Dans les forêts de Sibérie est une adaptation du récit de l'aventurier Sylvain Tesson du même nom, paru en 2011 chez Gallimard (Prix Médicis Essai 2011). Il y raconte les quelques mois pendant lesquels il a choisi de vivre en ermite, dans une cabane isolée du reste du monde, en Sibérie.
La première chose que Sylvain Tesson a dit à Safy Nebbou au sujet de cette adaptation est que si le film se centre trop sur le livre, qui ne parle "que" des expériences d’un homme seul dans une cabane, il risque d'ennuyer le spectateur. C'est dans cette optique que le metteur en scène a eu l'idée, après avoir discuté avec l'écrivain, d’intégrer à l’histoire un fugitif russe (Evgueni Sidikhin) se cachant dans ces grands espaces avec lequel Teddy (Raphaël Personnaz) devient ami.
Pour trouver le personne qui pourrait incarner ce personnage, Safy Nebbou a rencontré énormément d'acteurs russes. Le réalisateur poursuit : "Et puis ce type costaud est arrivé. Il est très connu en Russie pour avoir joué les méchants dans beaucoup de séries télévisées. Son silence me mettait mal à l’aise mais ses yeux m’attendrissaient. Il a à la fois un côté enfantin et un côté très animal. Comme une évidence, j’ai senti immédiatement que c’était lui et j’ai découvert, par la suite, un acteur très puissant."
Même si ce thème n'y est pas frontal, Dans les forêts de Sibérie parle d’écologie puisque le personnage de Teddy vit au rythme de la nature. Safy Nebbou a voulu traiter cette thématique avec simplicité et sans faire de psychologie morale, pour que ce soit le spectateur qui se fasse sa propre idée sur la question.
Safy Nebbou et son équipe de tournage avaient pour références, bien plus que le célèbre film de Sean Penn Into the wild, Dersu Ouzala (1975) d'Akira Kurosawa qui est un long métrage écologique.
Certains personnages du roman que Sylvain Tesson avait rencontrés pendant immersion ont joué un rôle dans le film, ce qui a fait plaisir à l'écrivain. Lorsque Safy Nebbou en était à la phase de casting, il a voulu se diriger vers ces acteurs amateurs pour renforcer l'authenticité du film. Le cinéaste nous en dit plus sur ce choix :
"De manière générale, les acteurs amateurs sont très à l’aise devant la caméra parce qu’ils n’ont aucun autre enjeu que de s’amuser. Ils jouent les scènes innocemment, comme le feraient des enfants. Souvent je disais à Raphaël de ne rien faire d’autre que de les regarder comme le ferait le spectateur qui découvre des figures qu’il n’a jamais vues à côté de chez lui. Quand celui qui vous raconte une histoire a le visage buriné et quelques phalanges en moins, on n’a qu’à l’observer."
Lorsque Safy Nebbou et son équipe organisaient des projections de rushes aux habitants du village où ils ont tourné, devant un écran de télévision avec un verre de vodka, ils applaudissaient leur lac qu’ils trouvaient magnifique filmé d'un drone.
"Je trouve intéressant dans cette histoire qu’il n’y ait pas d’échelle de valeur entre la vie urbaine et la vie dans les bois. Elle se contente de montrer ce que l’homme, déconnecté de ses proches, de son univers ou de la technologie, est capable de faire avec ses dix doigts. En cela le film montre notre faculté à nous réadapter très vite au monde qui nous entoure en retrouvant nos réflexes et notre condition animale."