Queen Of Earth : les secrets du tournage

Alex Ross Perry s'est attelé à la préparation de Queen of Earth tout de suite après avoir terminé le tournage de Listen Up Philip. C'est en discutant avec le cinéaste indépendant américain Joe Swanberg, réalisateur notamment de Happy Christmas, qu'est née l'idée de Queen of Earth comme l'explique Alex Ross Perry : "Joe m'a demandé si j'avais une idée de film qui pourrait être tourné dans ces conditions, c'est-à-dire en deux semaines et pour l'essentiel dans un lieu. En discutant, m'est revenu à l'esprit ce petit film que j'avais envie de faire autour de questions que je me posais sur l'intimité et la méfiance envers les autres."

Queen of Earth est l'occasion pour Alex Ross Perry de diriger à nouveau Elizabeth Moss qui tenait déjà un rôle dans Listen Up Philip. Outre le rôle principal qu'elle occupe, l'actrice est également l'une des productrices du film après que le réalisateur lui ai envoyé le scénario du film en lui demandant si elle était intéressée pour le produire. La comédienne n'a pas hésité et a dit oui tout de suite.

Tourné en deux semaines, Queen of Earth présente une intrigue se déroulant presque exclusivement dans un seul et même endroit, à savoir une maison de campagne au bord d'un lac. Alex Ross Perry a embarqué son équipe dans le Nord de l'Etat de New York, à environ trois heures de la ville. Le but était de trouver un endroit qui n'attirerait pas le regard des gens. Le fait que la maison en question dispose d'un lac privé et d'un chemin privé a renforcé l'adhésion du réalisateur pour ce décor particulier.

Jusqu'à présent, les films d'Alex Ross Perry étaient davantage inspirés par des références littéraires et des auteurs comme Thomas Pynchon ou Philip Roth. Queen of Earth est le premier de ses films où il s'est davantage servi de références cinématographiques. Parmi les films qui l'ont inspiré, il y a notamment ceux de Rainer Werner Fassbinder comme Les Larmes Amères de Petra Van Kant ou Martha ainsi que le drame Intérieurs de Woody Allen.

Alex Ross Perry a l'habitude de travailler avec des collaborateurs qu'il retrouve d'un film à l'autre et Queen of Earth ne déroge pas à la règle puisque l'on y retrouve le chef-opérateur Sean Price Williams, le monteur Robert Greene, le compositeur Keegan DeWitt et bien sûr, la comédienne Elizabeth Moss. Le réalisateur explique ce choix : "Toutes ces collaborations répétées m'installent dans une zone de confort où je peux lancer des indications aux uns et aux autres sans me soucier de savoir s'ils en sont capables, et ensuite me réjouir quand ils disent : "Excellente idée ! C'est complètement différent de ce qu'on a fait jusqu'à présent. Amusons-nous !" Voilà pour moi le vrai avantage qu'il y a à travailler avec les mêmes personnes."

Le fait que le film ait été tourné en seulement deux semaines et quasiment dans un seul et même endroit ne constitue pas la seule spécificité du tournage de Queen of Earth qui a également été tourné dans l'ordre chronologique. Un choix qui s'est avéré bénéfique, notamment pour Elizabeth Moss qui a pu idéalement tourner les scènes où son personnage commence à tomber en dépression au bout de plusieurs jours de tournage. Pour l'actrice, cela aurait été plus compliqué de jouer ces scènes en début de tournage. Avec le tournage dans l'ordre chronologique voulu par Alex Ross Perry, la comédienne a pu se servir de son vécu de début de tournage et notamment le fait qu'il tournait presque en huis clos afin d'accentuer l'état de son personnage, qui sombre peu à peu dans la démence.

Alex Ross Perry a eu recours au procédé stylistique du flashback. Un choix qui n'est en rien laissé au hasard : "Les flashbacks, ça répond au même type de questionnement que j'avais eu sur Listen Up Philip, et qui avait abouti à l'emploi d'un narrateur : mon désir de trouver une manière d'informer les spectateurs sur la préhistoire de la relation qu'on voit à l'écran. Ca m'intéressait de montrer cela, de donner un aperçu visuel de ce séjour d'il y a un an. C'était une manière plaisante d'évoquer le passé de ces femmes et d'expliquer ce que cet environnement particulier représentait pour elles. C'est une façon de faire ressentir ce qui s'est passé dans ce lieu", explique-t-il.