Relativement peu connu dans les contrées hexagonales, « Sophie’s Choice » est pourtant un film qui fait toujours parler de lui chez les anglophones, ce titre étant devenu une expression très commune pour désigner un choix particulièrement difficile. Mais quid du film en lui-même ? On y suit Stingo, écrivain en herbe venu du Sud, qui débarque à New-York en 1947 pour trouver l’inspiration. Il fera rapidement connaissance avec un couple aussi passionné que tumultueux. Nathan, un biologiste instable généreux et impulsif. Sophie, une Polonaise réchappée des camps de concentrations, qui cache un lourd passé. Le film souffre clairement d’une première moitié un peu longuette, mettant du temps à démarrer et proposant un protagoniste qui demeure très passif devant l’exubérance du couple star. Par ailleurs, la reconstitution des années 40 n’est pas franchement immersive, ce qui n’aide pas à adhérer à l’histoire. Avec par exemple ce plan aérien sur le pont de Brooklyn, qui laisse allègrement voir circuler des voitures des années 80 ! Heureusement, le talent est là. Alan J. Pakula n’est pas n’importe qui, le réalisateur traitant des sujets difficiles avec finesse et sobriété. Il use d’une photographie volontairement terne en termes de couleurs, sans doute pour refléter le passé sinistre de nos personnages, ou pour mettre en valeur leurs actions. Car il se concentre sur le jeu excellent de ses trois comédiens. Peter MacNicol en début de carrière, qui n’était pas encore un habitué de la comédie. Kevin Kline, pour son premier rôle au cinéma, fait des étincelles en amant dévoué mais parano. Et bien sûr Meryl Streep, bouleversante en rescapée polonaise fragile, aux cicatrices camouflées tant bien que mal. Des personnages qui dévoileront peu à peu souffrances et culpabilité, expliquant leurs relations fortes et chaleureuses… mais aussi toxiques et turbulentes. Ce jusqu’à un final qui révélera fameux choix du titre, qui en a retourné plus d’un.