit d'une distribution adéquate, est cependant d'une austérité (d'une simplification ?) de fond laissant le spectateur la plupart du temps sur le bord du chemin....
Un film dont le point de départ est intéressant : traiter de l'arrivée en Amérique du Sud du grand écrivain du XXème siècle Stefan Zweig, qui avait fui l'Allemagne nazie. Cependant, le propos tombe à plat dès le départ, puisque l'écrivain affirme, par le biais du comédien qui l'interprète, qu'il ne souhaite critiquer aucun pays, pas même l'Allemagne nazie. De fait, les scènes se suivent, parfois longues, pour nous dépeindre un Stefan Zweig voyageant de Rio à Buenos Aires et à New York. Et après ? spoiler: Jusqu'à la scène finale où on le retrouve suicidé sur son lit, sans que rien, dans l'histoire qui nous est contée, ne nous ait préparés à cette fin dramatique.
Bref, beaucoup de longueurs, un propos qui se perd parfois, si bien qu'au final on se demande quel est l'objectif véritable poursuivi par l'auteur
Ce film est vraiment très bien. On suit Stefan Zweig et son épouse dans leurs dernières années de vie, entre le Brésil et New York de 1936 à 1942. Pendant ces années, on va voir quelques moments précis. Deux passages sont plutôt rébarbatifs et ennuyeux mais l'ensemble du film reste très intéressant. Stefan Zweig était en exil, fatigué.
Film extrêmement décevant. Amateur de Stefan Zweig, je n'ai pas pu résister à aller voir ce biopic retraçant les années d'exil de Zweig, malgré quelques critiques négatives. En dehors de quelques scènes croustillantes (en particulier une réception de Zweig par un maire de village de campagne, qui fait gaffe sur gaffe...), le film ne présente aucun intérêt: mise en scène statique, aucune réflexion, peu d'allusions à l'œuvre de Zweig... On est concentrés sur le quotidien de l'auteur. L'acteur qui joue l'écrivain ne parvient même pas à nous faire sentir qu'il déprime, et on ne le croit pas quand il explique qu'il broie du noir... Le tout donne un film sans émotion, où même la scène finale ne parvient pas à nous toucher. Un beau gâchis par rapport à une substance qui aurait pu être très riche.