L'une des raisons ayant poussé Benoît Graffin à réaliser Encore heureux provient de cette idée selon laquelle une famille peut être un espace de folie à l'opposé de la norme. Pour la tonalité du film, le metteur en scène avait en tête des modèles comme After Hours de Martin Scorsese où beaucoup de choses se passent en relativement peu de temps sur le mode de la comédie.
Ce n'est pas la première fois qu'Edouard Baer et Sandrine Kiberlain tournent ensemble. Ils se sont donné la réplique en 1999 dans Rien sur Robert de Pascal Bonitzer et Claude Miller les a réunis en 2001 dans son long-métrage Betty Fisher et autres histoires. Encore heureux marque donc la troisième collaboration entre les deux acteurs.
Bien qu'il s'agisse d'une comédie qui n'est pas politique, Encore heureux traite, via le personnage d'Edouard Baer, de la thématique grave et très actuelle du chômage et ses conséquences : "C’est une situation qui peut arriver à tout le monde. Que faire quand on a tout perdu ? N’a-t-on pas le droit de voler une pomme ? Quand Sam, Marie et les enfants décident de voler à sa mort une vieille voisine très riche mais pas du tout sympathique et sans héritiers, on est avec eux ! Pourquoi n’y auraient-ils pas droit ? Ça ne fait de mal à personne, il n’y a pas de victime : cet argent ira dans les poches de l’Etat... Fondamentalement il y a quelque chose de légitime dans le vol ! Et de fou dans la propriété !"
Sandrine Kiberlain définit son personnage de Marie comme quelqu’un de libre et de spontané, ce qui ne l’empêche pas d’être très maternelle, courageuse et forte. Il s'agit d'une femme moderne qui continue malgré tout d'aimer son mari et affichant une volonté certaine d'aller au bout de leur histoire.
Edouard Baer insiste sur le fait que son personnage n'est pas seulement quelqu'un de dépressif mais a aussi des réserves d’énergie, de bonne humeur et de fantaisie. Il ajoute : "Sam est aussi un personnage qui peut agacer au départ : quelqu’un qui ne peut ou ne veut pas voir la réalité en face. En quoi vous touche-t-il ? Même s’il est cassé à l’intérieur, même si les choses sont mal engagées avec sa femme, lui continue par amour à faire comme si... Sam est soutenu uniquement par la force de ses sentiments et en cela il est très émouvant. Il n’y a plus de vernis social, plus de travail, plus d’argent mais les sentiments qui lient cette famille restent les plus forts et vont les faire rebondir."
De par ses personnages transgressant la loi pour s'en sortir, Encore heureux se rapproche de certaines comédies italiennes des années 60/70 comme L'Argent de la vieille de Luigi Comencini, où une Américaine très riche se plaît à défier les pauvres gens au cours de parties de cartes où elle est sûre de remporter la mise... D'où cette réplique du film de Benoît Graffin : "L’honnêteté c’est un concept inventé par les riches pour emmerder les pauvres". Le but était de faire en sorte que le spectateur ne juge pas les personnages mais les accompagne dans une cavale qui reste une comédie.