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    Le Jeune Karl Marx
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Jeune Karl Marx" et de son tournage !

    Qui est Raoul Peck ?

    Raoul Peck est réalisateur, scénariste et producteur. Il est né à Haïti, a grandi au Congo, aux États-Unis et en France. Après des études d’ingénierie et d’économie puis de cinéma à Berlin, Raoul Peck a été ministre de la Culture d’Haïti de 1996 à 1997. Depuis 2010, il est président de la Fémis. En 2001, l’organisme de défense des droits humains Human Rights Watch lui remet le prix Irene Diamond pour l’ensemble de son travail. Il a été membre du jury au festival de Cannes en 2012 et à la Berlinale en 2002. Son documentaire I am not your negro, a remporté de nombreux prix dont le Prix du Meilleur documentaire à Philadelphie, le Prix du Public à Toronto et Berlin (ainsi que la Mention spéciale du Jury œcuménique), et était candidat aux Oscars 2017 dans la catégorie Meilleur documentaire.

    Pourquoi Karl Marx ?

    Le réalisateur Raoul Peck a voulu s'attaquer à un monument tel que Karl Marx suite à son implication sur son dernier film, I am not your negro. En effet, ces deux oeuvres coïncident avec un moment de réflexion et d’inquiètude chez le cinéaste :

    "Une inquiétude par rapport à ce que je ressentais du “Zeitgeist” ambiant, en cette période de “fin de l’Histoire” et de “fin des idéologies”. Une époque qui se manifeste également par une suspicion de toute science ou de philosophie et un rejet de tout ce qui est politique. Ce qui a existé jusque-là est sensé être dépassé et on semble vouloir créer du nouveau à partir de rien. Ce qui, me semble-t’il, est utopique. Nous n’avons ni peuple de rechange, plus « pur » plus « sain » plus « avancé » avec lequel tout serait plus simple. Il nous faut malheureusement partir du réel. Ma réponse en tant qu’artiste et citoyen engagé, c’est de revenir aux fondamentaux. Pour moi, ce sont d’abord Baldwin, que j’ai lu très tôt dans ma jeunesse, et Marx, que j’ai longuement étudié très jeune aussi", explique le metteur en scène.

    Elément déclencheur

    C'est Pierrette Ominetti, d’Arte, qui a contacté Raoul Peck pour lui proposer de se pencher sur un film autour de Karl Marx selon une approche mixte mi-documentaire / mi-fictionnelle :

    "Je n’ai pas hésité une seconde. J’ai commencé à travailler mais ce n’était pas satisfaisant. Il m’est vite apparu que faire un film sur ce thème serait plus lourd, plus complexe, plus déterminant que je ne l’avais pensé au départ. Et que c’était aussi pour moi, à ma manière, une occasion de « changer le monde » avec un film qui aille plus loin, tant dans la forme que dans le contenu ainsi que sur l’impact politique potentiel. Le projet prenant de l’envergure, j’ai décidé de le reprendre totalement à mon compte et de le développer moi-même au sein de ma société Velvet Film", confie le réalisateur.

    Collaboration

    Raoul Peck a écrit le scénario du Jeune Karl Marx en collaboration étroite avec le réalisateur et scénariste Pascal Bonitzer, son complice sur L'affaire Villemin, Lumumba et Meurtre à Pacot :

    "Pascal Bonitzer est sûrement l’un des meilleurs scénaristes d’Europe aujourd’hui, d’une extrême érudition, avec une capacité d’assimilation extraordinaire et la faculté de traduire avec finesse, légèreté et humour des situations parfois très “chargées” et de les rendre compréhensibles", s'enthousiasme Peck.

    Pourquoi un jeune Karl Marx ?

    Raoul Peck revient sur sa décision d'évoquer les jeunes années de Karl Marx, loin de l'imagerie populaire du vieux sage barbu connu de tous :

    "Je savais qu’il ne fallait pas essayer d’expliquer le grand Marx barbu, l’icône en statue de granit qui a servi de prétexte à des monstres pour commettre leurs crimes. C’est une bataille que je n’aurais jamais pu gagner avec un film, sauf si on me donnerait une vingtaine d’heures pour le faire. Car avant d’expliquer, je dois déconstruire des décennies de propagandes, d’inexactitudes, d’inventions pures, de contradictions, etc. sans compter les crimes et méfaits de la guerre froide et des autres confrontations idéologiques. Il y a des combats que l’on ne peut pas gagner dans un médium qui est maîtrisé de bout en bout par le capital, par une industrie plutôt conservatrice et tournée vers le «divertissement ». Alors j’ai choisi de parler du jeune Marx, dans cette période de sa vie où il est en train de se transformer de manière fondamentale. J’essaie de montrer quelles sont les étapes de cette transformation et ce qu’il en résulte."

    Un film engagé ?

    Raoul Peck évoque sa jeunesse berlinoise et son chemin vers le cinéma, passé par l'engagement politique :

    "Je suis venu au cinéma par le politique. C’est l’engagement qui m’y a mené. C’était à Berlin au cours de mes études d’économie, une ville extrêmement cosmopolite et engagée, une ville de réfugiés politiques où tous les combats du globe se retrouvaient. J’ai pu y côtoyer tous les mouvements et organisations qui existaient alors, issus du Nicaragua, du Chili, du Brésil, d’Iran, d’Afrique du Sud… Berlin était en perpétuelle effervescence, avec des manifestations régulières contre l’apartheid, contre l’installation des missiles américains en Allemagne, pour la paix. J’ai commencé à faire des films avant même d’aller à l’école de cinéma, des films politiques mais qui dès l’origine voulaient échapper au cinéma militant – où le verbe prime – pour arriver à un cinéma où l’on questionne la forme, la qualité artistique, pour mieux atteindre le public."

    Mais pas militant ?

    Raoul Peck a voulu s'éloigner du biopic conventionnel comme Hollywood sait si bien nous servir en privilégiant une approche critique proche du documentaire :

    "Si je fais un biopic classique, je reproduis ce qu’Hollywood sait très bien faire et qui consiste à maintenir le spectateur dans sa bulle d’un monde maitrisé, heureux, parfois confronté à un méchant mais que l’on parvient toujours à vaincre à la fin. J’oppose à cela une approche « marxiste » (et non dogmatique ! ) : quand on fait quelque chose qui est critique, on est obligé de critiquer les instruments dont on se sert et le processus lui-même.

    Je dois essayer d’atteindre ce public qui est habitué à une certaine vision du cinéma et à une vision de lui-même et de son histoire, en lui donnant suffisamment d’éléments pour qu’il me suive y compris là où il n’est jamais allé. C’est bien sûr un exercice complexe. Dans Le jeune Karl Marx, j’ai une approche presque documentaire afin de faire ressentir le moment où les choses se passent, ressentir les hommes et les femmes, sentir les odeurs, la réalité humaine. Donc, il faut s’éloigner du dogmatisme et du politique stricto sensu. Ce n’est pas du cinéma militant ! En revanche, je fais un cinéma de citoyen engagé."

    Travail de recherche

    Raoul Peck évoque le travail de recherche nécessaire à l'élaboration d'un scénario autour d'une grande figure célèbre comme Karl Marx :

    "Lorsque nous avons décidé d’écrire un scénario original nous avons choisi deux sources principales : les cours sur Marx de Raymond Aron au Collège de France, qui sont d’une extrême rigueur et d’une grande honnêteté intellectuelle, et les correspondances entre Marx et Engels et Marx et sa femme Jenny, entre les années 1843 jusqu’à 1849 (d’ailleurs je recommande notamment les « Lettres d’amour et de combat » de Jenny et Karl Marx éditées chez Rivages Poche).

    Il s’agit d’échanges de jeunes entre eux, qui sont un mélange de politique, de blagues, de ragots parfois, d’ironie, de théories et d’engagement politique. Ce ne sont pas des discours. On a affaire directement à des hommes et des femmes, qui parlent de problèmes d’argent, de l’éditeur qui ne paie pas un article… et l’on est au plus proche de la vraie vie. Le travail d’écriture doit permettre d’arriver à un film et non à un document didactique. Tous mes films sont basés sur la réalité, c’est à dire sur des recherches extrêmement fournies, précises et solides. La réalité est mon combustible. Dans “Marx”, c’était une obligation absolue de rester au plus près de la réalité de l’histoire, du “Zeitgeist” de l’époque, et même du langage. On ne fabrique pas du faux ! On utilise le vrai et on le met dans des situations cinématographiquement plausibles."

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