Cette réplique la plus célèbre de La Guerre des boutons d'Yves Robert, est prononcée par Petit Gibus, un des personnages les plus attachants de Bébert et l'omnibus. Martin Lartigue a conservé ce nom qui avait fait sa célébrité et retrouve Yves Robert trois ans plus tard pour devenir, cette fois, le personnage principal du film. Le jeune Bébert est un enfant malicieux et plein de joie que joue Martin Lartigue qui deviendra par la suite un peintre et sculpteur de grand talent.
Bébert est un personnage qui se distingue d'abord par l'usage bien singulier qu'il a de la langue française. Le film multiplie les bons mots de l'enfant, qui peut débiter des grossièretés avec un visage d'ange. Lors de la scène de dispute avec le chef de gare, les deux personnages rivalisent d'inventivité pour gagner ce qui devient un véritable ping-pong verbal. Cet échange tend à montrer l'inventivité langagière du gamin, qui ne se limite pas aux insultes.
Bébert a aussi une tendance à s'embrouiller dans les expressions et les phrases, ce qui donne naissance à une langue assez savoureuse, faite de néologismes et de malentendus. On se souviendra de ses explications savantes à son copain le chien qui parle : on ne dit pas : « une fracture du pignouf, on dit une craquure du pignouf. Eh ben moi un jour, on m'a opéré de l'usufruit. J'ai pas d'usufruit... ». Cette inventivité inscrit bien le personnage dans toute une tradition littéraire et cinématographique, de La Guerre des boutons à Zazie dans le métro.
Bébert renvoie les adultes à leur propre enfance, leur prouvant qu'ils ont parfois oublié ce que cela signifie d’être un enfant. Mais, bien plus que de la nostalgie, c'est du comique que produit ce renversement des rôles : les adultes sont montrés comme impuissants face aux caprices de cet enfant têtu, incapables d'appliquer leur autorité. Ils se trouvent au contraire réduits à devoir jouer les grands enfants, ce qui engendre des situations plutôt cocasses !