Après l'incroyable "Santiago 73, post mortem" sorti en 2010 (et sous-estimé à tort), retraçant le coup d'État (1973) du général Pinochet au Chili (le tout dans une ambiance surréaliste, oppressante, glauque et kafkaïenne), Pablo Larraín nous propose cette fois-ci un long-métrage basé sur une histoire réelle (elle aussi), mais dans un tout autre contexte. En effet, "El Club" relate la cohabitation de quatre prêtres "catholiques" (dans une demeure isolée située en bord de mer), dont les antécédents sont sulfureux et embarrassants. Or, l'arrivée d'un cinquième pensionnaire (ancien pédophile) va totalement bouleverser l'équilibre précaire que les personnages principaux (fourbes et malicieux) étaient parvenus à trouver, car ils sont absolument tout, sauf des enfants de chœur. "El Club", à défaut d'être un film d'anthologie, est passionnant, car il a la faculté d'analyser les rapports humains dans une sorte de "rédemption" totalement hypocrite ; ici, ne cherchez pas l'action, vous n'en aurez pas, et ce n'est pas l'objectif de cette œuvre (récompensée par le Grand prix du jury au 65ème Festival international du film de Berlin). Décidément, Pablo Larraín est un réalisateur unique et atypique (qui fait honneur au septième art sud-américain), maîtrisant parfaitement le registre de la dramaturgie, et ce n'est pas fait pour nous déplaire, dans la mesure où "El Club" est une production plus subtile et méticuleuse qu'elle n'en a l'air, un excellent moment de cinéma à voir en version originale, c'est-à-dire en langue espagnole.