Ce film c'est exactement l'exemple de pourquoi j'adore voir un film sans rien savoir dessus. Je ne savais rien, si ce n'est la nationalité du film, que les cahiers avaient adoré et j'avais vite fait vu l'affiche de loin, de dos et dans le noir. Et pourtant dès les premiers plans on comprend immédiatement ce qui va se passer, c'est un film qui sait poser ses enjeux avec beaucoup de naturel et de beauté.
Je m'explique, le film commence, on voit cette fille, qui a quelque chose, mais qui n'est pas forcément très belle non plus, regarder une exhibition aérienne. Une autre fille la regarde, je ne sais pas si c'est fait exprès mais le premier plan où l'on voit ce que voit cette fille est un peu froid, on sent qu'elle la scrute, comme nous lorsqu'on voit quelqu'un qui pourrait nous plaire, on regarde si vraiment il y a quelque chose, au second plan quelque chose de plus se produit, puisque entre temps cette fille magnifique sourit de plus en plus... C'est simple, c'est beau et ça se fait sans dialogue.
Et c'est ça qui est génial, le film dit tout avec des images, il montre, il suggère et finalement ça parle peu. Et j'aime lorsque ça parle peu, lorsque tout passe par un côté sensoriel et sensuel. Les jeux qui se mettent en place sans qu'ils ne soient explicités et où pourtant l'on comprend tout instinctivement, c'est beau.
Cependant outre cette beauté, ce côté très romantique à la limite du cliché est contrebalancé par un côté plus morbide, j'ai pensé plusieurs fois à une nature morte : "memento mori", car aussi beau que peuvent être ces moments, où la musique joue un rôle absolument merveilleux, liant à la fois scènes entre elles, magnifiant ce qui se passe, rendant caduque l'utilisation de tout dialogue puisque tout est déjà dit, on a notre héroïne qui se scarifie et qui joue avec ça avec sa nouvelle amie... Dis comme ça, ça pourrait sembler lourd, or ça ne l'est pas, bien au contraire, car ce n'est pas un problème, il n'y a pas de jugement de la part de quiconque, c'est juste un jeu entre elles, un jeu d'amour, mais plus macabre cette fois.
Et puis en parallèle de ce côté malsain on a vraiment un film lumineux où la personne qui aime est magnifique et dont l'amour sublime celle qui est aimée, finissant par se rendre et rendre l'autre plus belles encore.
C'est vraiment le genre de film qui prend par les tripes, qui sait utiliser les sens de son spectateur pour proposer cette sorte de rêverie, de fantasme de la relation amoureuse, où jamais la ligne vers le cliché ou le ridicule n'est franchie... Mais qui dit "Summer", annonce l'automne. Et je trouve la fin, la relation entre les deux vraiment très belle, vraiment touchante, car encore une fois, fondamentalement très vraie. Parce que comme leur relation amoureuse, ici la fin n'est pas unilatérale, aussi profondément belle et joyeuse, que triste et réaliste.