L’idée de La Ch’tite famille date du début des années 2010. Cette année-là Dany Boon avait dit à Line Renaud qu'ils allaient de nouveau travailler ensemble dans la même région. Chaque année depuis, la comédienne lui demandait : "Alors, c’est pour quand ?". Boon se rappelle avoir plusieurs fois reporté les choses tout en continuant à travailler sur différentes versions du scénario et en développant d’autres films entre temps comme RAID dingue qui est une comédie d'action. Il explique :
"J’ai eu envie pour le film d’après de revenir à quelque chose de plus familial, de plus intime et sans doute de plus personnel... J’ajoute que La Ch’tite famille est le deuxième film que j’écris avec Sarah Kaminsky qui est une auteure avec qui je m’entends merveilleusement. Nous nous complétons parfaitement. Notre ping-pong nous fait gagner du temps : nous passons des journées entières à écrire, du matin au soir sans nous en rendre compte. La première version du scénario était prête en deux mois, là où j’aurais mis six mois seul..."
Dany Boon a toujours toujours revendiqué ses racines et son identité Ch’ti, ce milieu provincial et modeste dans lequel il a grandi. Pour donner naissance à La Ch’tite famille, le cinéaste s'est posé la question suivante : "Et si, en arrivant à Paris, j’avais écouté les mauvais conseils de certains producteurs, qui me recommandaient d’oublier là d’où je venais et de gommer mon accent. Un peu comme si on avait dit à Raimu ou Fernandel de mettre de côté leurs racines méridionales ! Partant de là et ayant une formation de dessinateur en arts graphiques, j’ai imaginé les mésaventures d’un designer (mon personnage de Valentin) qui aurait honte de son milieu d’origine et s’inventerait une autre destinée, jusqu’au jour où ses mensonges finiraient par le rattraper... Et puis en 2016, on a ajouté un autre élément : le fait qu’un autre mensonge se greffe à cette base, celui du frère qui a besoin d’argent pour sauver sa ferme bio et monte à Paris retrouver Valentin en prétendant organiser un anniversaire surprise pour leur mère..."
Dany Boon a voulu que le loft de Constance et Valentin soit somptueux, étant donné qu’ils sont décorateurs designers. Il a pour ce travaillé en étroite collaboration avec son chef décorateur Hervé Gallet. Le metteur en scène développe : "Si vous regardez les sols par exemple, vous verrez qu’il s’agit de plaques métalliques dans lesquelles se reflète la lumière. Cela donne une force, une puissance à cet endroit et aussi une certaine beauté froide qui renforce l’impression générale de paraître... Je trouve très joli le contraste entre ce loft parisien et le mobile-home du Nord. Mais là, nous n’avons rien imaginé de misérabiliste, notamment sur les costumes. Nous voulions éviter le côté Deschiens... Pierre Richard est par exemple un très beau patron de casse automobile ! Comme un vieux lion arborant une belle gueule incroyable..."
Valérie Bonneton a déjà par le passé travaillé avec Dany Boon sur Eyjafjallajökull où il étaient en tête d'affiche ainsi que sur Supercondriaque dans lequel elle avait un petit rôle. Le réalisateur retrouve aussi Laurence Arné qui avait joué dans Radin ! mais aussi Line Renaud qui était dans La Maison du bonheur et qui campait déjà la mère de Boon dans Bienvenue chez les Ch'tis. Enfin, Guy Lecluyse tourne pour la quatrième fois avec le Boon réalisateur après Bienvenue chez les Ch'tis, Rien à déclarer et Supercondriaque.
Lorsque Laurence Arné a lu le scénario du film et pris connaissance du personnage de Constance, elle l'a vu comme une jeune femme assez parisienne dans l’esprit, surtout au début de l'intrigue. C'est pour cette raison qu'elle a voulu approfondir le rôle, pour que l’histoire devienne une véritable déclaration d’amour de Constance à Valentin. La comédienne confie :
"Le fait que lui soit victime d’un accident, en sorte transformé et qu’elle s’accroche tout de même à leur couple rendait le personnage plus intéressant. Je trouve très belle cette idée qu’ils redécouvrent leur amour à travers cette épreuve. Quand le film commence, Constance est plutôt centrée sur elle-même, sur la réussite professionnelle de l’entreprise qu’elle dirige avec Valentin. On peut avoir l’impression qu’ils sont ensemble par intérêt mais peu à peu, on découvre qu’il y a vraiment de l’amour entre eux, sauf qu’ils vont devoir se retrousser les manches pour rester connectés !"
La Ch’tite famille est la sixième réalisation de Dany Boon et il sort seulement un an après son cinquième, RAID dingue. Le metteur en scène explique qu'il n'y avait aucune urgence mais au contraire qu'il avait envie de faire cette nouvelle comédie à ce moment-là.
Guy Lecluyse incarne Gustave, le frère de Valentin et le mari de Valérie Bonneton. Il s'agit d'un personnage irrésistible qui a quand même un gros problème d'alcool et qui a peur de perdre la femme qu'il aime. Le comédien précise à son sujet : "Il est tiraillé entre son frère qu’il a perdu de vue et dont il apprend qu’il est aussi un ex de sa femme et sa situation de chef de famille, confronté à de vraies difficultés professionnelles et financières. Gus est un personnage qui fait face à la fatalité et qui parvient à la détourner en mécanique comique... La Ch’tite famille est un de ces films où l’on peut facilement avoir la larme à l’oeil, parce qu’il est touchant. Alors Dany est très pudique donc quand il vous fait pleurer d’émotion, juste derrière, il s’arrange pour vous faire chialer de rire ! Et Gus est à l’image de ces larmes qui couleraient sur les joues du spectateur : une tendue par le rire, l’autre par l’émotion..."
François Berléand joue le personnage du beau-père qui est considéré comme le "méchant" de l'histoire. Le comédien habitué à ce genre de rôle précise néanmoins qu'il serait réducteur de l'associer uniquement à cette fonction de "bad guy". Berléand explique : "A chaque fois que je joue un « méchant », je m’attache à n’en voir que les qualités ! Or les qualités de cet homme, c’est d’abord qu’il a placé de l’argent dans la société montée par sa fille Constance et son mari Valentin et qu’à un moment, il attend un retour sur investissement, ce qui est bien normal. Ensuite, quand les choses virent à la catastrophe, il envisage tout pour sauver la boîte sur laquelle il a misé et à partir de là, ça vire carrément à la catastrophe puisqu’il renverse son gendre, le rend amnésique et fait ressurgir en plus son terrible accent Ch’ti ! Mais au départ, ce beau-père n’est pas un méchant : il le devient au fur et à mesure des événements…"
Dany Boon voit La Ch’tite famille comme son film le plus personnel à ce jour. Le metteur en scène explique : "Je me revois parler à ma mère comme Valentin le fait avec Line ! Je vois mon père dans le personnage joué par Pierre Richard... D’ailleurs, dans la scène où je m’explique enfin avec lui après toutes ces années, j’ai fini en larmes, à tel point que je n’ai pas gardé cette prise car elle n’était pas montable ! L’émotion était trop forte... Je me rends compte que ce thème des racines familiales parle à beaucoup de gens et ce, quel que soit le milieu social d’origine. Nos parents nous considèrent toujours comme des enfants et nous vis-à-vis d’eux avons toujours ce côté « S’il te plait dépose-moi à l’école mais deux rues plus loin, pas devant ! »."
Dans le film, le personnage de Laurence Arné se plie à l'apprentissage du ch'ti. La comédienne a donc dû elle aussi se familiariser avec ce dialecte. Pour ce, elle a d’abord regardé pas mal de vidéos chez elle en écoutant bien la prononciation. Arné a ensuite revu Bienvenue chez les Ch'tis pour peaufiner l’accent... L'actrice se rappelle :
"Et puis ce qui était formidable, c’est que la doublure de Dany est originaire du Nord et maîtrise la langue à la perfection ! Comme il était en permanence sur le plateau, dès que j’avais une petite pause, j’anticipais sur mes scènes à venir et il me faisait répéter... Guy Lecluyse m’a aussi pas mal aidée ainsi que Dany. Il m’est même arrivé de les enregistrer pour ensuite les réécouter le soir chez moi... Alors ce n’était pas très grave si ma prononciation était imparfaite puisque Constance ne parle pas parfaitement le Ch’ti mais j’aimais bien l’idée qu’elle progresse au fil du film et il fallait que je le fasse aussi."