Je crois que j'aime tous les films d'Honoré que j'ai pu voir et celui-ci ne déroge pas à la règle, c'est peut-être même l'un des meilleurs et aussi, avant tout, un beau film sur l'enfance.
Parce que j'ai une marotte, "le jeu", voir des enfants jouer au cinéma, mais vraiment jouer, jamais on ne voit ça outre Atlantique (sauf dans Max et les Maximonstres), on peut les voir faire vite fait un truc, mais c'est toujours avec un message derrière ou pour faire avancer l'intrigue, ou alors c'est tellement court et inintéressant que c'est juste chiant. En France on arrive bien mieux à capter ce que c'est que le jeu, que l'enfance (et on n'est pas les seuls), on va plus facilement oser chercher un acteur amateur et pas un acteur qui tourne dans des pub colgate avec une dentition et une élocution parfaite... Et tant mieux parce qu'un enfant c'est spontané, c'est vif... C'est exactement ce que sont les gamins de ce film : spontanés, vifs, drôles, tristes, touchants, malicieux, désobéissants, farceurs, etc.
On aura beau dire, on aura beau faire, ça fait un film. Et ça fait même un très bon film. Parce que je suis désolé, mais chaque scène, à part une scène de merde qui était déjà dans la bande annonce avec Muriel Robin (mais je reviendrai sur son cas) où elle tombe de sa chaise... pas le truc le plus fou du monde niveau humour donc... tout le reste fonctionne à merveille et c'est un véritable régal à voir. Chaque scène offre son lot d'humour, de drôlerie, de tendresse, mais aussi de mélancolie, ou de tristesse, parce que forcément Sophie se fait gronder, elle se fait mal, ou elle fait quelque chose de mal... Et tout cela se mélange avec une grande inventivité, que ça soit les personnes qui s'occupent de Sohie qui s'adressent directement à la caméra, les animaux en dessin-animé et qui ont étrange plus de vie que ceux du livre de la jungle qui eux sont tout en numérique... On ne va pas se mentir, cet écureuil, on a pitié pour lui, comme on a pitié pour ces hérissons (et ces poissons aussi, mais eux ça doit être des vrais) et en même temps ça s'inscrit totalement dans le cadre d'un film sur l'enfance où finalement un animal n'est rien de plus qu'un bon gros jouet.
Les dialogues, je ne sais pas si c'est écrit ou si au contraire c'est de l'impro pour les gamins, mais c'est tellement juste, c'est exactement les phrases de gamins de 4 à 7 ans, avec les mimiques, les réactions qui vont avec. Je me crois vraiment dans la cour de l'école...
Les autres acteurs ne sont pas en reste, surtout Anaïs Demoustier, parce qu'on ne va pas se mentir, mais c'est une actrice géniale, lorsqu'on la voit on sent qu'elle transpire la bonté, qui de mieux pour jouer la douce et bienveillante Mme de Fleurville ? Golshifteh Farahani est juste magnifique en mère débordée par sa fille, mais qui l'aime quand même énormément et qui nous offre cette scène sublime où Paul retrouve Sophie qui avait fuguée et où Sophie dit un truc du genre : "Ma mère ne m'aime plus" ce à quoi Paul répond "Moi mes parents ne m'ont jamais aimé", cut, et l'on voit la mère en pleurs accourir vers sa fille...
Concernant Muriel Robin, j'avais de gros doutes, c'est quand même l'actrice qui sur l'affiche de son spectacle avait marqué "Tsoin tsoin", comme si ça pouvait faire rire quelqu'un... Alors oui elle est détestable, mais c'est son personnage et à part la scène que j'ai décrite plus haut où elle tombe de son fauteuil, mais c'était dans le scénario, elle n'en fait jamais trop et ça reste le personnage qui est détestable, pas l'actrice. D'ailleurs son personnage offre de vrais moments de gène absolue tant elle est violente et mauvaise tout en désirant en jeter plein la vue et donner des leçons.
La musique est encore une fois au centre du film et absolument géniale, surtout lorsque les gamins chantent avec leurs dents en moins et leur petites voix... ça t'égaille un film.
Et pour toutes ces raisons les malheurs de Sophie est un film absolument réjouissant, un régal continu de beauté, de tendresse tout en pouvant être assez dur par moments avec la belle-mère.
Le seul vrai défaut est un défaut assez inéluctable, c'est que les mois passent et que les enfants ne grandissent pas... mais bon...