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    Miss Hokusai
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    Fritz L
    Fritz L

    181 abonnés 767 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 septembre 2015
    Avec « Miss Hokusai », Keiichi Hara est passé à côté d’un chef d’œuvre… Tous les éléments y étaient, un sujet intéressant, une équipe technique hors pair, et le savoir faire du réalisateur (rien que de repenser à « Colorful », on pouvait attendre ici le meilleur). Le résultat final est en demi-teintes.

    La plus forte entrave à l’enthousiasme tient au scénario. En adaptant le manga éponyme, on s’attendait à une biographie de O-Ei de la fille de l’estampiste Hokusai, ou pour le moins une évocation libre de sa vie, à laquelle viendrait se greffer un environnement historique et social. Hors c’est tout l’inverse qui semble se produire. Keiichi remémore un segment de passé du Japon (la période Edo), avec ses us et coutumes, ses croyances et son contexte sociologique, y affichant son immense admiration pour l’art si prolixe de cette période. Ce qui donne lieu à une juxtaposition de scènes assez décousues, dont le fil ténu est la vie de la famille Hokusai, un prétexte filmique. C’est un choix, personnellement je trouve que le film en perd sa cohérence.

    Toutefois, on ne peut qu’être enthousiaste sur la partie visuelle qui donne à l’œil autant d’émerveillement que chez les grands maîtres d’alors. L’hommage est réussi, certaines scènes sont exceptionnelles car elles offrent le mouvement aux estampes recréées. D’ailleurs Hara ne se contente pas seulement d’évoquer le génie d’Hokusai, l’inspiration générale tiendrait d’ailleurs plus du pinceau d’Hiroshige (scènes du pont, de neige, perspectives linéaires des rues, exagération des ombres) avec ses « Cent vues d’Edo » ou encore « les stations de la route de Tôkaidô. Il essaime habilement les clins d’œil furtivement (la mante religieuse de Buncho, la fameuse vague) ou de manière appuyée. C’est du grand art.

    Pour le reste, le personnage d’O-Ei est un peu mal traité, par son côté « féministe avant l’heure » au détriment de l’artiste, très peu mis en valeur. Ensuite parce qu’il est passablement antipathique, revêche au niveau du trait jusque dans la voix, qu'il en devient caricatural dans ses fulgurances. Autre aspect négatif, le melting pot musical stresse un peu, enchainant sonorités rock et mélodies traditionnelles sans réelle cohésion.

    Et finalement, l’intérêt du film repose sur les thèmes confidentiels traités en filigrane, la place de la femme dans cette société, la crise économique que traversait le Japon alors. Mais aussi des sujets plus tabou comme l’attrait du public pour les « shunga », estampes érotiques toutes aussi prisées que le reste, la prostitution ou encore l’énigmatique personnage du Taikomochi, geisha homme.

    « Miss Hokusai » est une vraie déclaration d’amour de Keiichi Hara au Japon traditionnel, il a souhaité y traiter tous les aspects, historiques, sociologiques, spirituels… trop sans doute sur un format aussi court.

    Il suffit pourtant de repenser aux jeux de O-Nao dans la neige, à l’onirique envol de dragon, du rouge aux joues d’O-Ei qui découvre l’amour, de la beauté féline de Sayogoromo, à tous ces paysages ou décors sublimés, pour sourire béatement à la pensée de ce film.
    Christoblog
    Christoblog

    825 abonnés 1 672 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 14 septembre 2015
    J'avais trouvé très intéressant et original le précédent film de Keiichi Hara, Colorful.

    Je m'attendais donc à être enthousiasmé par Miss Hokuzai, porté par une critique très favorable.

    Malheureusement, le film m'a paru un peu creux, malgré des qualités esthétiques et une sensibilité indéniables.

    Je regrette de ne pas en apprendre plus sur la vie et la personnalité du peintre Hokusai, sur le marché de l'art de l'époque, sur l'environnement sociologique et politique du Japon du XIXème siècle.

    L'ambiance du film est fort jolie, mais les péripéties contées dépassent pour moi - certes de justesse - les limites du bon goût en matière de sensiblerie (la petite soeur) et se maintiennent en-deça de ce que j'aurais souhaité sur d'autres sujets (l'industrie de la confection des dessins érotiques par exemple).

    Si Miss Hokusai ménage de beaux moments de féerie (le tableau des enfers, la courtisane dont l'esprit s'évade), son contenu reste un peu fade et convenu.

    Pour les fans d'anime le film est bien sûr immanquable, pour les autres cela dépendra de leur humeur du jour et de leur sensibilité aux parti-pris de Keiichi Hara, résolument orientés vers l'expression de sensations pures plutôt que vers un contenu informatif.
    cocolapinfr
    cocolapinfr

    66 abonnés 634 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 4 février 2016
    Après le chef d'oeuvre "Un Eté avec Coo", puis l'excellent "Colorful", Keiichi Hara revient avec "Miss Hokusai". Si ses précédents films avaient pour but de faire réfléchir sur des phénomènes de société (médias, suicide), ici, il s'agira d'un hommage consistant à dresser le portrait du "fou de peinture" à qui l'on doit la fameuse Vague recouvrant le Fujiyama. Si l'histoire en elle-même est inévitablement simple (avec son lot de niaiserie), la complexité des personnages (père indifférent, fille peu reconnue) et les représentations de la peinture (visions, rêves) donnent une impression plus que positive et offrent de très beaux passages tire-larmes.
    LBDC
    LBDC

    104 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 31 août 2015
    Hokusai (1760 – 1849) était un peintre connu et respecté au Japon qui vécu à Edo (l’ancienne Tokyo) et qui créa de très nombreux dessins, allant de « moineaux sur des grains de riz » aux peintures de 30 mètres de long en passant par la fameuse « Grande Vague de Kanagawa« .
    Un artiste réputé qui n’est toutefois pas le centre d’intérêt de ce long-métrage; comme son nom l’indique, MISS HOKUSAI nous parle de la fille du peintre (O-Ei de son prénom/surnom) vivant forcément dans l’ombre de son père mais en fin de compte, tout aussi talentueuse.

    Il y a dans MISS HOKUSAI une volonté de « dépeindre » une époque singulière et lointaine comme celle de l’ère d’Edo, en retranscrivant au mieux ce qui y était la vie quotidienne. Pour cela, Keiichi Hara compose chaque photogramme avec un souci maniaque du détail, rendant le quartier et ses divers lieux – marché, bordel, ou encore le fameux pont communautaire, tous très vivants.
    Paradoxalement, il y a une opposition entre la précision de cet environnement et la caractérisation des personnages – hormis O-Ei. Celle-ci est, très étrangement, éloignée de l’aseptisation générale de l’animation japonaise, d’ailleurs observable chez la plupart des autres protagonistes du film (le lover, l’obsédé, la jeune ingénue, le mentor, etc. clichés de mangas)
    O-Ei possède quant à elle ce physique distinctif qui la rend immédiatement unique: sourcils épais, traits durs, soucieux, et angoissés… Ces traits lui donnent un caractère très marqué, mais avant tout visuel, peu émotionnel; la personnalité d’O-Ei n’est jamais présentée par le dialogue ou les situations contextuelles mais plutôt, très progressivement, par les interactions qu’elle entretient avec les autres.
    Ces « autres » sont bien sur les différents protagonistes (son père Tetsuzo, ses « amis », sa jeune sœur aveugle…), mais également l’aura de son père – qui est très distincte du personnage, et enfin l’art du dessin.
    Si les interactions avec les deux premiers restent fonctionnels dans un premiers temps, la compréhension et la maîtrise du processus créatif est ce qui sort véritablement MISS HOKUSAI de son manque d’empathie. Peindre est ainsi représenté comme un combat mené contre des forces surnaturelles, divines, obscures, psychologiques, intérieures ou même élémentales; comprendre ces forces, c’est maîtriser cet art. Hors, cela demande un certain abandon dans l’immatériel et l’inconnu, une certaine confiance en soi… Et une certaine expérience du réel ! Keiichi Hara illustre ces véritables épreuves avec maestria, en mélangeant plusieurs styles d’animation (un peu comme dans le dernier Takahata) pour un résultat impressionnant, à la fois onirique et visuellement puissant.

    C’est donc dans ces moments ou O-Ei cherche à maîtriser un dessin particulier que l’on apprend véritablement à la connaître.
    Par extension, ce gain d’expérience très progressif donne plus de consistance à ses interactions avec les autres protagonistes; O-Ei apprend à découvrir ces subtilités qui façonnent l’être humain sous les apparences. Parallèlement, les personnages que nous pensions très caractérisés deviennent de plus en plus profonds; enfin, la maîtrise de l’art pictural permettra à O-Ei de prétendre à une légère rivalité avec son illustre papa, via un dialogue artistique d’égal à égal.
    Ces interactions prennent donc de l’ampleur, jusqu’à fusionner complètement et ainsi façonner le propos du film: ce qui construit une personnalité relève autant de sa propre perception du monde que de ce que les autres nous apportent. MISS HOKUSAI milite ainsi pour un certain lien social à travers l’acharnement au travail, discours sans doute un peu naïf mais toujours d’actualité. Utiliser l’image comme O-Ei (et Tetsuzo) est un moyen d’y parvenir, de même que pour Keiichi Hara, réaliser un film sur ce sujet est un moyen de faire passer un message. Intelligemment, sujet, medium et mise en scène se rejoignent et transforment un film aux prétentions moindres en geste humaniste et fédérateur. Jolie morale malgré tout.

    Critique par Georgeslechameau pour Le Blog du Cinéma
    islander29
    islander29

    857 abonnés 2 352 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 septembre 2015
    Un double intérêt à ce film .....Un intérêt poétique et un intérêt pictural.....Un des films japonais les plus aboutis depuis longtemps.....On notera des références à des toiles de peinture de Hokusai, même si sa fille est le sujet du film (et qu'elle était tout aussi douée) et des extrapolations poétiques (sous formes visuelles souvent) notamment lors des rêves où le réalisateur s'autorise beaucoup de libertés.....Le film est plus qu'agréable à suivre, il est à la fois historique et féérique, et aborde tous les genres, comme l'érotisme par simple allusion et avec beaucoup de grâce......C'est un produit culturel de belle qualité assurément, accessible dès 10 ou 12 ans je pense, mais plutôt réservé aux adultes.....Précipitez vous nous n'étions que trois dans la salle à 14h
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 29 septembre 2015
    Quelle déception ! Le spectateur doit supporter une accumulation de longueurs qui ne mènent à rien... Dès le début, le film commence par un problème de... crotte de chien..., et malheureusement ça ne décolle jamais ! Pourtant, à un certain moment, il y a un vrai suspense au sujet d’un tableau que le grand peintre ne peut pas fournir à temps à cause d’un malencontreux incident ; tout est prêt pour qu’un dragon vienne au secours de miss Hokusai qui se dévoue pour repeindre une toile à la hâte... malheureusement, ça fait pschitt ! Il ne faut surtout pas montrer ce film à des enfants... il y a tellement mieux à leur proposer !
    tibelnet
    tibelnet

    4 abonnés 149 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 28 avril 2016
    Visuellement c'est très jolie mais le traitement amorphe de l'histoire freine toute adhésion ou sympathie pour ce qui s'y passe...
    Mapofparis
    Mapofparis

    28 abonnés 351 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 5 septembre 2015
    Un artiste japonais du XIXe siècle raconté par sa fille dans un film d'animation, voila de quoi me cultiver un peu plus sur l'histoire culturelle de ce joli pays. Oui mais voila, Miss Hokusai est lent, très lent et sans la moindre action, finalement ennuyeux. Ce que j'en retiens n'est plus qu'une lutte contre le sommeil durant la séance. Un film qui plaira aux amateurs "art et essai", ce qui n'est pas mon cas.
    Cinéphiles 44
    Cinéphiles 44

    1 354 abonnés 4 167 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 13 janvier 2016
    Miss Hokusai aborde l’histoire de cette femme cachée dans l’ombre de son père, très connu au Japon. En effet, Hokusai était un peintre respecté dans le Pays. Il était capable de peindre sur des grains de riz ou encore de faire des fresques de plus de trente mètre. Les mangas nous ont rarement habitué avec découvrir une femme avec des traits durs, notamment avec des sourcils épais. Il n’est donc pas simple de s’attacher à ce personnage qui n’incite pas à l’empathie. Pourtant, au fur et à mesure des commandes de tableaux qu’elle reçoit avec son père, une nouvelle évolution rend Miss Hokusai plus sympathique et énergique. Prix du Jury au festival d’Annecy, Miss Hokusai est l’adaptation d’un manga pour les plus grands qui traite d’un portrait d’une femme d’une façon originale presque touchante.
    D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 29 octobre 2015
    Miss Hokusai: un artiste peut en cacher un autre – ♥♥♥♥

    Keiichi Hara offre une nouvelle fois une oeuvre singulière et marquante, entre hommage à ce qui fait la tradition des animés asiatiques (comment ne pas reconnaître Haku du Voyage de Chihiro dans le personnage d’O-Nao ou ne pas penser à Histoire de fantômes chinois de Tsui Hark quand le film tend vers le Yurei-Eiga -le film de fantômes- ?) et rompre ces liens comme avec l’ouverture (magnifique) présentant un panorama d’Edo au début du XIXème sur une musique punk. Le décalage que le réalisateur introduit dans son oeuvre sur l’artiste d’estampes le plus célèbre au monde met d’autant plus en valeur celui de ses personnages. On pourrait s’attendre à un biopic sur la vie du peintre protéiforme, il n’en sera rien ! Comme le titre l’indique, le personnage principal est la troisième fille et son père ne sera qu’un personnage secondaire, quasiment muet et assez insipide. Une séquence clin d’oeil sur la célèbre série d’estampes Cent vues du mont Fuji montre bien cela: au centre de l’oeuvre est O-Ei. En cela, ce film est véritablement un manifeste féministe: on suit une jeune femme qui refuse toutes les normes de la société japonaise de son époque. Elle a un caractère fort, peint (parfois à la place même de son père), gère les relations d’affaire avec ses mécènes, refuse de se marier, peint des estampes érotiques tout en vivant chastement et assume la prise en charge de sa soeur en lieu et place de son père avec obstination.

    Cette adaptation du manga historique Sarusuberi d’Hinako Sugihura, historienne spécialisée dans les coutumes et la vie du Japon de l’ère Edo, est donc tout à la fois très divertissante mais aussi éminemment pointue sur le rendu d’une époque et la condition de l’artiste, éternel marginal, dans chaque société.
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 28 octobre 2015
    Sympathique,
    Le film se présente comme une succession d'histoires sans réel lien entre elles. J'ai beaucoup apprécié les moments où la fille d'Hokusai (cf l'affiche du film) flâne avec sa petite sœur aveugle de naissance, ce sont des moments très tendres et plutôt poétiques.
    J'ai moyennement apprécié la bande son et l'animation du film, rien de bien intéressant en définitive, même sur la vie du célèbre peintre ou encore de sa fille, cela dit ça se laisse regarder sans ennui.
    Yetcha
    Yetcha

    875 abonnés 4 386 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 13 février 2017
    Derrière un graphisme plutôt inégal, et notamment des visages franchement ingrats qui rendent les personnages carrément antipathiques et spécialement Miss Hokusai, le reste est tout aussi décevant. L'histoire de du célèbre peintre Hokuzai et de sa fille est agrémentée d'éléments fantastiques qui desservent la narration inutilement. Un gâchis selon moi que ce long-métrage dont je ne comprends pas les critiques élogieuses. Une très grosse déception.
    stanley
    stanley

    66 abonnés 756 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 14 septembre 2015
    Au regard de la production annuelle de grande qualité du cinéma d'animation mondial et surtout asiatique, on ne peut que ressentir une déception relative devant Miss Hokusai. Le cinéaste semble, à plusieurs reprises, hésiter dans sa manière de traiter ses thèmes et approfondir tel ou tel de ses aspects. Keiichi Hara n'approfondit pas d'une manière très personnelle la relation père fille du point de vue de l'héritage artistique et d'une éventuelle appropriation de la création. De plus, le film ne traite pas bien selon moi des peintres concurrents et amis du père et de la fille. Ses réserves dites, Miss Hokusai présente de belles qualités. Le choix audacieux d'une musique rock dans le Japon du milieu du 19ème siècle, les magnifiques visions cauchemardesques de la jeune peintre et surtout cette scène sublime de la rencontre entre Miss Hosukai et le travesti . Dommage aussi que la petite fille aveugle ne soit pas plus prégnante dans le film. Ce symbole est superbe et porteur d'une grande émotion. A noter que le chien est très bien et certaines expressions des visages bien réussies. Un film intéressant mais inabouti.
    poet75
    poet75

    270 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 8 septembre 2015
    Le peintre Hokusai (1760-1849), maître de l'estampe japonaise, fait, à juste titre, l'admiration de beaucoup d'amateurs, non seulement dans son pays mais partout dans le monde.Il a d'ailleurs influencé des peintres bien de chez nous comme Degas ou Monet. Mais ce que ce film d'animation nous révèle, c'est que l'une des filles du peintre, O-Ei, n'était pas moins douée que lui, au point qu'il est probable que certaines des oeuvres qu'on a attribuées au père aient été, de fait, réalisées par la main de la fille.
    Le film se déroule à Edo (l'ancien nom de Tokyo) en 1814, recréant minutieusement et de fort belle manière tout un monde disparu. O-Ei travaille avec son père ou pour son père mais sans aucunement lui être asservie. Elle fait preuve d'indépendance et prend soin de sa petite soeur aveugle, ce qui donne lieu à beaucoup de scènes émouvantes et très belles.
    Le film fait bonne place aussi au pouvoir quasi surnaturel de la peinture. Il faut, par exemple, rajouter une figure de Bouddha à une représentation de l'enfer pour apaiser une cliente en proie à des cauchemars.
    Un beau film touchant, plutôt contemplatif, très réussi. 7,5/10
    Charles R
    Charles R

    51 abonnés 424 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 14 septembre 2015
    Tout le monde sait que l'animation japonaise est une des grandes forces du cinéma de l'archipel du Levant. Ce n'est pas "Miss Hokusai" qui le démentira. En signant sa nouvelle production, Keiichi Hara rend hommage à l'art de l'estampe qui a fait le succès de ces maîtres appartenant au mouvement de l'Ukiyo-e. Hokusai est sans doute le maître absolu, avec Hiroshige, de cet art qui prend une nouvelle tournure au début du XIXe siècle. Or le propos de Keiichi Hara est de rendre hommage à Hokusai en évoquant celle qui travailla dans son ombre, sa propre fille, O-Ei, aussi exigeante dans le domaine du dessin que modeste et profondément humaine. Car c'est l'un des objectifs recherchés par le cinéaste : opposer la figure bougonne, taciturne et égocentriste du père à celle délicate, responsable et altruiste de la jeune femme. D'un côté un vieux misanthrope qui s'est retiré du monde et ne vit plus que par son art dans un atelier qu'il n'entretient pas, de l'autre O-Ei toute au service de son père et rivalisant d'adresse avec lui, mais aussi soucieuse de sa mère délaissée et de sa petite sœur atteinte de cécité. Ce portrait de femme tout à la gloire de celle-ci n'empêche nullement Keiichi Hara de rendre hommage à l'art sublime du vieux maître. Nombreux sont les passages où des motifs célèbres apparaissent dont la fameuse grande vague de Kanagawa incorporée habilement à la narration. Plusieurs sources d'inspiration présentes dans l’œuvre du maître sont évoquées dans le film : bestiaire fantastique, fantômes, érotisme... Et ainsi c'est tout l'univers du Japon ancien qu'il nous est donné de redécouvrir, un univers dans lequel le merveilleux fait partie intégrante du réel, un univers qui rend compte de la totalité de l'être humain et par conséquent qui n'oublie ni les rêves inquiétants ni l'érotisme torride. Le film de Keiichi Hara est inspiré d'un manga d'Hinako Sugiura et l'on ne sera pas étonné de trouver tout au long de l’œuvre un art du trait à la fois d'une extrême précision et d'une intense poésie. Or n'oublions pas que c'est à Hokusai que l'on doit la popularité de ce terme de manga qui a du reste connu des fortunes diverses en Occident. La boucle est bouclée : Hokusai, ce "fou de dessin", est bel et bien honoré dans cet "anime", mais sa fille cette fois-ci n'a pas été oubliée. "Miss Hokusai" peut reposer en paix.
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